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La prochaine décision de la Banque du Canada sur les taux d’intérêt est prévue pour le 16 avril.
La Banque du Canada aurait probablement interrompu son cycle de baisse des taux d’intérêt plus tôt ce mois-ci, n’eût été l’incertitude considérable entourant les droits de douane américains.
La banque centrale a publié mercredi un résumé des discussions qui ont mené à sa réduction d’un quart de point de pourcentage il y a deux semaines, ramenant le taux directeur à 2,75 %.
Ces discussions brossent le tableau des tentatives des gouverneurs de la Banque du Canada pour définir la politique monétaire dans un contexte complexe et changeant.
La décision sur les taux est intervenue un peu plus d’une semaine après que les États-Unis ont imposé leur première série de droits de douane sur les marchandises canadiennes entrant au pays et le même jour que le lancement d’une nouvelle vague de droits de douane ciblant les importations d’acier et d’aluminium.
Ces restrictions commerciales ont déjà été réduites ou ajustées à plusieurs reprises, et de nouvelles échéances pour l’imposition de nouveaux droits de douane se profilent à l’horizon dans les jours à venir. La Maison-Blanche a annoncé mercredi après-midi que le président américain Donald Trump annoncerait des droits de douane sur les importations automobiles plus tard dans la journée, et que d’autres mesures devraient entrer en vigueur le 2 avril.
Le conseil de direction de la Banque du Canada a constaté que l’économie canadienne avait affiché une performance supérieure aux attentes à l’approche de 2025, ce qui aurait pu créer les conditions d’un maintien des taux après six baisses consécutives.
Le conseil a toutefois noté que les menaces de droits de douane avaient déjà entraîné «une baisse prononcée» de la confiance des entreprises et des consommateurs. Des hausses de prix étaient également attendues à la suite du conflit commercial, bien que la rapidité avec laquelle ces coûts seraient répercutés reste une question ouverte.
Les nouvelles données concernant les droits de douane ont «fait pencher la balance» pour les responsables de la politique monétaire, selon le résumé, le risque étant désormais moindre que l’inflation ne chute trop en dessous de la cible de 2 % de la banque centrale.
Les principaux décideurs de la Banque du Canada ont finalement convenu qu’«en l’absence de menaces tarifaires et de l’incertitude élevée, la décision aurait probablement été de maintenir le taux directeur à 3 %».
Certains membres du Conseil de direction ont suggéré qu’un maintien du taux «pourrait néanmoins être approprié» jusqu’à ce que l’on comprenne mieux comment et quand le conflit commercial affecterait l’économie canadienne.
D’autres ont soutenu que les menaces de droits de douane et l’incertitude qui les accompagne avaient déjà suffisamment affecté les prévisions pour justifier une nouvelle baisse.
«L’affaiblissement manifeste des perspectives» et des signes indiquant que l’inflation était encore bien contenue ont fait pencher la balance du Conseil de direction en faveur d’une baisse d’un quart de point.
«Cette décision aiderait la population canadienne à composer avec l’incertitude liée aux droits de douane», peut-on lire dans les délibérations.
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Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a indiqué dans un discours prononcé le 20 mars que la banque centrale modifierait sa façon de prendre ses décisions en matière de taux d’intérêt dans un contexte d’incertitude plus élevé que d’habitude.
M. Macklem a déclaré que les responsables de la politique monétaire allaient se concentrer davantage sur l’établissement d’un taux d’intérêt de référence mieux adapté à l’éventail des risques auxquels le Canada est confronté, plutôt que sur ce que la banque centrale estime être la trajectoire la plus probable pour l’économie.
La prochaine décision de la Banque du Canada sur les taux directeurs est prévue pour le 16 avril. La banque centrale doit également publier ce jour-là un nouveau rapport sur la politique monétaire présentant ses perspectives économiques. Cependant, M. Macklem a averti que ces prévisions pourraient ne pas inclure de projection économique centrale pour les prochains trimestres, comme c’est habituellement le cas.
Les délibérations montrent que les membres du conseil de direction ont convenu qu’en raison de la situation fluctuante et de la complexité du choc économique, «il ne serait pas approprié de donner des indications sur la trajectoire future du taux directeur».
«Le Conseil de direction s’est entendu pour aborder avec prudence tout changement futur du taux directeur», conclut le résumé.
Benjamin Reitzes, directeur général et spécialiste en stratégie — taux canadiens et macroéconomie à la BMO, indique mercredi dans une note à ses clients que les délibérations adoptent un ton «plus ferme» — en faveur du maintien des taux d’intérêt à un niveau plus élevé plutôt qu’à un niveau plus bas.
L’impact des droits de douane sur l’inflation est difficile à cerner, car ils peuvent à la fois provoquer une flambée des prix et freiner l’économie, tempérant ainsi la demande de dépenses.
M. Reitzes rappelle que la Banque du Canada avait souligné lors des délibérations que sa mission était d’empêcher la hausse initiale des prix de se propager et d’entraîner une inflation généralisée. Il ajoute que le rapport sur l’inflation de février, qui a fait état d’une hausse de l’inflation à 2,6 % à la fin du congé fiscal temporaire d’Ottawa, «a certainement retenu l’attention de la Banque du Canada et ne fera que renforcer son biais guerrier».
M. Reitzes précise que de nouvelles baisses de taux ne sont pas exclues si la situation tarifaire s’aggrave, mais que la préférence de la banque centrale pour la maîtrise de l’inflation limitera la baisse possible du taux directeur pour apaiser la guerre commerciale.