Passer au contenu principal
À voir:

Début du contenu principal.

Politique

Mark Carney souhaite parler prochainement au président Donald Trump

«Nous allons défendre nos travailleurs, nous allons défendre nos compagnies, notre pays.»

Des travailleurs syndiqués d'Unifor du secteur de l'automobile sont derrière le chef libéral Mark Carney durant un arrêt de sa campagne électorale au pied du pont Ambassadeur reliant Windsor, en Ontario, à Detroir, dans l'État américain du Michigan.
Des travailleurs syndiqués d'Unifor du secteur de l'automobile sont derrière le chef libéral Mark Carney durant un arrêt de sa campagne électorale au pied du pont Ambassadeur reliant Windsor, en Ontario, à Detroir, dans l'État américain du Michigan.
Émilie Bergeron
Émilie Bergeron / La Presse canadienne

Le chef libéral Mark Carney prévoit s'entretenir sous peu avec le président américain Donald Trump, après que ce dernier eut annoncé des droits de douane de 25 % sur toutes les importations automobiles aux États-Unis à compter du 2 avril.

Depuis Kitchener, dans le sud-est de l'Ontario, le premier ministre sortant a soutenu, mercredi soir, que les «liens» qui unissent le Canada et les États-Unis «sont en processus de se briser», ajoutant que Washington a lancé une «attaque directe» contre Ottawa.

«Nous allons défendre nos travailleurs, nous allons défendre nos compagnies, notre pays», a-t-il dit en marge d'un arrêt de sa campagne électorale au cours duquel il a rencontré la présidente du syndicat Unifor, Lara Payne.

L'appel que M. Carney entend avoir «bientôt» avec M. Trump serait le premier qu'il aurait depuis qu'il est devenu premier ministre, à la mi-mars.

Le chef libéral a indiqué qu'il rentrera à Ottawa, où il tiendra jeudi une rencontre du comité du conseil des ministres sur les relations canado-américaines. Cela a donc pour effet de perturber momentanément sa tournée électorale, puisqu'il doit plutôt enfiler ses habits de premier ministre.

Mais en attendant de mettre le cap vers la capitale fédérale, M. Carney s'est rendu à un rassemblement partisan où environ 1600 personnes l'attendaient pour l'écouter prononcer un discours.

Cette estimation du nombre de sympathisants libéraux présents, fournie par la campagne libérale, n'inclut pas des personnes qui n'ont pas pu entrer puisque la capacité sécuritaire de la salle où se déroulait l'événement était atteinte.

Devant une foule conquise, à part trois personnes qui ont tenté de faire dévier M. Carney de son message patriotique, le chef libéral a fait valoir que, dans le contexte de guerre tarifaire, tous les Canadiens sont «du même côté» quand vient le temps de défendre leur pays, même si «on peut se disputer au sujet de la politique». 

«Les Canadiens sont toujours prêts quand quelqu'un jette les gants», a-t-il lancé.

À VOIR ÉGALEMENT | Le secteur automobile mauricien affecté par le boycottage des produits américains

Un peu plus tôt, le chef libéral, qui devait se rendre au Québec pour son prochain arrêt de campagne, a dit aux journalistes qu’il n’avait pas encore tous les détails de ce qu’implique l’annonce de M. Trump.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a reproché à M. Carney d'avoir tardé jusqu'ici à s'entretenir avec le président américain. 

«La nouvelle, ce n'est pas que M. Carney veuille parler à M. Trump, c'est qu'il ne lui ait pas parlé avant parce que, quand même, pour le meilleur et pour le pire, il est premier ministre du Canada depuis un bon moment déjà», a déclaré M. Blanchet en mêlée de presse. 

Interrogé à savoir s'il faut soutenir l'industrie automobile de l'Ontario, il a répondu qu'«il faut aider n'importe quel secteur de l'économie québécoise et canadienne qui pourrait être mis à mal».

«Mais il y a plusieurs manières de le faire. Et probablement que c'est à partir de l'argent des tarifs, plutôt qu'à partir de dépenses supplémentaires des revenus actuels de l'État», a ajouté le chef bloquiste. 

Le chef conservateur Pierre Poilievre a, de son côté, réitéré qu'il faut, selon lui, abroger la loi C-69 sur l'évaluation d'impact de projets énergétiques afin de permettre au Canada de s'affranchir économiquement parlant.

«Il nous faut maintenant agir pour être indépendants, pour établir une forteresse économique qui ne dépend d'aucun autre pays. Oui, ça veut dire abroger la loi C-69 pour bâtir des pipelines, des usines de gaz naturel, de meilleurs ports, des mines, des usines pour l'exportation outre-mer», a-t-il suggéré en mêlée de presse à Québec, mercredi soir. 

Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a appelé le gouvernement fédéral à protéger les travailleurs qui subiront les conséquences de ces droits de douane. 

«C'est une attaque directe à nos emplois (...) On doit prendre soin de ces travailleurs en ce moment (...) On doit avoir des tarifs de représailles et on doit faire tout ce qu'on peut pour éliminer ces tarifs contre nos travailleurs», a-t-il dit aux journalistes à London, en Ontario. 

Le président américain a signé mercredi un décret imposant des droits de douane de 25 % sur toutes les importations automobiles aux États-Unis à compter du 2 avril.

Cette mesure, selon la Maison-Blanche, favoriserait la production nationale, mais pourrait également peser sur les constructeurs automobiles dépendants des chaînes d'approvisionnement mondiales.

Ce décret ne semble pas prévoir d'exceptions pour les véhicules construits dans le cadre de l'Accord commercial Canada-États-Unis-Mexique, négocié sous la première administration Trump. 

Construire des automobiles à «100 %» au Canada

Un peu plus tôt mercredi, l'annonce du jour de M. Carney portait d'ailleurs sur le secteur de l’automobile au Canada. De passage à Windsor, en Ontario, le chef libéral a promis de mettre sur pied, s'il remporte les élections, un réseau de construction automobile «100 % canadien».

Il prévoit également un fonds stratégique de 2 milliards $, notamment pour protéger les emplois et bâtir une chaîne d'approvisionnement canadienne plus forte.

«Nous ne faisons pas juste protéger le présent, nous veillons à bâtir pour l'avenir», a-t-il déclaré.

Il était accompagné, durant son point de presse, de leaders syndicaux locaux. L'un d'eux, le secrétaire-trésorier de la section 444 d'Unifor, a indiqué aux journalistes que les employés du secteur de l'automobile sont «sur le qui-vive» et «ont peur».

«C'est injuste (que les Américains) s'en prennent à nous parce que nous sommes tant intégrés et l'un ne peut pas vivre sans l'autre», a dit Manny Cardoso.

Émilie Bergeron
Émilie Bergeron / La Presse canadienne