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Yves-François Blanchet, s'est dit «très inquiet».
Le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, s'est dit «très inquiet» vendredi que le chef libéral Mark Carney ait convenu avec le président américain Donald Trump d’entamer des négociations «globales» après les élections.
«M. Carney ne peut pas dire à la fois: "oui, oui, je vais avoir une considération pour la gestion de l'offre" (...) et dire à M. Trump: "tout est sur la table"», a envoyé M. Blanchet lors d'une mêlée de presse à Mont-Tremblant, dans les Laurentides, au sixième jour de la campagne électorale.
Le mot «global», a insisté le chef bloquiste, signifie «forcément» que ces négociations incluraient le bois d'œuvre, la gestion de l'offre, les minéraux stratégiques, l'aluminium, l'aérospatiale, l'énergie propre, les pêcheries, les arts et la culture.
De manière générale, il a comparé l'attitude de M. Carney à celle d'un «bichon maltais couché sur le dos les petites pattes en l'air avec la petite bedaine rose au vent». Au contraire, face à «un prédateur», il juge qu'il faut se protéger et montrer les crocs.
Le chef bloquiste a rappelé que M. Carney n'a «jamais été élu par personne, (...) n'a pas de mandat». Il qualifie au passage de «bris de démocratie prétentieux» le fait que son adversaire, en pleine campagne électorale, laisse entendre qu'il sera le premier ministre.
En conférence de presse, à Montréal où il faisait campagne, M. Carney a répliqué que «ce qui est clair» est que M. Blanchet ne prendra pas part à la réunion entre celui qui sera premier ministre au terme des élections et M. Trump.
En matinée, M. Blanchet est allé courtiser les agriculteurs, leur promettant de revenir à la charge dès la rentrée parlementaire avec un projet de loi qui protégerait intégralement la gestion de l'offre de toute négociation commerciale.
La séquence valait son pesant de lait. En pleine ferme laitière, Yves-François Blanchet insiste dès ses premières paroles qu'il faudra désormais aller «au-delà des mots». Une vache lâche aussitôt un «meuh» bien senti, provoquant des rires dans l'auditoire. «Voilà», renchérit le chef bloquiste.
Le chef bloquiste, dont la caravane avait fait un saut à Saint-Roch-de-l’Achigan, dans la région de Lanaudière, a réclamé que les chefs de partis s'engagent «formellement, sans équivoque, sans tataouinage» à protéger «irrévocablement, béton» par voie législative la gestion de l'offre.
Et cet engagement, a-t-il noté, doit être pris «en français et en anglais», pour que ce soit particulièrement clair.
«Il n'est pas question qu'on arrive à l'été 2025 sans que la gestion de l'offre n'ait été formellement adoptée», a affirmé M. Blanchet, qui veut à tout prix éviter que ce modèle, auquel s'en prend le président Donald Trump, ne soit sur la table lors de la négociation avec les Américains.
La gestion de l'offre est une politique agricole à travers laquelle la production et la demande de produits laitiers, des œufs, du poulet et de la dinde sont contrôlés au Canada. Elle vise à prévenir les pénuries et les excédents.
Bien que le défunt projet de loi bloquiste, C-282, ait été adopté par la Chambre des communes à l'unanimité des partis, le Sénat, qui est composé de non-élus, avait des réticences, et un de ses comités avait, comme le résumait le Bloc, tenté de le «vider de son sens».
La Chambre haute avait ajourné ses travaux pour les Fêtes sans adopter la pièce législative – une décision que M. Blanchet a décrite, vendredi, comme un «coup de cochon». C-282 est mort au feuilleton à la dissolution du Parlement.
Le discours de M. Blanchet faisait le bonheur de deux des producteurs laitiers qui l'écoutaient dans le fond de la ferme.
«On ne peut pas avoir un meilleur parti présentement qui défend notre système», a tranché Olivier Houle, dont la ferme est située à Sainte-Élisabeth, dans Lanaudière.
Et pourquoi? M. Blanchet «ne se gêne pas de dire qu'il va le défendre intégralement» alors que les autres chefs, ils appuient «du bout des lèvres», constate-t-il.
À ses côtés, Martin Grégoire, un producteur de Saint-Esprit, dans la même région, n'a pas encore arrêté son choix pour les élections, lui. Mais la protection de la gestion de l'offre trône au sommet des enjeux qui influenceront son vote.
Il renchérit que le côté intégral est particulièrement important. «Défendre la gestion de l'offre (...) c'est facile. Par après, souvent, ça finit avec défendre avec concessions, signer des accords avec un petit peu de concessions.»
«C'est sûr que le Bloc vient nous chercher un peu plus», admet M. Grégoire.
Le chef libéral a pour sa part affirmé qu'il n'y aura «jamais» de discussions avec les Américains au sujet de la gestion de l'offre.
Aurons-nous besoin d'un projet de loi pour cela? «On a besoin d'un premier ministre et d'un gouvernement qui est clair et fort», a répondu M. Carney.
En campagne à Toronto, le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a assuré que sa formation est favorable à la gestion de l'offre.
«On ne peut pas vendre notre culture, nos langues officielles, la langue française et la gestion de l'offre, a-t-il dit. On ne doit pas négocier pour enlever les protections parce que ça fait une grande partie de notre culture et de notre identité.»
Chez les conservateurs, une porte-parole du chef Pierre Poilievre a répondu que sa formation «va défendre» la gestion de l'offre à une question explicite demandant si elle sera «intégralement» protégée.
M. Poilievre, qui n'accueille pas les journalistes dans son avion, n'a pas été interrogé sur le sujet dans la question qu'a pu poser le seul journaliste francophone présent à son point de presse de la journée.
En milieu d'après-midi, la caravane bloquiste a pris la route vers Sherbrooke, en Estrie, où sera adoptée, samedi, la plateforme électorale de la formation politique lors d'un conseil général.