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«La frontière est mal gérée. On pense que c'est une question d'imputabilité, pour beaucoup.»
Le chef bloquiste Yves-François Blanchet s'est rendu jeudi au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle, en Montérégie, pour réclamer la création d'un ministère des Frontières, ce qui, selon lui, permettrait une meilleure reddition de comptes.
«La frontière est mal gérée. On pense que c'est une question d'imputabilité, pour beaucoup», a-t-il dit.« Alors on propose qu'il y ait un ministre des Frontières qui soit nommé, quelqu'un qui va devoir répondre au Parlement sur les enjeux frontaliers.»
Selon M. Blanchet, le gouvernement se sert de l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) comme d'un «paravent» en soutenant qu'il s'agit d'une entité indépendante.
«(C'est) une manière de cacher leurs échecs, notamment en matière de gestion des frontières», croit le chef bloquiste.
Le Bloc québécois va, durant cette campagne électorale, plus loin dans ses demandes, puisqu'auparavant, la formation politique demandait une mise sous tutelle de l'ASFC.
Selon la formule actuelle, la supervision des activités de l'ASFC fait partie des responsabilités du ministre de la Sécurité publique. Ce dernier peut donc être questionné en Chambre sur l'arrivée irrégulière de migrants, en plus du ministre de l'Immigration.
Or, selon M. Blanchet, cela n'assure pas une reddition des comptes. «Il y en a plusieurs des ministres dont les seules réponses au Parlement sont de dire ‘’Ah, mais non, c'est une agence, ils sont indépendants. Nous autres, on ne s'en mêlera pas!’’ (...) plutôt que d'assumer la responsabilité», a-t-il soutenu.
Le chef bloquiste est d'avis qu'avec un ministre des Frontières, les choses seraient bien différentes. «Tu te lèves, tu réponds aux questions des parlementaires, puis si ça a été mal fait, c'est toi personnellement qui es responsable de ne pas avoir fait ta ''job'' comme du monde.»
Pour le chef libéral et premier ministre sortant, Mark Carney, «ce n'est pas nécessaire» de créer un nouveau ministère.
«Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. (...) Il faut renforcer l'agence (chargée) de la sécurité aux frontières et la GRC. Et nous, nous allons le faire si nous sommes élus», a-t-il dit au cours d'un point de presse à Brampton, en Ontario.
M. Blanchet a par ailleurs souligné que le Bloc souhaite aussi une augmentation du personnel dépêché à la frontière canado-américaine, tant sur le plan de l'ASFC que de la Gendarmerie royale du Canada (GRC).
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Justement, M. Carney a promis, jeudi, d'ajouter 1000 agents de la GRC et 1000 autres de l'ASFC s'il remporte l'élection du 28 avril. Ce personnel ne serait pas exclusivement mandaté de juguler l'arrivée de migrants, mais aussi de contrer le trafic d'armes et de fentanyl, entre autres.
Les données de l'agence indiquent que le nombre de demandes d'asile au point d'entrée de Saint-Bernard-de-Lacolle a augmenté depuis le début de l'année, avec 1356 demandes en mars et 557 en date de samedi pour le mois d'avril.
Cette hausse survient alors que le statut temporaire de centaines de milliers de migrants aux États-Unis arrive à expiration au cours des prochaines semaines et des prochains mois.
Le ministère américain de la Sécurité intérieure a annoncé le mois dernier la révocation du statut temporaire de 532 000 personnes originaires de Cuba, d'Haïti, du Nicaragua et du Venezuela arrivées par avion à leurs frais grâce à un parrainage financier. Ce statut prend fin le 24 avril.
L'administration américaine de Donald Trump a également annoncé la fin du statut de protection temporaire pour 600 000 Vénézuéliens et environ 500 000 Haïtiens, mais un juge fédéral a temporairement suspendu cette mesure.
Le Bloc québécois réclame que l'Entente sur les tiers pays sûrs (ETPS) soit modifiée.
En vertu de cet accord qui lie le Canada et les États-Unis, un potentiel réfugié doit faire sa demande d'asile dans le premier «pays sûr» où il met les pieds. Ainsi, un migrant qui arrive au Canada depuis les États-Unis et qui demande ensuite le statut de réfugié doit être refoulé, selon ce que prévoit l'entente.
Or, le Bloc en a contre le fait que l'ETPS prévoit que les migrants soient renvoyés aux États-Unis seulement s'ils font leur demande d'asile au pays «moins de 14 jours après (leur) entrée au Canada».
Cette règle, que les bloquistes voudraient voir disparaître, équivaut selon M. Blanchet à un «mode d'emploi pour l'illégalité», plus précisément à son «chapitre un».
«Vous avez juste à sortir du trou après deux semaines, puis il y a des passeurs qui vendent des forfaits ''deux semaines au Canada pour avoir le droit de demander l'asile''. On est vraiment dans un épisode des ''Simpsons''», a lancé le chef bloquiste.
L'ETPS a déjà été modernisée en 2023 afin de mettre fin à une brèche qui avait rendu le chemin Roxham célèbre. Cet endroit situé non loin du poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle était un chemin de fortune emprunté par une foule de migrants pour entrer au Canada en contournant l'ETPS, qui, à l'époque, ne s'appliquait qu'aux points d'entrée officiels.
- Avec des informations de l'Associated Press