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Les politiciens débattent depuis des décennies de la possibilité d'abaisser l'âge minimal pour voter.
Jaden Braves, qui est âgé de 16 ans, se dit «déçu» de ne pas pouvoir voter lors des élections fédérales qui se tiendront le 28 avril. Il espère qu'il fera partie des derniers jeunes à ne pas pouvoir participer au processus électoral.
M. Braves et l'organisation qu'il dirige, Jeunes politiciens du Canada, souhaitent que l'âge minimal requis pour voter aux élections fédérales soit abaissé à 16 ans.
«J'espère que, d'ici à mes 18 ans, des jeunes qui auront alors 16 ans vont avoir la chance de se rendre aux urnes et de voter», a mentionné M. Braves, qui est également impliqué auprès de Vote 16 Canada.
«C'est ce qui est juste. C'est ce qui représente la démocratie constitutionnelle et c'est ce qui protégera notre avenir en général», a ajouté celui qui a déposé une motion au conseil municipal de Toronto visant à étendre le droit de vote municipal aux jeunes de 16 et 17 ans.
Selon Jaden Braves, l'abaissement de l'âge légal pour voter stimulerait l'engagement civique et la participation électorale. Il rappelle que son organisation avait proposé la mise en place d'une éducation civique standardisée afin de garantir que les Canadiens comprennent les fondements du système politique.
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«On ne peut pas laisser les jeunes de 15 et 16 ans voter s'ils ne connaissent pas les principes fondamentaux de notre démocratie constitutionnelle et de notre système parlementaire», a-t-il reconnu.
«Mais en même temps, il y a des adultes qui ne connaissent pas ces fonctions et le fonctionnement réel de ce pays.»
Les politiciens débattent depuis des décennies de la possibilité d'abaisser l'âge minimal pour voter.
La sénatrice Marilou McPhedran a présenté plusieurs projets de loi visant à faire passer l'âge requis pour voter au fédéral de 18 à 16 ans. Selon elle, environ deux millions de personnes de plus auraient ainsi le droit de vote, ce qui favoriserait l'engagement des jeunes en politique.
Au cours des 20 dernières années, plusieurs partis ont présenté des projets de loi visant à abaisser l'âge légal pour voter. Le plus récent projet de loi de Mme McPhedran, qui a atteint l'étape de la deuxième lecture au Sénat, est mort au feuilleton au déclenchement des élections.
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En entrevue avec La Presse Canadienne, Mme McPhedran a confirmé qu'elle déposera dès que possible un nouveau projet de loi visant à étendre le droit de vote aux jeunes «réduits au silence par notre système politique».
«Notre démocratie, selon leur expérience, les a très souvent réduits au silence ou n'a pas été prête à les écouter», a-t-elle souligné.
Le sénateur Don Plett s'est présenté comme le porte-parole de l'opposition sur le projet de loi de Mme McPhedran. Il a soutenu que, si l'augmentation de la participation électorale est un objectif «louable», ce n'est pas un critère approprié pour décider d'abaisser ou non l'âge du vote.
La Loi électorale du Canada a été modifiée en 1970 pour abaisser l'âge du vote de 21 à 18 ans.
Plusieurs pays, dont l'Écosse, l'Autriche, Cuba et le Nicaragua, permettent aux jeunes de 16 ans de voter.
Plusieurs politiciens ont soutenu un abaissement de l'âge du vote au Canada, notamment le chef du Parti vert du Nouveau-Brunswick, David Coon, et la députée libérale fédérale Marie-France Lalonde.
Michael J. Wigginton, qui est chercheur postdoctoral en sciences politiques à l'Université Carleton, a mentionné que des recherches sur la participation électorale en Autriche montrent que les jeunes de 16 et 17 ans sont tout aussi capables que quiconque de faire un choix éclairé, même s'ils sont généralement moins susceptibles de voter.
«On pourrait observer une dynamique intéressante: si l'âge médian des électeurs rajeunit, cela pourrait modifier la façon dont les partis s'adressent au public», a analysé M. Wigginton.
«Mais ils pourraient être confrontés aux mêmes défis qu'aujourd'hui: les jeunes ne sont pas nécessairement le meilleur public cible, car ils sont les plus difficiles à mobiliser.»
Selon M. Wigginton, l'ajout de jeunes au bassin d'électeurs pourrait encourager les partis à modifier leur approche concernant certains enjeux, comme l'éducation.
«Plutôt que de se concentrer uniquement sur l'opinion des parents et de la communauté en général concernant l'éducation primaire et secondaire, les partis seraient forcés de prendre en compte l'opinion des étudiants», a conclu M. Wigginton.
À son avis, des questions comme le financement public des universités et les prêts étudiants pourraient devenir plus importantes, au détriment de sujets comme la Sécurité de la vieillesse ou les maisons de retraite.
Sur le site d'Élections Canada, on indique que la participation électorale a augmenté avec l'âge lors des élections de 2021. Les taux de participation variaient de 47 % pour les 18-24 ans à 75 % pour les 65-74 ans. Ils ont diminué à 66 % pour les 75 ans et plus.
Cette tendance s'est observée à chaque élection générale depuis 2004, précise-t-on.