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Le premier ministre syrien a affirmé que le gouvernement était prêt à «tendre la main» à l'opposition.
Le gouvernement syrien semble être tombé tôt dimanche matin, mettant fin de manière stupéfiante à 50 ans de règne de la famille Assad, après une offensive rebelle soudaine qui a traversé le territoire contrôlé par le gouvernement et qui est entrée dans la capitale en 10 jours.
Le chef d'un observateur de guerre de l'opposition syrienne a déclaré que le président Bachar Al-Assad avait quitté le pays pour un lieu tenu secret, fuyant devant les insurgés qui ont déclaré être entrés à Damas après une avancée rapide à travers le pays.
Le premier ministre syrien Mohammad Ghazi Al-Jalali a affirmé que le gouvernement était prêt à «tendre la main» à l'opposition et à transférer ses fonctions à un gouvernement de transition.
«Je suis chez moi et je ne suis pas parti, et c'est à cause de mon appartenance à ce pays», a dit M. Jalili dans une déclaration vidéo. Il a affirmé qu'il se rendrait à son bureau pour continuer à travailler dans la matinée et a appelé les citoyens syriens à ne pas dégrader les biens publics.
Il n'a pas répondu aux informations selon lesquelles le président Al-Assad aurait quitté le pays.
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Rami Abdurrahman de l'Observatoire syrien des droits de la personne (OSDH) a dit à l'Associated Press (AP) que le président Al-Assad avait pris un vol dimanche depuis Damas.
La télévision d’État iranienne, principal soutien de M. Al-Assad pendant les années de guerre en Syrie, a rapporté que le président avait quitté la capitale. Elle a cité la chaîne d’information qatarie Al Jazeera pour l’information et n’a pas donné plus de détails.
Le gouvernement syrien n’a pas fait de déclaration immédiate.
Des foules de Syriens se sont rassemblées pour célébrer l’événement sur les places centrales de Damas, scandant des slogans anti-Assad et klaxonnant. Dans certains secteurs, des coups de feu ont retenti en guise de célébration.
«Mes sentiments sont indescriptibles», a déclaré Omar Daher, un avocat de 29 ans. «Après la peur dans laquelle lui (Assad) et son père nous ont fait vivre pendant de nombreuses années, et la panique et l’état de terreur dans lesquels je vivais, je n’arrive pas à y croire.»
M. Daher a raconté que son père avait été tué par les forces de sécurité et que son frère était en détention, son sort étant inconnu. «Assad est un criminel, un tyran et un chien», a-t-il dit.
Un journaliste de l'AP à Damas a rapporté avoir vu des groupes d'habitants armés le long de la route dans la banlieue de la capitale et avoir entendu des coups de feu. Le principal quartier général de la police de la ville semblait abandonné, sa porte entrouverte sans aucun officier à l'extérieur. Un autre journaliste de l'AP a filmé un poste de contrôle militaire abandonné où des uniformes ont été jetés au sol sous une affiche du visage du président syrien.
Les habitants de la capitale ont déclaré avoir entendu des coups de feu et des explosions. Des images diffusées par des médias liés à l'opposition ont montré un char sur l'une des places centrales de la ville, tandis qu'un petit groupe de personnes se rassemblait pour célébrer. Des cris disant «Dieu est grand» ont retenti dans les mosquées.
C’était la première fois que les forces de l’opposition atteignaient les faubourgs de Damas depuis 2018, lorsque les troupes syriennes ont repris la zone après un siège de plusieurs années.
La radio progouvernementale Sham FM a rapporté que l'aéroport de Damas avait été évacué et que tous les vols avaient été interrompus.
Les insurgés ont également annoncé qu'ils étaient entrés dans la tristement célèbre prison militaire de Saydnaya au nord de la capitale et qu'ils y avaient «libéré nos prisonniers».
La nuit précédente, les forces de l'opposition avaient pris la ville centrale de Homs, la troisième plus grande ville de Syrie, alors que les forces gouvernementales l'avaient abandonnée. La ville se trouve à une intersection importante entre Damas, la capitale, et les provinces côtières syriennes de Lattaquié et Tartous, base de soutien du dirigeant syrien et siège d'une base navale stratégique russe.
Sham FM a rapporté que les forces gouvernementales avaient pris position à l'extérieur de Homs sans donner plus de détails. Rami Abdurrahman, de l'OSDH, a déclaré que les troupes syriennes et les membres de différentes agences de sécurité se sont retirés de la ville, ajoutant que les rebelles ont pénétré dans certaines parties de celle-ci.
L'insurrection a annoncé plus tard samedi qu'elle avait pris le contrôle de Homs. La prise de la ville est une victoire majeure pour les rebelles, qui se sont déjà emparés des villes d'Alep et de Hama, ainsi que de grandes parties du sud, lors d'une offensive éclair qui a débuté le 27 novembre. Les analystes ont déclaré que le contrôle des rebelles sur Homs changerait la donne.
Les mouvements des rebelles vers Damas ont eu lieu après que l'armée syrienne se soit retirée d'une grande partie du sud du pays, laissant davantage de zones, dont plusieurs capitales provinciales, sous le contrôle des combattants de l'opposition.
Les avancées de la semaine dernière ont été de loin les plus importantes de ces dernières années pour les factions de l'opposition, dirigées par un groupe issu d'Al-Qaïda et considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis et les Nations unies. Dans leur tentative de renverser le gouvernement d'Al-Assad, les insurgés, dirigés par le groupe Hayat Tahrir Al-Cham, ou HTS, n'ont rencontré que peu de résistance de la part de l'armée syrienne.
L’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a appelé samedi à des pourparlers urgents à Genève pour assurer une «transition politique ordonnée». S’adressant aux journalistes lors du Forum annuel de Doha au Qatar, il a déclaré que la situation en Syrie changeait de minute en minute.
À Damas, les gens se sont précipités pour faire des provisions. Des milliers de personnes se sont ruées à la frontière syrienne avec le Liban, essayant de quitter le pays. De nombreux magasins de la capitale ont été fermés, a déclaré un habitant à l’Associated Press, et ceux qui sont restés ouverts ont manqué de produits de base, comme le sucre. Certains magasins vendaient des articles à trois fois le prix normal.
L'ONU a déclaré qu'elle déplaçait le personnel non essentiel hors du pays par mesure de précaution.
Au milieu de ces événements, les médias d’État syriens avaient démenti les rumeurs qui ont inondé les réseaux sociaux selon lesquelles Bachar Al-Assad aurait quitté le pays, affirmant qu’il accomplissait ses devoirs à Damas.
Le principal soutien international du président Al-Assad, la Russie, est occupé par sa guerre en Ukraine, et le puissant Hezbollah libanais, qui a envoyé à un moment donné des milliers de combattants pour renforcer ses forces, est affaibli par un conflit d’un an avec Israël. L’Iran, quant à lui, a vu ses mandataires dans toute la région être dégradés par les frappes aériennes israéliennes régulières.
Le président élu américain Donald Trump a publié samedi sur les réseaux sociaux que les États-Unis devraient éviter de s’engager militairement en Syrie. Par ailleurs, le conseiller à la sécurité nationale du président Joe Biden a déclaré que l’administration Biden n’avait aucune intention d’intervenir dans ce pays.
Geir Pedersen a déclaré qu’une date pour les pourparlers de Genève sur la mise en œuvre de la résolution 2254 de l’ONU serait annoncée ultérieurement. La résolution, adoptée en 2015, appelait à un processus politique dirigé par la Syrie, commençant par la création d’un organe de gouvernement de transition, suivi de la rédaction d’une nouvelle constitution et se terminant par des élections supervisées par l’ONU.
Plus tard samedi, les ministres des Affaires étrangères et les diplomates de haut rang de huit pays clés, dont l'Arabie saoudite, la Russie, l'Égypte, la Turquie et l'Iran, ainsi que M. Pedersen, se sont réunis en marge du sommet de Doha pour discuter de la situation en Syrie.
Dans un communiqué, les participants ont affirmé leur soutien à une solution politique à la crise syrienne «qui conduirait à la fin de l'activité militaire et protégerait les civils». Ils ont également convenu de l'importance de renforcer les efforts internationaux pour accroître l'aide au peuple syrien.