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Le député libéral Joël Lightbound a choisi de quitter ses fonctions de président du caucus du Québec, quelques heures après avoir tenu une conférence de presse durant laquelle il critiquait la gestion de la pandémie du gouvernement Trudeau.
Le député de Louis-Hébert, Joël Lightbound, a démissionné de ses fonctions de président du caucus libéral du Québec. Son annonce survient quelques heures après qu'il se fut dissocié du discours du gouvernement fédéral dont il fait partie au sujet de la vaccination obligatoire des camionneurs et de plusieurs autres éléments centraux dans la réponse à la pandémie donnée par les troupes de Justin Trudeau.
*Voyez le commentaire du correspondant parlementaire à Ottawa Chris Nardi, sur les ondes de Noovo Info.
Joël Lightbound a relayé la nouvelle via son compte Twitter.
Suite à ma conférence de presse de ce matin, j’ai décidé de démissionner à titre de président du caucus du Québec. Je serai très heureux d’appuyer mon ou ma successeur dans la poursuite de notre travail.
— Joël Lightbound (@JoelLightbound) February 8, 2022
En matinée mardi, le député de Louis-Hébert et président du caucus libéral du Québec, Joël Lightbound, s'est dissocié du discours du gouvernement fédéral dont il fait partie au sujet de la vaccination obligatoire des camionneurs, des manifestations qui se poursuivent à Ottawa et de plusieurs autres éléments centraux dans la réponse à la pandémie donnée par les troupes libérales, faisant éclater au grand jour des dissensions dans les rangs du gouvernement de Justin Trudeau.
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«Je pense qu'il est plus que temps qu'on arrête de diviser la population», a lancé l'élu de la région de Québec lors d'une conférence de presse, mardi, au cours de laquelle il a déclaré d'entrée de jeu en avoir «long à dire».
Il a dénoncé le fait que le gouvernement continue de «diaboliser», selon lui, les inquiétudes «légitimes» exprimées par plusieurs au sujet d'éventuels confinements, par exemple.
Le député Lightbound, vu par plusieurs comme une figure montante libérale, a reproché les «généralisations trop larges» et les «étiquettes aussi faciles qu'absurdes» collées aux manifestants, comme «une grand-mère toute douce qui manifestait pour ses petits-enfants».
«En toute franchise, elle ne me semblait pas être une suprémaciste blanche», a-t-il illustré.
La semaine dernière, le premier ministre Justin Trudeau a plusieurs fois déclaré son indignation face aux manifestants «qui arborent des drapeaux racistes» et a dit que les Canadiens sont «choqués et franchement dégoûtés» par le comportement de manifestants du «convoi de la liberté», qui occupent bruyamment les rues du centre-ville d'Ottawa depuis 12 jours.
Des enfants ont «sombré dans la dépression» et ont perdu de la joie de vivre, des pédiatres «en larmes» lui ont fait part de l'anxiété et de l'isolement de leurs jeunes patients, des artistes sont inquiets de voir leurs amis au bord du gouffre parce qu'«ils ne peuvent pas travailler depuis deux ans», des restaurateurs inquiets parce qu'`ils sont en train de tout perdre ce qu'ils ont mis une vie à bâtir', a-t-il noté.
«La santé d'une population, c'est une tarte et Omicron, c'est une pointe, a-t-il dit. Dans la tarte, il y a aussi la santé économique, la santé sociale et la santé mentale.»
D'ailleurs, bien des gens oublient qu'«on n'est pas tous égaux face au confinement» et que ce «est pas tout le monde qui peut ''gagner sa vie sur un MacBook au chalet''», a insisté le député.
Ses concitoyens s'expliquent mal «qu'il y a un an on était tous unis et que maintenant, alors qu'on est l'un des pays les plus vaccinés de la planète et qu'on devrait en être fiers, on est plus divisés que jamais». Plusieurs d'entre eux se demandent «où s'arrête la santé publique et où commence la politique, où la science prime et où les sondages priment».
Il estime que le gouvernement doit fournir une feuille de route «quantifiée et quantifiable» pour une éventuelle levée des restrictions sanitaires. «Il faut savoir selon des barèmes précis et quantifiables à partir de quel moment les mesures vont tomber, par exemple à partir de quel seuil d'hospitalisations au pays», a-t-il déclaré.
La vaccination obligatoire des camionneurs, a-t-il mentionné, est une politique qui va «à l'encontre des recommandations récentes de l'OMS et pour laquelle on n'a aucun chiffre quant à ce qu'on tente d'accomplir d'un point de vue épidémiologique».
Selon l'industrie, les coûts de transport ont cependant grimpé «de 15 % à 20 %» en raison de la mesure, a-t-il souligné. «Ce n'est pas rien quand on fait déjà face à la plus forte inflation des 30 dernières années au Canada.»
Son incapacité à obtenir des études scientifiques qui appuient cette mesure a été un «élément déclencheur» de sa sortie publique. «Je remarque aussi qu'initialement, l'objectif était de réduire la propagation, maintenant c'est de bâtir de la résilience dans nos chaînes d'approvisionnement», a fait remarquer le député.
Les bienfaits des mesures de santé publique devraient être «à tout le moins bien expliqués avec des avis scientifiques, avec des études épidémiologiques, pas seulement avec des lignes de communication».
Il suggère «respectueusement» au gouvernement de «systématiquement publier les études épidémiologiques, les projections et les avis scientifiques» sur lesquels se basent ses décisions.
Selon M. Lightbound, «il est temps, plus que temps» que le gouvernement cesse de «diviser la population, de monter une partie de la population contre une autre».
«D'une approche positive et rassembleuse, une décision a été prise d'adopter une approche qui divise et qui stigmatise», a-t-il dit.
Joël Lightbound restera membre du caucus libéral, a annoncé le whip en chef du gouvernement, Steven MacKinnon, en fin d'après-midi.
«Il a exprimé sa pleine confiance dans le gouvernement» au cours de leur rencontre, a souligné le député de Gatineau dans une brève déclaration écrite.
M. Lightbound avait dit souhaiter demeurer au sein des troupes libérales et croire que ce sera le cas puisque son parti est «ouvert à la dissidence et au débat». Il a précisé qu'il n'entend pas changer de parti, affirmant qu'il en va du respect pour ses électeurs.
Le député avait affirmé que «définitivement plusieurs collègues» éprouvent «un malaise» avec le «style de politique» qu'a adopté le gouvernement.
Lors de la période des questions en après-midi, les conservateurs ont fait leurs choux gras du coup d'éclat du député.
La cheffe conservatrice par intérim, Candice Bergen, a déclaré que les conservateurs ne pourraient «être davantage d'accord» avec le député, implorant le premier ministre de «suivre la science» et de «mettre fin aux mesures».
«Je suis extrêmement heureux d'entendre les conservateurs pour une fois parler de suivre la science», lui a répondu le premier ministre Trudeau en soulignant que plusieurs d'entre eux «choisissent' de ne pas être vaccinés et débattent sans cesse de l'efficacité des mesures de santé publique, des mesures qui ont `sauvé des vies canadiennes».
M. Trudeau, qui était de retour à la période de questions après s'en être absenté pendant plusieurs jours - ayant été déclaré positif à la COVID-19 -, a accusé à son tour les conservateurs de jouer «des jeux politiques».
Réagissant à l'affirmation du député Lightbound qui avait déclaré qu'«une décision a été prise d'adopter une approche qui divise et qui stigmatise», le nouveau chef adjoint et lieutenant politique des conservateurs au Québec, Luc Berthold, a pour sa part tenté de savoir, en vain, si «oui ou non» le premier ministre a lui-même pris «la décision de diviser la population pour gagner une élection».
Les décisions prises par le gouvernement visaient à «garder les gens en sécurité, pour pouvoir passer au travers de cette pandémie», lui a répondu M. Trudeau.
Le député conservateur Pierre Paul-Hus a affirmé que les conservateurs réclament un plan «depuis deux ans», mais que le premier ministre Trudeau a plutôt choisi de «politiser cette pandémie».
«Il n'a jamais voulu écouter les conseils des députés de l'opposition, ni de ses propres députés comme on peut le voir actuellement», a-t-il dit.
Le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, lui a rétorqué que le gouvernement a un plan depuis le début de la pandémie et «il fonctionne», si bien qu'en écoutant «la science» le gouvernement affirme avoir évité «50 000 morts» au Canada et «une bonne partie de notre économie».
«Si on avait écouté les conseils économiques de l'oppositon officielle, on serait en situation de crise économique, a dit le ministre Duclos. Il serait impossible de repartir l'économie.»
Réagissant à la sortie publique du député Lightbound, le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, a dit constater que le message de Justin Trudeau ne passe même «pas unanimement à l'intérieur de son propre caucus».
Quant au discours entourant la vaccination obligatoire dénoncé par l'élu libéral, M. Blanchet a soutenu qu'`on a arrêté d'interpeller l'intelligence des gens' durant le processus, «un des fondements en démocratie».
«Je pense qu'on a arrêté - en particulier depuis 10 jours - de faire ce que j'appellerai la pédagogie de la vaccination, l'explication de la vaccination (…) d'aller interpeller le plus directement possible les gens qui manifestent dans la perspective de convaincre un maximum d'entre eux d'être vaccinés», a ajouté M. Blanchet.