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La nouvelle autorisation ministérielle — que certains appellent le «droit de polluer» — confirme l’exigence de la Fonderie Horne de resserrer progressivement les concentrations d’arsenic d'ici 2027.
La nouvelle autorisation ministérielle — que certains appellent le «droit de polluer» — confirme l’exigence de la Fonderie Horne à Rouyn-Noranda de resserrer progressivement les concentrations d’arsenic pour atteindre le 15 nanogrammes par mètre cube d’air (ng/m3) en 2027.
L’objectif de Québec demeure d’atteindre la limite du 3 ng/m3 le plus rapidement possible. C’est pourquoi Glencore, la firme opératrice de la Fonderie Horne, devra soumettre un plan au plus tard le 31 décembre 2027 pour atteindre cette cible.
Voyez notre reportage sur ce sujet dans la vidéo.
C’est ce qu’a annoncé le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette, et la ministre des Affaires municipales et ministre responsable de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Andrée Laforest, lors d’une conférence de presse.
«C'est un dossier prioritaire pour moi, et c'est pourquoi la nouvelle autorisation sera plus exigeante sur tous les points, afin de répondre aux préoccupations de la communauté», a soutenu le ministre Charette.
Le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette. Crédit photo: Samuel Deschênes, Noovo Info
À terme, soit à la cinquième année de son plan 2023-2028, Glencore devra respecter les normes du Règlement sur l’assainissement de l’atmosphère (RAA) pour tous les autres métaux, soit le plomb et le cadmium.
L’autorisation ministérielle exige également le début de travaux pour l’ajout de trois stations de mesure et suivi de l’air ambiant autour de l’établissement, ainsi que de nouvelles normes et le resserrement des normes existantes pour les eaux usées.
Enfin, le gouvernement établit de nouvelles conditions pour le transport et le suivi des intrants utilisés dans la production de cuivre.
Selon Glencore, ces cibles sont réalistes et le travail pour les atteindre serait déjà commencé.
«Les efforts sont mis, les équipes sont mobilisées [...] le tout est lancé», a avancé la directrice de l’environnement en Amérique du Nord pour Glencore, Marie-Élise Viger.
Des membres de Mères au front de Rouyn-Noranda n’étaient visiblement pas impressionnées par la nouvelle autorisation ministérielle. Plusieurs attendaient devant le lieu où s’est tenue la conférence de presse pour brandir leurs affiches.
«Votre cancer, gracieuseté de la Fonderie Horne», peut-on lire sur une des affiches.
Crédit photo: Samuel Deschênes, Noovo Info
Une plateforme publique pour la diffusion des données de la Fonderie Horne sera disponible dans un délai de 90 jours.
En août dernier, Glencore avait annoncé l’investissement de 500 millions de dollars pour atteindre un seuil d’émission d’arsenic de 15 ng/m3 en 2027, comme l’ont demandé les autorités québécoises de santé publique et le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC).
Avant d’atteindre la limite de 15 ng/m3 à l’été 2027, la fonderie projette d’arriver à une cible de 65 ng/m3 l’année prochaine et de 45 ng/m3 en 2025.
La dernière entente avec le gouvernement, qui a été signée en 2017, permettait que les émissions de la fonderie atteignent une moyenne annuelle de 100 ng/m3, soit 33 fois plus que la norme québécoise.
En plus de la nouvelle autorisation ministérielle, le gouvernement du Québec prévoit une enveloppe de 88,3 millions de dollars dans le cadre de son plan «pour soutenir Rouyn-Noranda».
Ce plan prévoit la relocalisation progressive de 200 ménages situés près de la Fonderie Horne.
Glencore devra ainsi payer pour acquérir et démolir 80 immeubles dans le nord du quartier Notre-Dame, pour ensuite procéder au verdissement des terrains.
Lors d'un breffage technique destiné aux médias jeudi matin, des fonctionnaires ont expliqué que c'est la multinationale qui déterminera le prix des bâtiments, mais les propriétaires seront «accompagnés» par un comité composé de membres du gouvernement du Québec et de la Ville de Rouyn-Noranda.
«Ils pourront habiter leur demeure jusqu'à ce que leur nouvelle habitation soit prête», a indiqué la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, lors d'une conférence de presse.
À l'Assemblée nationale jeudi matin, le ministre délégué à l'Économie, Christopher Skeete, a indiqué que «personne ne va être obligé de quitter sa maison si ce n'est pas son choix».
Questionné quant à la possibilité que des citoyens refusent de partir de leur quartier, l'un des fonctionnaires mandatés pour répondre aux journalistes lors du breffage technique a répondu que «l'idée est de mettre les citoyens au cœur des décisions, quand on sera à la rivière, on traversera le pont».
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Cependant, le comité citoyen Arrêt des rejets et émissions toxiques à Rouyn-Noranda n’est pas convaincu de l’honnêteté de Glencore dans cette approche.
«Il devrait y avoir un soutien indépendant payé par Glencore pour les gens [...] en droit, en travail social, en avocat, pour que leurs besoins soient vraiment évalués», a soutenu le porte-parole du comité, Nicole DesGagnés.
De son côté, la mairesse de Rouyn-Noranda, Diane Dallaire a voulu paraître rassurante et a soutenu que la municipalité allait «jouer son rôle de leadership» durant cette période de transition, a-t-elle dit au bulletin Noovo Le Fil 17.
La responsable de Québec solidaire (QS) en matière d’Environnement, Alejandra Zaga Mendez, avait fortement réagi à cette mesure qui avait été dévoilée mercredi.
«La CAQ s’est mise à genoux devant la Fonderie Horne, comme le PQ et le PLQ avant eux», avait exprimé Mme Mendez.
Le Parti québécois (PQ) avait également critiqué cette approche.
«L’autre grand problème», selon le député Joël Arsenault, «c’est qu’on veuille le faire avec une contribution de 85 millions de dollars du gouvernement du Québec, à une compagnie qui va, cette année, ou en 2022, avoir des bénéfices nets de l’ordre de 18 milliards $ US».
De son côté, le Parti libéral du Québec (PLQ) a choisi d’attendre le dévoilement du plan avant de se prononcer pleinement.
Voyez le reportage d'Anaïs Elboujdaini sur ce sujet dans la vidéo.
Le plan de Québec «pour soutenir Rouyn-Noranda» prévoit aussi la création d’un observatoire de recherche, en collaboration avec l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, monnayant un investissement de 10 millions de dollars. L’objectif est de créer une table de concertation interdisciplinaire afin de trouver des améliorations, notamment en matière d’économie, de santé publique et d’hygiène industrielle, peut-on lire dans la fiche technique du gouvernement.
Une autre enveloppe de 16,1 millions de dollars est prévue pour le soutien au développement local. L’objectif est de donner à la municipalité les moyens de «développer l’image, l’emploi et l’attractivité» de sa région.
Avec des informations de Samuel Deschênes, Noovo Info, et de la Presse canadienne