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La ministre Joly a déclaré qu'elle se concentrait sur le maintien d'une relation positive avec le Mexique.
La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, n'a pas l'intention d'intensifier la guerre des mots avec le Mexique, après que la présidente Claudia Sheinbaum a critiqué la culture du Canada et sa façon de traiter les questions frontalières.
«Je crois fondamentalement que lorsqu'il s'agit de diplomatie, de nombreuses conversations sont toujours meilleures lorsqu'elles restent privées», a déclaré Mme Joly lundi lors d'une téléconférence depuis Bruxelles.
L'accrochage entre les deux partenaires commerciaux avait commencé dès la déclaration de Donald Trump le 25 novembre sur les tarifs douaniers. Le président élu américain a annoncé qu'il prévoyait imposer des tarifs de 25 % sur toutes les exportations du Canada et du Mexique à moins que ces deux pays ne mettent un terme au flux de migrants et de drogues illégales vers les États-Unis.
Plusieurs responsables fédéraux et provinciaux au Canada ont réagi en affirmant que les problèmes à la frontière canadienne étaient bien différents de ceux rencontrés à la frontière mexicaine.
Le premier ministre Justin Trudeau, par exemple, a exprimé ses inquiétudes quant au fait que le niveau d'investissement chinois au Mexique allait à l'encontre des objectifs de sécurité économique d'Ottawa et de Washington.
Certains premiers ministres provinciaux ont même suggéré à Ottawa de négocier un accord commercial avec Washington sans le Mexique, en prévision de la révision en 2026 de l'Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM), qui a remplacé l'ALENA pendant le premier mandat de M. Trump à la Maison-Blanche.
Lors d'une conférence de presse lundi, la présidente Sheinbaum a déclaré que «le Mexique devait être respecté, surtout par ses partenaires commerciaux». Elle a également noté que le Canada, plus que le Mexique, avait «un très grave problème de consommation de fentanyl», peut-être à cause de certaines mesures de dépénalisation des drogues.
«Nous n'allons pas tomber dans le piège de la provocation de celui qui est le meilleur pays», a-t-elle déclaré, attribuant certaines critiques canadiennes à des manœuvres électoralistes. «Le Mexique ne devrait pas être utilisé dans le cadre de campagnes électorales (canadiennes)», a déclaré la présidente mexicaine.
La présidente Sheinbaum a également déclaré que le Canada «ne pourrait que rêver de bénéficier des richesses culturelles du Mexique», en rappelant que les civilisations mexicaines remontaient à des milliers d'années.
Invitée à répondre mardi, la ministre Joly a déclaré qu'elle s'adressait aux responsables mexicains après avoir discuté avec les Américains, notamment au sujet de «l'accord commercial très important» qui inclut les trois pays.
«Je sais qu'il y a eu de nombreuses discussions au Canada sur la manière dont nous pouvons travailler ensemble et comment nous pouvons, en même temps, protéger nos intérêts», a-t-elle dit. «Nous avons une relation positive avec le Mexique et nous devons travailler avec ce pays; c'est certainement mon objectif.»
Christopher Sands, directeur de l'Institut canadien au Woodrow Wilson Center à Washington, croit que les tensions entre les deux pays se sont manifestées lors de la renégociation de l'ALENA, lorsque la communication entre Ottawa et Mexico était limitée. «La relation Canada-Mexique a toujours été le maillon le plus faible du triangle nord-américain», estime-t-il.
«On a souvent senti pendant les négociations (de l'ACEUM) que le Mexique était prêt à faire cavalier seul, et que le Canada, en particulier vers la fin, était à l'écart et devait se frayer un chemin pour revenir à la table des négociations.»
Mais selon M. Sands, Washington préférerait un accord commercial tripartite. «Les États-Unis sont probablement le plus trilatéral des trois», a-t-il déclaré, avec une mise en garde. «Je pense que Donald Trump envisage la situation à l'horizon 2026 et se dit: 'Super! Diviser pour régner'».
M. Sands estime que la présidente Sheinbaum et son prédécesseur, Andrés Manuel López Obrador, ont mis en œuvre des politiques nationalistes qui sont en contradiction avec Washington.
«Le gouvernement mexicain a évolué dans une direction qui est contraire au projet nord-américain (en) nationalisant des pans de l'économie, en inversant les réformes énergétiques, en concluant des accords avec les cartels [de la drogue]. Ils travaillent parfois en coopération avec les Américains aux frontières, et parfois non.»
Mme Sheinbaum a indiqué il y a une semaine qu'elle écrirait une lettre à M. Trudeau. Cette lettre n'a pas été rendue publique, bien que la présidente mexicaine ait publié la lettre qu'elle a envoyée à M. Trump après son annonce du 25 novembre.