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Alors qu'ils veulent s'installer ensemble au Cap-Breton...
Un Canadien, qui tente de faire venir son conjoint d’Iran au Cap-Breton, se sent complètement abandonné par son propre gouvernement.
S'adressant à CTV National News depuis un appartement à Bangkok, en Thaïlande, John Charles MacNeil, originaire du Cap-Breton, a les larmes aux yeux.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
«Cela fait cinq ans que ça dure, et tout ce que je veux, c'est pouvoir m'installer chez moi avec mon mari et fonder une famille.»
Depuis 2019, MacNeil et son conjoint de fait, dont l’identité est protégée par CTV News, enchaînent les séjours à l’étranger à l’aide de visas temporaires, après plusieurs tentatives infructueuses pour obtenir un visa leur permettant de vivre ensemble au Canada.
Le Canadien, engagé dans une relation avec un autre homme, se retrouve aujourd’hui confronté à l’expiration du visa de son partenaire à Bangkok. Ce dernier pourrait être forcé de retourner en Iran, où il risque d’être persécuté en raison de son orientation sexuelle.
«Sa vie est en danger», a confié l'avocate du couple spécialisée en droit de l'immigration, Me Lana Roberts. «Il y a un risque réel que les autorités iraniennes saisissent son téléphone et son ordinateur portable. Et s'il y a quoi que ce soit qui révèle qu'il est dans une relation homosexuelle, il pourrait être en danger.»
Me Roberts soutient à CTV News que ses collègues spécialistes du droit de l'immigration à travers le Canada font état d'une tendance inquiétante: des demandes de visa qui semblent cocher toutes les cases, mais qui sont néanmoins refusées par les fonctionnaires du gouvernement canadien.
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John Charles MacNeil et son conjoint se sont rencontrés sur une application de rencontre en ligne en décembre 2017. Le futur partenaire de vie du Canadien vivait en Iran et commençait tout juste ses deux années de service militaire obligatoire. Pendant les 24 mois qui ont suivi, ils n'ont eu que des contacts virtuels jusqu'à ce qu'ils se rendent tous les deux à Istanbul en 2019.
«L'ascenseur s'est ouvert et les premiers mots qu'il m'a dits ont été: "Oh mon Dieu, tu es réel"», a raconté M. MacNeil.
À partir de là, ce fut le coup de foudre, a-t-il souligné. Le couple s'est fiancé et a vécu ensemble pendant plusieurs années à Istanbul, et vit maintenant à Bangkok. Le visa permettant au mari de M. MacNeil de rester en Thaïlande expire le 8 avril.
La possibilité d'être séparés, peut-être pour toujours, pèse sur le couple.
«Tout ce que je veux au monde, c'est qu'on s'installe au Cap-Breton et que nos enfants aillent à la même école primaire que moi», a soutenu John Charles MacNeil.
En vertu de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés du Canada, le couple a présenté deux demandes de visa, l'une en mai et une autre en juillet 2022. Les deux demandes ont été rejetées pour «non-respect des exigences» de la loi, selon les autorités.
En mai 2023, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a lancé un programme de réunification familiale qui visait à aider les conjoints étrangers à obtenir un visa canadien en attendant que leur résidence permanente soit approuvée.
Dans le cadre du programme de réunification, le couple a déposé une nouvelle demande de visa auprès de l'IRCC pour venir au Canada en 2024.
«Nous ne soumettrions jamais une demande que nous pensons susceptible d'être refusée. Nous étions très attachés aux mesures de réunification familiale qui, apparemment, ont été créées pour un couple comme celui-ci», a expliqué leur parajuriste, Chloe Talarico, à CTV News.
La demande de visa dans le cadre du programme gouvernemental a de nouveau été refusée. Me Lana Roberts estime que le couple est injustement pénalisé par une politique gouvernementale qui vise à les réunir.
«La raison pour laquelle ils ont créé ce programme était pour les personnes dans ce scénario précis», a expliqué l'avocate ajoutant que le programme a été conçu «pour permettre aux personnes qui parrainent leur conjoint de faire attendre leur conjoint avec eux au Canada en attendant que leurs papiers de résidence permanente arrivent».
Le couple devra quitter la Thaïlande dans quelques jours. Ils sont là depuis des mois, attendant un entretien avec des fonctionnaires de l'IRCC à l'ambassade du Canada à Bangkok.
Dans un courriel, Immigration Canada a déclaré à CTV News que les fonctionnaires à Bangkok examinaient l'admissibilité du couple et les inviterait à un entretien si nécessaire.
CTV News a insisté auprès d'IRCC et a demandé s'il y avait quelque chose qu'ils pouvaient faire pour accélérer le traitement du dossier du couple à l'ambassade du Canada. L'IRCC s'est contenté de répéter qu'ils étaient en train d'examiner leur dossier.
En février, le député du Cap-Breton Mike Kelloway a même écrit à Marc Miller, qui occupait la fonction de ministre de l'Immigration, pour se porter garant du couple, soulignant que «le couple vit dans l'incertitude et dans la crainte constante d'être séparé depuis de nombreuses années, et la situation devient chaque jour plus désespérée alors qu'ils attendent une décision».
Leur visa en Thaïlande arrivant à expiration, le temps presse. M. MacNeil et son conjoint n'ont plus qu'à implorer le gouvernement canadien d'agir, au nom de l'amour.
«Je n'ai jamais vraiment pensé que j'aurais une vie normale ou que je trouverais quelqu'un qui me ferait ressentir ce que mon mari ressent, et tout ce que je veux au monde, c'est m'installer au Cap-Breton, ensemble», a confié le Canadien.