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La présidente Mélanie Hubert croit que le gouvernement Legault tente de «restreindre» les sujets en jeu aux tables de négociation.
La Fédération autonome de l'enseignement (FAE) est prête pour un blitz de négociations, mais se dit insatisfaite des sujets que le gouvernement Legault veut amener aux discussions.
Tout indique donc que se poursuivra la grève générale illimitée des quelque 66 000 enseignantes et enseignants membres de ce syndicat, et ce, jusqu'après les Fêtes, bien que la FAE se dit prête à négocier pendant le congé traditionnel.
«On a fait 22 jours de grève générale illimitée et ce n'est certainement pas pour nous laisser dicter notre conduite», a déclaré la présidente Mélanie Hubert dans une vidéo diffusée sur Facebook, vendredi.
Qu'à cela ne tienne, la FAE dit avoir fait parvenir ses doléances à la partie patronale, et la présidente s'attend à ce que les pourparlers reprennent «assez intensivement dans les prochaines heures». «On veut mettre de l'avant des sujets qui n'ont pas été ciblés par la partie patronale», a soulevé Mme Hubert.
Concernant l’entente de principe survenue entre la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE-CSQ) et le gouvernement du Québec au cours des dernières heures, la FAE affirme qu’elle évaluera l’impact de cette entente sur sa propre négociation, mais que le contenu «ne change rien à ses objectifs et ses revendications».
«Nos demandes sont justes et pour le moment la partie patronale ne reconnait toujours pas les besoins de l’éducation des adultes (…) et la formation professionnelle est toujours mise à mal», a affirmé Mélanie Hubert ajoutant que les propositions soumises jusqu'à maintenant par le gouvernement «ne constituaient pas pour la FAE une entente de principe».
«On est déterminé à conclure une entente, mais pas à n’importe quel prix. On sera disponible pendant toute la période du congé des Fêtes pour négocier s’il le faut, mais on ne le fera pas au rabais.»
Des rassemblements avaient lieu vendredi devant les bureaux du premier ministre François Legault à Montréal en appui au personnel du milieu de l'éducation. Des enseignantes et enseignants de la FAE dont la convention collective est échue depuis longtemps sont en grève générale illimitée depuis le 23 novembre dernier.
Un peu après 11h, des autobus scolaires remplis de grévistes et de sympathisants se sont stationnés sur la rue Sherbrooke devant les bureaux du premier ministre, en préparation de la manifestation.
À midi, des centaines de manifestants ont décidé de bloquer la circulation sur la rue Sherbrooke, coin McGill College. «Plus la CAQ nous méprise, plus on se mobilise», se sont mis à scander les manifestants.
Au son des klaxons et des trompettes, plusieurs manifestants agitaient des drapeaux rouges de la FAE.
«Je suis passionnée par mon métier, mais je dois faire des choix pour ma famille et puis je suis en réflexion, entre autres pour savoir si je reste dans ce métier-là», a expliqué Rosalie Gaudreault, une enseignante qui manifestait et qui est «tombée au combat à la fin mai».
Cet arrêt de travail aurait pu être évité, selon elle, s'il y avait une «meilleure composition de la classe».
Cette demande est au coeur des revendications des enseignants.
«Moi, entre autres, sur vingt-trois élèves, j'avais dix-sept élèves à besoin, avec adaptation scolaire. J'avais une éducatrice spécialisée dans la classe, mais elle n'était pas à temps plein», a expliqué l'enseignante de 3e année en ajoutant qu'à son école, «les professeurs ont besoin d'aide».
Rosalie Gaudreault travaille dans une école de Laval, «dans un milieu défavorisé et multiculturel» où «il y a des enfants qui n'ont pas été scolarisés pendant trois ans parce qu'ils ont vécu la guerre».
La FAE réclame notamment plus de classes spécialisées pour offrir les services appropriés aux élèves qui ont des besoins particuliers.
«On a des enfants de maternelle qui arrivent de l'étranger, mais il n'y a pas de classe d'accueil pour le préscolaire. Certains enfants ne parlent pas français, certains ne sont pas propres, il y en a qui n'ont jamais vu de livres de leur vie, on a beaucoup de besoins», a expliqué l'enseignante à La Presse Canadienne.
Rosalie Gaudreault a tenu à préciser qu'elle «aime sincèrement ce qu'elle fait» et qu'elle veut continuer à enseigner.
«J'aimerais simplement ne pas tomber en épuisement à nouveau», a-t-elle expliqué.
Ce n'est pas de la faute aux profs si on est encore dehors aujourd'hui», a indiqué Annie Bélanger, enseignante de français, à La Presse Canadienne.
«C'est le gouvernement qui ne bouge pas et qui ne veut pas améliorer la composition de la classe. Tant qu'il n'y aura pas d'amélioration dans la composition de la classe, on va continuer d'avoir des enseignantes qui tombent au combat», a ajouté l'enseignante.
Même si le gouvernement et la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE), un regroupement syndical distinct de la FAE, ont convenu vendredi matin, d'une proposition de règlement sectoriel, Annie Bélanger, qui est représentée par la FAE, ne semblait pas très optimiste en ce qui a trait aux négociations.
«Ça fait 22 jours qu'on est en grève et ça fait quatre shows de boucane qu'on a, alors moi, je garde mes réserves. J'ai de l'espoir, mais en même temps, je me dis qu'il ne faut pas en avoir trop».
L'enseignante en grève a ajouté que la FAE, dont la majorité des membres sont des professeurs qui enseignent à Montréal, n'a pas exactement «les mêmes priorités» et les mêmes revendications que les autres syndicats d'enseignants.
«Car on n'a pas nécessairement les mêmes problématiques», a expliqué Annie Bélanger.
Les organisateurs souhaitent «bien faire comprendre au gouvernement qu'il doit arriver à une entente négociée maintenant avec les enseignant.e.s et tous ceux et celles qui travaillent dans les écoles publiques», peut-on lire sur la page Facebook de l'événement.
«Parce que le 8 janvier, les enfants du Québec doivent retourner à l'école dans un système d'éducation en meilleure santé!» poursuit-on.
Plusieurs personnalités du milieu artistique ont participé à cette manifestation présentée comme un «grand rassemblement citoyen pour sauver l'école publique».
Le comédien Emmanuel Bilodeau, qui s'est qualifié de «parent fâché» dont «la limite est atteinte», a notamment pris la parole devant la foule.
«Les enseignants et enseignantes sont incapables en ce moment d'enseigner à la hauteur de leurs rêves avec un gouvernement qui ne semble pas prendre leur destinée au sérieux. En campagne électorale, M. Legault a répété que l'éducation était sa priorité. Je ne comprends pas. C'est quoi la stratégie actuelle du gouvernement?» a demandé le comédien.
Emmanuel Bilodeau a indiqué qu'il «propose humblement des états généraux sur l'éducation, mais d'abord un État généreux pour l'éducation».
Vincent Bolduc, Catherine Ethier, Simon Boulerice, Sophie Cadieux, Anaïs Barbeau-Lavalette, Vincent-Guillaume Otis et Isabelle Blais faisaient également partie des artistes présents sur une tribune installée sur le trottoir, en face du bureau du premier ministre.
Jeudi, plusieurs centaines de grévistes de la FAE ont bloqué les accès aux ports de Montréal, sur la rue Notre-Dame, en signe de protestation contre le gouvernement de François Legault «qui les mène en bateau». Une manifestation similaire a eu lieu du côté du port de Québec.
Avec de l'information de Stéphane Blais de La Presse canadienne et d'Étienne Phénix pour Noovo Info.