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Un parti gouvernemental ultra-dominant et une opposition fragmentée sont les pires ingrédients pour une bonne participation au scrutin du 3 octobre.
Un parti gouvernemental ultra-dominant et une opposition fragmentée sont les pires ingrédients pour une bonne participation au scrutin du 3 octobre.
Ce scénario a été joué en Ontario, pas plus tard que l'an dernier. Résultat: la victoire des progressistes-conservateurs de Doug Ford s'est accompagnée du plus faible taux de participation électorale de l'histoire récente ontarienne à environ 43 %.
La cheffe libérale Dominique Anglade, dont le parti en arrache dans les sondages, n'a pu s'empêcher de faire référence à la province voisine lorsqu'elle a lancé un appel au vote, la semaine dernière.
«Sortez et votez, a déclaré Mme Anglade. On a vu ce qui s'est passé en Ontario.»
DOSSIER | Élections Québec 2022
Pour des observateurs, l'absence d'un sujet polarisant ou d'une course serrée a des répercussions sur le taux de participation.
Un scrutin «dont les résultats semblent connus d'avance» peut décourager les électeurs craignant de ne pas pouvoir faire une différence, souligne Peter Graefe, un professeur de science politique de l'Université McMaster.
Cela peut être le cas des sympathisants libéraux, dans la mesure où leur parti ne formera vraisemblablement pas le gouvernement. Le PLQ, qui peine à attirer l'électorat francophone, s'est aussi aliéné une partie de sa base anglophone.
D'un autre côté, d'autres électeurs, notamment ceux du Parti conservateur, sont sans doute plus motivés à se rendre aux urnes, croit le Pr Graefe.
La course pour le deuxième rang, qui permettra «aux vainqueurs» de former l'opposition officielle à l'Assemblée nationale, pourrait convaincre une partie de l'électorat à voter, signale Geneviève Tellier, une professeure de sciences politiques à l'Université d'Ottawa.
Selon le dernier sondage de la firme Léger, la Coalition avenir Québec caracole en tête à 38%. Trois partis - le Parti libéral, le Parti conservateur et Québec solidaire - partagent le deuxième rang à 16 %. Le Parti québécois suit à 13 %.
La Pre Tellier estime que ce sondage laisse entrevoir des luttes serrées dans un certain nombre de circonscriptions.
«Il pourrait avoir quelques surprises», note-t-elle.
Une course à cinq parties, une rareté, pourrait aussi stimuler l'intérêt de la population, mentionne la politologue.
La seule fois où cinq partis ont été représentés à l'Assemblée nationale au terme d'un scrutin remonte à novembre 1976. À l'époque, des candidats du Parti québécois, du Parti libéral, de l'Union nationale, du Ralliement créditiste et du Parti national populaire avaient été élus.
La Pre Tellier souligne que la souveraineté n'étant plus un enjeu électoral, cela donne l'occasion aux citoyens de fonder leur vote sur d'autres sujets qui les préoccupent. «Ainsi, les gens s'intéresseront à divers sujets et cela pourrait dicter leur choix d'une façon différente», soutient-elle.
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Peter Graefe croit que l'absence de la souveraineté pourrait au contraire inciter les électeurs à rester chez eux dans la mesure où les enjeux sont moins élevés. «Comme cette question existentielle n'est plus présente, ces élections ressemblent à celles qui se déroulent dans les autres provinces.»
Mais l'indécision demeure présente. La Montréalaise Patricia Machabée et son mari ne savent pas s'ils se rendront aux urnes.
Même si elle considère le vote comme un devoir civique, elle n'est guère motivée en raison de la trop grande avance que semble avoir la CAQ. «Mon vote ne comptera pas vraiment», déplore-t-elle.
Et les autres partis l'indiffèrent tout au plus. «J'ai presque toujours voté pour les libéraux, mais cette fois-ci, personne ne m'emballe. Je vais devoir réfléchir à ce que je vais faire.»