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«Quoi qu'il arrive lors des élections, j'ai confiance en l'Amérique.»
Les Américains ont suivi avec anxiété les résultats de l'élection de mardi, révélant un pays profondément divisé alors que le décompte des voix dans une poignée d'États clés était encore en cours tard dans la nuit.
L'ancien président Donald Trump a remporté l'État clé de la Caroline du Nord, envoyant un signal d'alarme aux démocrates qui espèrent encore que la vice-présidente Kamala Harris pourrait remporter le Michigan, la Pennsylvanie et le Wisconsin.
La directrice de campagne de Mme Harris a envoyé une note à son personnel mardi soir, indiquant que les États du «mur bleu» du Midwest étaient la «voie la plus claire» pour les démocrates vers la victoire et qu'ils étaient prêts à ce que le décompte des voix se poursuive jusqu'à mercredi matin.
Alors que la campagne présidentielle chaotique a atteint son apogée, de nombreux Américains sont restés entre l'inquiétude et l'excitation. Les bars de la capitale américaine étaient bondés de monde pour regarder les résultats tomber.
Certaines fenêtres de commerces voisins ont été condamnées et des barrières de sécurité ont été érigées devant la Maison-Blanche, ce qui a rappelé à certains visiteurs du célèbre bâtiment que des violences sont possibles le jour du scrutin.
«Quoi qu'il arrive lors des élections, j'ai confiance en l'Amérique», a déclaré Randy Biard, originaire du Tennessee, dans la capitale américaine mardi après-midi.
La candidate démocrate, la vice-présidente Kamala Harris, et son rival républicain, l’ancien président Donald Trump, ont présenté des visions radicalement différentes de l’avenir des États-Unis, mais les sondages suggéraient que les deux aspirants à la Maison-Blanche restaient au coude à coude.
M. Trump tenait sa soirée de visionnement à Mar-a-Lago en Floride, alors que Mme Harris était à une soirée électorale dans son alma mater, l'université Howard à Washington.
Les étudiants de Howard se sont réunis dans le gymnase du campus pour une soirée de visionnement remplie de musique et de danse. Lorsque les premiers résultats ont commencé à arriver, le moral est resté élevé malgré l'issue incertaine.
«Je suis très excitée, nerveuse, je crois que ce qui doit arriver arrivera», a témoigné Tyette Manna, 20 ans, à l'événement de la candidate démocrate.
Même si l'élection se déroule au sud de la frontière, elle est suivie attentivement d'un bout à l'autre du Canada.
«Toute élection aux États-Unis est importante et a un impact pour nous», a soutenu l'ambassadrice du Canada aux États-Unis, Kirsten Hillman.
«Ils sont au cœur de notre prospérité économique. Ils sont un partenaire vital en matière de sécurité.»
Mme Hillman a parcouru les États-Unis pour rencontrer des membres clés des équipes républicaine et démocrate afin de se préparer à toute éventualité. Mardi soir, une fois ses fonctions à l’ambassade terminées, elle prévoyait regarder les résultats avec son mari et ses amis — probablement autour d'une pizza.
Bien que cette soirée avec ses proches puisse lui apporter du réconfort au milieu de l’attente anxieuse, Mme Hillman sait mieux que quiconque les immenses enjeux sur la table pour le Canada.
«La personne assise derrière le Bureau ovale et les gens qui siègent au Congrès prennent des décisions qui peuvent affecter le Canada. Ils peuvent nous offrir des opportunités, mais aussi nous poser des défis», a rappelé Mme Hillman.
«Il faut être prêt pour les deux.»
Malgré une collaboration de longue date et une frontière commune de 8891 kilomètres, le Canada pourrait subir des contrecoups peu importe qui remporte l'élection de mardi, puisque les deux candidats ont mis de l'avant des politiques protectionnistes.
Les experts préviennent toutefois que, si c'est le candidat républicain qui décroche la victoire, les relations entre les deux pays pourraient être beaucoup plus difficiles.
«M. Trump et certaines des personnes clés autour de lui, dont (l'ancien représentant au Commerce) Robert Lighthizer, veulent vraiment s'en prendre au Canada», a soutenu le professeur Fen Hampson, qui enseigne les affaires internationales à l'Université Carleton, à Ottawa.
La première administration Trump a démontré à quel point le Canada est vulnérable aux caprices des États-Unis, notamment lorsque l'ancien président a abandonné l'Accord de libre-échange nord-américain.
La négociation de son successeur, l'Accord Canada-États-Unis-Mexique, a été un test clé pour Ottawa après la victoire de M. Trump. Quiconque sera élu à la Maison-Blanche cette semaine sera aux commandes lors de la révision de l'accord, en 2026.
Le tarif général de 10 % proposé par M. Trump est une source d'inquiétude au Canada et dans le monde entier. Un rapport de la Chambre de commerce du Canada suggère que ces tarifs affecteraient négativement l'économie canadienne, entraînant des coûts économiques d'environ 30 milliards $ par année.
Les économistes américains ont averti que le plan de M. Trump pourrait provoquer de l'inflation, et peut-être une récession, ce qui aurait presque certainement des répercussions au Canada. Plus de 77 % des exportations canadiennes sont destinées aux États-Unis et le commerce représente 60 % du produit intérieur brut (PIB) du Canada.
«Lorsque l'économie américaine est en croissance, c'est généralement bon pour nous, a souligné M. Hampson. Mais s'ils s'enfoncent profondément sous M. Trump, cela aura un effet domino sur nous, en plus des tarifs douaniers.»
Le résultat des élections pourrait également redéfinir le rôle des États-Unis dans le monde.
M. Trump a souvent critiqué l'aide apportée à l'Ukraine dans sa guerre contre la Russie, a attaqué les Nations unies et a affirmé à plusieurs reprises qu'il ne défendrait pas les membres de l'OTAN qui n'atteignent pas les objectifs de dépenses en matière de défense — ce que le Canada ne fait pas et ne fera pas avant plusieurs années.
Le premier ministre Justin Trudeau a promis d'atteindre l'objectif de consacrer l'équivalent de 2 % du PIB pour la défense d'ici 2032.
Lors de son premier mandat à la présidence, M. Trump s'est retiré de l'Accord de Paris, un traité international visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Selon le professeur Hampson, la poussée des républicains contre les institutions et les traités internationaux aura «un impact profond» sur le Canada, mais aussi sur ses principaux alliés et sur l'ordre mondial lui-même.
Si Mme Harris gagne, on s'attend généralement à ce que les relations soient plus normales, suivant les modèles établis, mais cela ne signifie pas nécessairement que tout se passera bien pour le Canada.
On s'attend à ce que la vice-présidente suive la voie tracée par le président Joe Biden en matière de politique étrangère et de commerce avec le Canada.
M. Biden a signé un décret exécutif pour révoquer le permis de l'oléoduc Keystone XL, qui aurait transporté du pétrole de l'Alberta vers le Nebraska. Les règles d'approvisionnement «Buy America» de l'administration Biden ont également suscité des inquiétudes au Canada.
Laura Dawson, qui est experte des relations canado-américaines et directrice exécutive de la Future Borders Coalition, s'attend à ce qu'une administration Harris poursuive des politiques nationalistes et protectionnistes.
Mme Harris a rappelé pendant la campagne électorale qu'elle a voté contre l'accord commercial trilatéral avec le Canada et le Mexique lorsqu'elle était sénatrice. Elle a aussi promis de ramener des emplois manufacturiers aux États-Unis.
C'est un excellent discours de campagne, selon Mme Dawson, «mais c'est terrible si vous êtes le Canada».
Lors d'une retraite du cabinet, en août, Mme Dawson a d'ailleurs prévenu l'équipe de M. Trudeau que, peu importe qui sera le prochain président, le Canada devra travailler plus dur pour maintenir ses avantages.
Des électeurs aux antipodes
Pendant ce temps, de nombreux Américains sont pris entre l'anxiété et l'excitation.
Gavin Kupcho, qui est âgé de 16 ans, a assisté à son premier rassemblement de M. Trump dans le Wisconsin la semaine dernière.
«Je n'ai jamais été aussi enthousiaste de ma vie, a-t-il lancé. J'ai besoin que les prix de l'essence baissent, puisque je viens d'avoir mon permis.»
Antonio White, qui s'est rendu à Milwaukee depuis Miami pour faire du porte-à-porte pour Mme Harris, semble plus nerveux.
L'homme de 63 ans a mentionné que les États-Unis sont à un point de bascule, «où les gens ne reconnaissent plus le fascisme quand ils le voient».
«C'est une élection que nous devons gagner pour le caractère sacré de tout le monde, pour le pays lui-même», a-t-il déclaré.
«C'est la démocratie qui est sur le bulletin de vote cette fois-ci.»