Début du contenu principal.
Cela est considéré comme un coup de pouce à la sécurité alimentaire mondiale après que la guerre de plus d’un an a fait grimper les prix.
La Russie a accepté de prolonger un accord qui a permis à l’Ukraine d’expédier des céréales à travers la mer Noire vers des régions du monde aux prises avec la faim, a annoncé mercredi le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Cela est considéré comme un coup de pouce à la sécurité alimentaire mondiale après que la guerre de plus d’un an a fait grimper les prix.
«Je veux donner une bonne nouvelle, a déclaré le président Erdogan. Grâce aux efforts de notre pays, au soutien de nos amis russes et à la contribution de nos amis ukrainiens, l’Initiative céréalière de la mer Noire a été prolongée de deux mois supplémentaires.»
La Turquie et l’Organisation des Nations unies (ONU) ont négocié l’été dernier avec les parties belligérantes l’accord décisif, qui s’est accompagné d’une entente séparée pour faciliter les expéditions de nourriture et d’engrais russes qui, selon Moscou, n’a pas été appliquée.
À lire également:
La Russie avait menacé de se retirer de l’accord si ses inquiétudes n’étaient pas aplanies d’ici jeudi. Une telle approche n’est pas nouvelle: lors d’une prolongation similaire en mars, la Russie a décidé unilatéralement de renouveler l’entente pour une période de 60 jours au lieu des 120 jours prévus initialement.
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a confirmé la prolongation et que les problèmes devraient être résolus «au niveau technique». Ni elle ni M. Erdogan n’ont mentionné les concessions que Moscou aurait pu recevoir.
«Nous poursuivrons nos efforts pour faire en sorte que toutes les conditions de l’accord soient remplies afin qu’il se poursuive au cours de la prochaine période», a déclaré le président turc, qui a annoncé la décision très attendue deux jours après avoir été contraint à un second tour lors de l’élection présidentielle.
La prolongation de l’«Initiative céréalière de la mer Noire» est une victoire pour les pays d’Afrique, du Moyen-Orient et de certaines parties de l’Asie qui dépendent du blé, de l’orge et de l’huile végétale ukrainiens ainsi que d’autres produits alimentaires abordables, d’autant plus que la sécheresse fait des ravages. L’accord a contribué à faire baisser les prix des produits alimentaires comme le blé au cours de la dernière année, mais ce répit n’a pas atteint les tables de cuisine.
Le vice-premier ministre ukrainien, Oleksandr Kubrakov, a écrit sur les réseaux sociaux que «le monde (continuerait) à recevoir des produits ukrainiens grâce aux efforts» de la Turquie et de l’ONU.
Il a reproché à la Russie de traîner les pieds dans les inspections conjointes des navires par des responsables russes, ukrainiens, onusiens et turcs, et a souligné qu’elle se félicitait de la poursuite de l’accord, ajoutant qu’il «doit fonctionner efficacement».
La moyenne des inspections quotidiennes — destinées à s’assurer que les bateaux ne transportent que de la nourriture et non des armes qui pourraient aider l’une ou l’autre des parties — a régulièrement chuté, passant d’un pic de 10,6 en octobre à 3,2 le mois dernier. Les expéditions de céréales ukrainiennes ont également diminué ces dernières semaines.
La Russie a nié avoir ralenti le travail. Aucun navire n’a été autorisé à entrer dans les trois ports ouverts d’Ukraine depuis le 6 mai, et M. Kubrakov affirme que près de 70 navires attendent dans les eaux turques pour participer.
DOSSIER | Guerre en Ukraine
La Russie, quant à elle, expédie rapidement une récolte exceptionnelle de son blé via d’autres ports. Les critiques disent que cela suggère que Moscou essaie d’arracher des concessions dans d’autres domaines — comme sur les sanctions occidentales.
L’accord a permis d’expédier plus de 30 millions de tonnes métriques de céréales ukrainiennes, dont plus de la moitié vers les pays en développement. La Chine, l’Espagne et la Turquie sont les principaux bénéficiaires, et la Russie affirme que cela montre que la nourriture ne va pas aux États les plus pauvres.
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a affirmé que le maïs ukrainien destiné à l’alimentation animale s’était dirigé vers les pays développés, tandis que «la majorité» des céréales destinées à la consommation humaine était allée aux économies émergentes.
Même si une «partie significative» des expéditions est destinée aux pays développés, cela «a un impact positif sur tous les pays, car cela fait baisser les prix», a ajouté M. Guterres aux journalistes à Nairobi, au Kenya, ce mois-ci. «Et quand vous faites baisser les prix, tout le monde en profite.»
L’analyste principal de recherche à la société de données et d’analyses agricoles Gro Intelligence, William Osnato, a indiqué que la Russie avait fait des «fanfaronnades» pour pousser à l’assouplissement de certaines sanctions, car elle expédie des quantités records de blé cette saison et ses engrais circulent également bien.
Les flux commerciaux suivis par le fournisseur de données financières Refinitiv montrent que la Russie a exporté un peu plus de 4 millions de tonnes de blé en avril, le volume le plus élevé pour le mois en cinq ans, après des sommets records ou quasi records au cours de plusieurs mois précédents.
Les exportations depuis juillet dernier ont atteint 32,2 millions de tonnes, 34 % de plus qu’à la même période de la saison dernière, selon Refinitiv. Le fournisseur de données estime que la Russie expédiera 44 millions de tonnes de blé en 2022-2023.
Avec la récolte de blé de l’Ukraine à venir en juin et la nécessité de vendre cette récolte en juillet, le maintien d’un corridor maritime de la mer Noire est essentiel pour éviter «de retirer un autre gros morceau de blé et d’autres céréales du marché», a affirmé l’analyste Osnato.
L’Ukraine peut également envoyer sa nourriture par voie terrestre à travers l’Europe, mais ces routes ont une capacité inférieure à celle des expéditions maritimes et ont semé la désunion au sein de l’Union européenne.
Cela survient alors que des pays comme le Maroc, la Tunisie, l’Algérie, la Syrie et d’autres en Afrique de l’Est — gros importateurs de denrées alimentaires — sont confrontés à la sécheresse et à des problèmes économiques susceptibles de maintenir les prix des denrées alimentaires à un niveau élevé.
«Les pénuries de nourriture dans le système et le manque d’engrais abordables continuent de faire grimper les prix, ce qui rend difficile pour les familles de pays comme la Somalie de prédire si elles pourront se permettre un repas le lendemain», a expliqué Shashwat Saraf, directeur des urgences pour l’Afrique de l’Est au Comité international de secours.
Avec des informations d’Andrew Katell à New York ; de Evelyne Musambi à Nairobi, Kenya ; d’Edith M. Lederer aux Nations Unies ; et de Dasha Litvinova à Tallinn, en Estonie.