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Économie

La Banque du Canada doit pouvoir «agir vite» à cause de l'incertitude sur les droits

La Banque du Canada a abaissé son taux directeur d'un quart de point, le portant à 2,75 %, plus tôt ce mois-ci. Sa prochaine décision est prévue pour le 16 avril.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, tient une conférence de presse à la Banque du Canada, à Ottawa, le mercredi 12 mars 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Sean Kilpatrick
Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, tient une conférence de presse à la Banque du Canada, à Ottawa, le mercredi 12 mars 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Sean Kilpatrick

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La Presse canadienne
La Presse canadienne

Le gouverneur de la Banque du Canada a annoncé un virage dans la façon dont la banque centrale fixe son taux directeur, car l'incertitude commerciale avec les États-Unis rend les prévisions à long terme beaucoup plus difficiles.

Le gouverneur Tiff Macklem a également reconnu qu'une récession était possible au Canada dans le contexte d'une guerre commerciale qui s'est intensifiée jeudi en raison d'une nouvelle vague de droits de douane imposés par la Chine.

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M. Macklem était à Calgary jeudi pour un événement d'une organisation de développement économique de la ville.

L'économie canadienne était en bonne position au début de 2025, en raison d'une maîtrise de l'inflation et d'une relance de la croissance, a-t-il souligné dans un discours préparé pour l'événement.

Le taux directeur de la banque centrale étant rapidement revenu à des niveaux plus bas, il semblait que le Canada avait réussi à éviter une récession.

«L’économie canadienne a donc réussi un atterrissage en douceur. Malheureusement, nous n’allons pas rester longtemps sur le tarmac.»
- Tiff Macklem, gouverneur de la Banque du Canada

Cela est dû en grande partie aux droits de douane draconiens imposés par les États-Unis plus tôt ce mois-ci, ainsi qu'à la réponse du Canada, qui a imposé des taxes à l'importation sur des milliards de dollars de marchandises américaines.

Selon la durée du maintien de ces droits de douane, les «dommages» qui commencent déjà à se faire sentir des deux côtés de la frontière, selon M. Macklem, pourraient compromettre cet atterrissage en douceur.

«Si des droits de douane généralisés sont maintenus pendant une longue période, cela pourrait bien conduire à une récession», a-t-il déclaré aux journalistes après son discours de jeudi.

Des droits de douane ont été imposés et modifiés à plusieurs reprises depuis le début du mois, et les plans du président américain Donald Trump ne sont pas encore clairement définis, bien qu'il ait menacé d'imposer une nouvelle série de droits «réciproques» le 2 avril.

En raison de cette incertitude, M. Macklem a annoncé un changement de cap dans la façon dont la banque centrale abordera les prévisions économiques qu'elle utilise pour déterminer le taux directeur, qui se situe à 2,75 % après sept baisses consécutives.

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Le 16 avril, la Banque du Canada doit annoncer sa prochaine décision sur les taux d'intérêt et publier un nouveau rapport sur la politique monétaire contenant des prévisions sur l'inflation et l'économie.

M. Macklem a indiqué jeudi que le rapport du mois prochain pourrait ne pas contenir de «projection unique et centrale» pour l'économie, mais plutôt inclure une série de scénarios basés sur l'évolution de l'incertitude liée aux droits de douane.

M. Macklem a déjà averti que la boîte à outils de la Banque du Canada n'est pas bien adaptée pour s'attaquer simultanément à une inflation plus forte et à l'impact de la bataille tarifaire sur un ralentissement de l'économie canadienne.

S'adapter à l'éventail des risques

Plutôt que l'approche habituelle du Conseil de direction, qui consiste à convenir de prévisions économiques et à définir la politique monétaire en conséquence, M. Macklem a déclaré que les responsables de la politique monétaire se concentreront désormais davantage sur la fixation d'un taux mieux adapté à l'éventail des risques auxquels le Canada est confronté.

Ce faisant, la banque centrale peut éviter de choisir une voie et risquer de se tromper lourdement sur ses prévisions et sur les besoins connexes en matière de politique monétaire.

La Banque du Canada devra faire preuve de «flexibilité et d'adaptabilité», afin de réagir rapidement aux nouveaux développements sur le front des droits de douane, a déclaré M. Macklem.

«Nous devons donc formuler une politique qui limite les risques, a-t-il ajouté. Cela signifie qu’il faut moins anticiper qu’à l’habitude, et attendre que la situation s’éclaircisse. Et cela pourrait aussi vouloir dire qu’il faut agir vite quand les choses se cristallisent.»

M. Macklem a précisé plus tard aux journalistes que les Canadiens ne doivent pas nécessairement s'attendre à ce que les annonces de taux d'intérêt interviennent entre les décisions prévues de la Banque du Canada – une mesure prise par la banque centrale lors du début incertain de la pandémie de COVID-19 en 2020.

Jeudi a également marqué le premier jour d'une nouvelle vague de droits de douane imposés par la Chine sur des produits agricoles canadiens, en réponse aux taxes à l'importation sur les véhicules électriques imposées par le Canada en octobre.

Évolution plus large du commerce mondial

M. Macklem a souligné que les pressions sur le Canada des droits de douane des États-Unis et de la Chine s'inscrivent également dans une évolution plus large du commerce mondial.

«Nous avons connu une longue période où toutes nos économies ont bénéficié des vents favorables de la paix, de la mondialisation et d'une intégration croissante, a-t-il déclaré. Malheureusement, ces vents favorables se sont tous transformés en vents contraires.»

 

M. Macklem a ajouté que les pays bénéficieraient d'un retour à l'ouverture commerciale, même si la montée des inquiétudes en matière de sécurité économique rendrait probablement difficile l'inversion des récents changements.

«Nous ne pouvons probablement pas simplement revenir au point où nous étions. Mais une escalade tarifaire réciproque, une guerre commerciale mondiale qui s'intensifie, n'est dans l'intérêt de personne», a-t-il déclaré.

Plusieurs scénarios

Le discours de M. Macklem est intervenu quelques jours après que Statistique Canada a annoncé que l'inflation avait bondi à 2,6 % en février, en grande partie à cause de la fin du congé de deux mois de la taxe sur les produits et services (TPS) qui avait été mis en vigueur par le gouvernement libéral.

On ignore avec quelle rapidité les entreprises répercuteront la hausse des coûts des droits de douane sur leurs clients, a noté M. Macklem, et c'est pourquoi la Banque du Canada a préparé plusieurs scénarios.

Dans une hypothèse où les droits de douane généralisés verraient leurs coûts répercutés rapidement sur une année, l'inflation aurait augmenté d'environ 2,25 points de pourcentage au premier trimestre de 2026 par rapport à ce qu'elle aurait été sans la guerre commerciale. Les projections de janvier de la Banque du Canada tablaient sur une inflation moyenne de 2,1 % jusqu'en 2026, avant l'impact des droits de douane.

Dans l'hypothèse d'une hausse rapide des prix, l'impact ponctuel sur l'inflation lié aux droits de douane se résorberait plus tôt, disparaissant presque complètement des prévisions d'ici la fin de 2027.

D'autres scénarios, qui prévoient une répercussion plus graduelle de la hausse des prix, signifient que l'impact inflationniste n'atteindrait jamais des niveaux aussi élevés que dans la première étude de cas, mais perdurerait plus longtemps.

M. Macklem a déclaré que la Banque du Canada est ferme dans son engagement envers la stabilité des prix et qu'elle utilisera son taux directeur pour maîtriser l'inflation – et les attentes des Canadiens en matière d'inflation.

«Nous ne pouvons pas résoudre l’incertitude liée au commerce, mais notre engagement à maintenir l’inflation à un niveau bas ne doit faire aucun doute. Les Canadiennes et les Canadiens doivent être convaincus que nous maintiendrons la stabilité des prix au fil du temps, même dans un contexte de bouleversements mondiaux», a-t-il déclaré.

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