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L’ombre du président américain flotte sur l’économie québécoise.
L’incertitude causée par le président Donald Trump motive le gouvernement Legault à ouvrir son portefeuille pour répondre aux besoins des Québécois qui n’échapperont pas à la guerre commerciale. Ces mesures creuseront davantage le déficit qui devrait s’établir à 13,6 milliards de dollars, après la contribution au Fonds des générations, au terme de cet exercice financier.
Il s’agit d’un déficit d’un niveau record. Les chiffres du budget 2025-2026 rendus publics mardi s’inscrivent dans un «contexte de menaces injustifiées», s’est défendu le ministre des Finances, Eric Girard, lors de la présentation de son document. Québec a cependant révélé un déficit moins important que prévu pour l’année qui se termine, qui s’est élevé à 10,4 milliards, toujours après le versement au Fonds des générations.
M. Girard demeure optimiste dans cette période de turbulence et estime que l’économie du Québec devrait éviter une récession en atteignant une progression de 1,4% du PIB réel en 2026. Cette dernière doit atteindre 1,1% pour l’année fiscale en cours.
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Ces prévisions sont toutefois basées sur l’hypothèse évaluée par gouvernement qui évalue que les droits de douane «pourraient être ajustés» et que les effets seraient en moyenne équivalents à des tarifs de 10 % et effectifs pour une période transitoire d’environ deux ans.
«Je pense qu'il y aura des tarifs le 2 avril et qu'il y aura des négociations lorsque les élections fédérales seront terminées», a précisé M. Girard pour expliquer comment le gouvernement en est arrivé à ce scénario de base teinté par «l'incertitude ambiante».
Le gouvernement Legault n’exclut pas un scénario économique plus ardu dans lequel l’administration Trump imposerait des tarifs de 25 % sur les produits canadiens. Le cas échéant, le Québec serait plongé dans une récession.
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«Il n’est pas dans l’intérêt des États-Unis» que l’ensemble des liens économiques canado-américains soit soumis à de telles mesures économiques, a détaillé M. Girard, qui déposait son septième budget. Dans l’éventualité où les tarifs perdureraient plus qu’anticipé, c’est «toute l’Amérique du Nord qui entrerait en récession, pas uniquement le Québec», a dit Eric Girard.
Malgré le vent de face qui soufflera au cours des prochains mois, le grand argentier du Québec prévoit quand même un retour à l’équilibre budgétaire en 2029-2030. Pour y arriver, on adoptera des mesures qui toucheront directement les contribuables en évitant d’imposer davantage le revenu des Québécois. Ces «améliorations au régime fiscal» devraient rapporter 3 milliards d’ici 2030.
Parmi celles-ci, Québec prévoit instaurer le 1er janvier 2027 une contribution annuelle pour les détenteurs de véhicules électriques et hybrides. Montant de la contribution annuelle : 125 $ pour les véhicules électriques et 62,50 $ pour les véhicules hybrides rechargeables. De plus, on retirera dès avril 2027 l’accès gratuit de l’accès aux ponts à péage et aux traversiers aux véhicules avec une plaque d’immatriculation verte.
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On fera passer à la trappe certaines mesures fiscales «à faible clientèle», notamment les crédits d’impôt liés aux contributions à un parti politique.
Les sociétés d’État et les ministères devront également se serrer la ceinture puisqu’on cherche à obtenir des réductions budgétaires de 10 milliards sur une période de six ans.
À court terme, le gouvernement Legault injectera un peu plus d’un milliard de dollars d’argent neuf afin de stimuler la création de richesse pour cette année. Le principal objectif de ces annonces est de s’armer contre les secousses économiques à venir.
La plus grosse somme servira à appuyer des projets d’investissements 563 millions de dollars. Un fonds de 200 millions sera aussi réservé pour venir en aide aux entreprises québécoises frappées par les impacts des tarifs douaniers.
Québec va explorer des avenues pour trouver de nouveaux marchés en investissant 35 millions. Finalement, M. Girard a ajouté aussi des sommes de 265 millions pour l’innovation et favorisé l’apport des régions à l’économie.
Signe que le ministre entrevoit une tempête, on ajoutera 500 millions de dollars à la réserve pour toutes éventualités qui élève le coussin de sureté à 2 milliards de dollars.
Sur une plus longue période, le gouvernement cherchera à garder l’économie active en ajoutant 11 milliards pour trois ans dans le Plan québécois des infrastructures (PQI) qui serviront entre autres à la réfection de nombreux bâtiments publics vieillissants.
Le plan quinquennal du gouvernement du Québec prévoit aussi une foule d’initiatives en santé et en éducation en investissant 5 milliards de dollars. Parmi celles-ci, la formation de médecins ainsi que la conversion de 1000 places de garderie non subventionnées en places subventionnées.
Avec la collaboration de Mathieu Boivin et Jean-François Poudrier pour Noovo Info.