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Les États-Unis sont le principal débouché des producteurs de vin français.
Les producteurs de vin français craignent que les droits de douane de 20 % imposés par le président américain Donald Trump ne portent un coup dur à leur secteur, dont les États-Unis sont le principal débouché.
Le président français Emmanuel Macron a mis en garde jeudi contre un impact important, lors de sa rencontre avec les représentants des industries les plus touchées, notamment celle du vin et des spiritueux.
Vincent Dampt, propriétaire d'un domaine viticole à Chablis, en Bourgogne, a qualifié ces droits de douane de «mauvaise nouvelle».
«Mais cela pourrait être pire, a ajouté M. Dampt. J'étais très inquiet à l'idée d'une éventuelle hausse de droits de douane de 200 %.»
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Le président Trump avait menacé le mois dernier d'imposer des droits de douane de 200 % sur les vins, le champagne et les spiritueux européens si l'Union européenne (UE) mettait en œuvre son projet de droits de douane sur le whisky américain.
M. Dampt a laissé entendre qu'il préférait une solution négociée entre l'UE et les États-Unis, affirmant qu'une guerre commerciale ouverte serait néfaste pour les affaires.
«Nous ne sommes pas à l'école, a-t-il affirmé. Si vous répondez trop vite avec la même violence, ce n'est pas constructif.»
Vigneron de troisième génération, M. Dampt exporte environ 30 % de sa production aux États-Unis, soit environ 25 000 bouteilles. Une baisse des ventes dans ce pays aurait de graves conséquences pour son entreprise.
Le vin blanc de Chablis a également été la cible de droits de douane sous la première administration Trump, au plus fort du conflit entre les géants de l'aviation Boeing et Airbus.
Pour M. Dampt, il n'y a qu'un seul moyen de riposter et de maintenir sa présence aux États-Unis : baisser ses prix et réduire ses profits. Il a toutefois déclaré que «ce n'est pas chose facile», surtout maintenant qu'il a déjà perdu environ 50 % de sa récolte l'année dernière, principalement à cause de tempête de grêles et de gelées meurtrières.
Le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne a déclaré dans un communiqué s'attendre à ce que la filière soit «impactée fortement», les États-Unis étant le premier marché d'exportation des vins de Bourgogne.
«En effet, si cette nouvelle mesure affectera nos exportations, l’impact pour les vins de Bourgogne pouvant avoisiner 100 millions d’euros, elle ne provoquera pas un coup d’arrêt brutal comme cela aurait été le cas avec des taxes supérieures», a écrit l'association professionnelle dans le document.
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L'année dernière, les États-Unis sont restés le premier marché d'exportation pour les vins produits dans l'UE, avec 4,88 milliards d'euros (7,66 milliards $ CA), a déclaré le Comité Européen des Entreprises Vins (CEEV) dans un communiqué. Les exportations vers les États-Unis ont représenté 28 % de la valeur totale des exportations de vin de l'UE, a-t-il précisé.
Les nouveaux droits de douane créeraient «une incertitude économique et entraîneraient des licenciements, des reports d'investissements et des hausses de prix», a affirmé Marzia Varvaglione, présidente du CEEV. «Il n'existe aucun marché du vin alternatif capable de compenser la perte du marché américain.»
Le président Macron a dénoncé la décision concernant les droits de douane comme étant «brutale et infondée». Outre l'industrie viticole, la réunion au palais de l'Élysée a rassemblé des représentants des secteurs de l'aéronautique, de la chimie et de la métallurgie, de l'électronique, de la santé, du luxe, des cosmétiques et de l'agroalimentaire.
M. Macron a dit que la France serait probablement légèrement moins touchée que certains de ses voisins, car les exportations vers les États-Unis représentent 1,5 % du PIB français, contre plus de 3 % pour l'Italie et 4 % pour l'Allemagne.
Il a souligné que l'économie américaine subirait en premier l'impact négatif des droits de douane.
«Une chose est sûre, avec les décisions de cette nuit, l'économie américaine et les Américains, qu'il s'agisse des entreprises ou des citoyens, sortiront plus faibles qu'hier, et plus pauvres», a déclaré M. Macron.
En collaboration avec Alexander Turnbull, AP.