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«Nous ne traiterons pas avec les gens comme l’a fait la famille Assad.»
L'ancien dirigeant syrien Bachar al-Assad a fui à Moscou et a reçu l'asile de son allié de longue date, ont rapporté dimanche les médias russes, quelques heures après qu'une avancée rebelle spectaculaire a pris le contrôle de Damas et mis fin à 50 ans de règne de fer de sa famille.
Des foules joyeuses se sont rassemblées sur les places centrales de Damas, brandissant le drapeau révolutionnaire syrien dans des scènes qui rappellent les premiers jours du soulèvement du printemps arabe, avant qu’une répression brutale et la montée d’une insurrection ne plongent le pays dans une guerre civile qui dure depuis près de 14 ans.
D’autres ont saccagé le palais présidentiel après la fuite du président Bachar el-Assad ainsi que de hauts fonctionnaires. Plus tôt, la Russie avait déclaré qu'Assad avait quitté la Syrie après des négociations avec les groupes rebelles et qu'il avait donné des instructions pour un transfert pacifique du pouvoir.
La Russie a demandé une session d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU pour discuter de la Syrie, selon Dmitri Polianski, son ambassadeur adjoint à l'ONU, dans un message sur Telegram.
L'arrivée d'Assad et de sa famille à Moscou a été rapportée par les agences russes Tass et RIA, citant une source non identifiée au Kremlin. Un porte-parole de ce pays n'a pas immédiatement répondu aux questions. RIA a également indiqué que les insurgés syriens avaient garanti la sécurité des bases militaires et des postes diplomatiques russes en Syrie.
Abu Mohammed al-Golani, un ancien commandant d'Al-Qaida qui a rompu ses liens avec le groupe il y a plusieurs années et qui affirme embrasser le pluralisme et la tolérance religieuse, dirige la plus grande faction rebelle et est sur le point de déterminer la direction future du pays.
La fin du régime d'Assad porte un coup dur à l'Iran et à ses alliés, déjà affaiblis par plus d'un an de conflit avec Israël. Les rebelles sont maintenant confrontés à la tâche de combler les divisions amères dans un pays ravagé par la guerre et toujours divisé entre différentes factions armées. Les combattants de l’opposition soutenus par la Turquie combattent des forces kurdes alliées aux États-Unis dans le nord, et le groupe État islamique est toujours actif dans certaines régions éloignées.
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La télévision d’État syrienne a diffusé une vidéo dimanche dans laquelle un groupe de rebelles soutient que Bachar el-Assad a été renversé et que tous les prisonniers ont été libérés. Ils ont appelé les gens à préserver les institutions de «l’État syrien libre». Les rebelles ont annoncé plus tard un couvre-feu à Damas de 16h à 5h.
Les rebelles ont dit avoir libéré des personnes détenues dans la célèbre prison de Saidnaya, où des groupes de défense des droits de la personne disent que des milliers de personnes ont été torturées et tuées. Une vidéo circulant en ligne prétend montrer des rebelles brisant les portes de cellules ouvertes et libérant des dizaines de prisonniers, dont beaucoup semblaient confus. On pouvait voir au moins un jeune enfant parmi eux.
Le commandant rebelle Anas Salkhadi, qui a fait une apparition à la télévision d’État plus tard dans la journée, a tenté de rassurer les minorités religieuses et ethniques syriennes.
Les habitants de Damas se sont réunis pour prier dans les mosquées et célébrer sur les places publiques en chantant «Dieu est grand». Les gens ont aussi scandé des slogans anti-Assad et fait entendre les coups de klaxon de leur véhicule. Des adolescents ont ramassé des armes qui avaient apparemment été abandonnées par les forces de sécurité et ont tiré des coups en l’air.
Les manifestants ont rempli la place des Omeyyades dans le centre-ville, où se trouve le ministère de la Défense. Des hommes ont tiré des coups de feu en l’air et certains ont brandi le drapeau syrien à trois étoiles, qui date d’avant le gouvernement Assad et a été adopté par les révolutionnaires.
Des soldats et des policiers ont quitté leurs postes et se sont enfuis, et des pillards ont pénétré dans le ministère de la défense. Des vidéos en provenance de Damas ont montré des familles errant dans le palais présidentiel, certaines en sortant avec des piles d'assiettes et d'autres articles ménagers.
«Je n'ai pas dormi la nuit dernière et j'ai refusé de dormir jusqu'à ce que j'apprenne la nouvelle de sa chute», a lancé Mohammed Amer Al-Oulabi, 44 ans, qui travaille dans le secteur de l'électricité. «D'Idlib à Damas, il ne leur a fallu (aux forces d'opposition) que quelques jours, Dieu merci. Que Dieu les bénisse, ces lions héroïques qui nous ont rendus fiers.«
Le journal ajoute que les travailleurs des médias ne devraient pas être blâmés pour avoir publié des déclarations du gouvernement dans le passé, puisqu'ils ont «suivi les instructions et publié les nouvelles qu’ils leur avaient été envoyées».
Une déclaration de la secte alaouite — à laquelle appartient Bachar el-Assad et qui a formé le noyau de sa base — appelle les jeunes Syriens à être «calmes, rationnels et prudents et à ne pas se laisser entraîner dans ce qui déchire l’unité du pays».
Les rebelles proviennent principalement de la majorité musulmane sunnite en Syrie, qui compte également des communautés druzes, chrétiennes et kurdes.
Une vidéo diffusée par les médias syriens d’opposition montre un groupe d’hommes armés escortant dimanche le président Bachar el-Assad hors de son bureau et à l’hôtel Four Seasons.
Rami Abdurrahman, de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, a déclaré à The Associated Press qu’Assad était sur un vol dimanche qui a quitté Damas.
Un diplomate de haut rang des Émirats arabes unis, qui avait cherché à réhabiliter l’image d’Assad et a accueilli des exilés de premier plan ces dernières années, a refusé de commenter son lieu de résidence lorsqu’il a été interrogé par des journalistes lors d’une conférence au Bahreïn.
Anwar Gargash a déclaré que la destination de Bachar el-Assad à ce stade-ci est un «bas de page dans l’histoire », en faisant une comparaison avec le long exil du kaiser allemand Guillaume II après la Première Guerre mondiale.
Bachar el-Assad a été accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, y compris une attaque à l’arme chimique en 2013 dans les faubourgs de la capitale.
Il n’y a pas eu de commentaire immédiat de la part de l’Iran, qui avait été le plus fervent partisan du président déchu. L’ambassade de l’Iran à Damas a été saccagée après avoir apparemment été abandonnée.
Les avancées des rebelles depuis le 27 novembre ont été les plus importantes de ces dernières années. Les villes d'Alep, de Hama et de Homs sont tombées en quelques jours, tandis que l'armée syrienne se dispersait. La Russie, l'Iran et le groupe militant libanais Hezbollah, qui ont apporté un soutien crucial à M. Assad tout au long du soulèvement, l'ont abandonné dans les derniers jours, car ils ont été ébranlés par d'autres conflits.
Les rebelles sont dirigés par le groupe Hayat Tahrir al-Sham, ou HTS, qui tire ses origines d'Al-Qaïda et est considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis et les Nations unies.
Son chef, M. al-Golani, s'est efforcé de présenter le groupe comme une force modérée et tolérante. HTS a mis en place un « gouvernement du salut » en 2017 pour administrer une vaste région du nord-ouest de la Syrie sous son contrôle.
«Golani a marqué l'histoire et suscité l'espoir de millions de Syriens», a indiqué Dareen Khalifa, conseiller principal auprès de l'International Crisis Group et expert des groupes syriens. «Mais lui et les rebelles sont maintenant confrontés à un formidable défi. On ne peut qu'espérer qu'ils se montreront à la hauteur de la situation.»
L’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a appelé samedi à des pourparlers urgents à Genève afin d’assurer une «transition politique ordonnée».
Le Qatar, un médiateur régional clé, a accueilli samedi soir une réunion d’urgence des ministres des Affaires étrangères et des hauts fonctionnaires de huit pays ayant des intérêts en Syrie. Les participants comprenaient l’Iran, l’Arabie saoudite, la Russie et la Turquie.
Majed al-Ansari, porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar, a déclaré aux journalistes qu’ils étaient d’accord sur la nécessité de «mobiliser toutes les parties sur le terrain» et que la principale préoccupation était «la stabilité et une transition sécuritaire».
L'armée israélienne a déployé, dimanche, des forces dans une zone tampon démilitarisée le long de sa frontière nord avec la Syrie, à la suite de l'offensive des rebelles dans ce pays. Selon l'armée, ce déploiement était destiné à assurer la sécurité des résidents du plateau du Golan annexé par Israël. Israël s'est emparé de ce territoire lors de la guerre de 1967 au Proche-Orient et la communauté internationale, à l'exception des États-Unis, le considère comme occupé.