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Politique

Le ministre Roberge réfléchit à mettre fin au financement des écoles religieuses

L'objectif est que les nouveaux arrivants adhèrent à la culture commune du Québec.

Le ministre québécois de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Jean-François Roberge, présente un projet de loi à l'Assemblée nationale du Québec, le jeudi 30 janvier 2025.
Le ministre québécois de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Jean-François Roberge, présente un projet de loi à l'Assemblée nationale du Québec, le jeudi 30 janvier 2025.
Thomas Laberge
Thomas Laberge / La Presse canadienne

La fin du financement public des écoles religieuses fait maintenant partie de la réflexion du gouvernement du Québec. C’est ce qu’a indiqué le ministre de l’Immigration, Jean-François Roberge, jeudi lors du dépôt de son projet de loi sur l’intégration des nouveaux arrivants. 

En point de presse, le ministre a indiqué que «lorsque le projet de loi sera mis en œuvre, le gouvernement ne financera que des activités et des organismes qui en respectent les principes fondamentaux». Parmi ces principes, on retrouve la laïcité de l’État. 

Questionné à savoir si cela signifiait la fin du financement public des écoles religieuses, le ministre a répondu que cela faisait «partie de la réflexion». 

«J'ai maintenant le mandat du premier ministre d'évaluer tous les enjeux de la laïcité, dans tous les secteurs de la société, et il y a des réflexions qui se font à cet égard-là», a affirmé le ministre. 

«En parallèle, je travaille avec Bernard Drainville (ministre de l’Éducation) à renforcer la laïcité de l’État dans les écoles et j'ai aussi un mandat pour regarder ce qui se passe en matière d’entrisme religieux dans toutes les sphères de la société», a-t-il ajouté. 

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La question du financement des écoles religieuses a provoqué de vifs débats à l’Assemblée nationale lors de la dernière session parlementaire dans la foulée des révélations à l’école Bedford – où des manquements à la laïcité ont été constatés et où des professeurs faisaient régner un climat toxique. 

Le premier ministre François Legault avait tout d’abord écarté l’idée de cesser le financement des écoles religieuses pour finalement ouvrir la porte à cette option. 

Les partis d’opposition à l’Assemblée nationale sont tous favorables à cette idée. 

CPE et activités culturelles 

Cette idée de couper les vivres aux organismes qui ne respectent pas la laïcité pourrait aussi s’appliquer aux CPE, a dit le ministre Roberge.  

«On sait qu'en ce moment et depuis un certain temps, il y a des parents qui ne peuvent pas inscrire leurs enfants dans des services de garde qui sont subventionnés parce que, à l'entrée, on accepte des enfants en fonction de l'origine ethnique des parents ou en fonction de l'appartenance religieuse des parents. Ça, c'est clairement incompatible avec le modèle que je dépose et ça va changer», a-t-il assuré. 

Le ministre est toutefois resté plus flou sur comment ce principe s’appliquerait à des organismes ou des activités culturels qui reçoivent du financement public. 

«On n’interdit pas à des groupes ou à des communautés de se rassembler et de faire des fêtes, mais lorsque l’État organise, coordonne, finance, on veut qu’il y ait des notions d’intégration nationale, que ce soit dans une activité où on invite des gens qui ne sont pas juste des gens de la communauté ou alors qu’on fasse venir des artistes qui ne sont pas nécessairement de la communauté», a expliqué le ministre. 

«Je suis allé voir un spectacle qui témoignait très très bien de ce que ça pourrait être. Un organisme appelé Vision Diversité où on avait des gens de partout, des musiciens de partout qui faisaient des rythmes vraiment de cultures très très diverses, mais qui reprenaient des chansons québécoises», a-t-il ajouté pour illustrer son propos. 

«Modèle québécois d’intégration nationale»

Avec son projet de loi, le ministre Jean-François Roberge veut établir le «modèle québécois d’intégration nationale». 

L'objectif est que les nouveaux arrivants adhèrent à la culture commune du Québec. 

On indique que les fondements de l’«intégration nationale» sont notamment le français comme langue commune, les valeurs démocratiques, l’égalité homme-femme, la laïcité de l’État et «la primauté des lois sur les diverses cultures et les religions». 

Le texte du projet de loi indique également qu’il «modifie la Charte des droits et libertés de la personne notamment pour y énoncer que les droits et libertés de la personne s’exercent dans le respect du modèle québécois d’intégration nationale».

«On voulait justement être certain que des personnes n'évoquent pas notre charte, nos lois québécoises, pour essayer de faire invalider certains principes», a expliqué le ministre. 

Jean-François Roberge a aussi affirmé qu’il pourrait revoir le test de valeurs pour les immigrants. 

Avec son projet de loi, le ministre souhaite prendre le contre-pied du multiculturalisme canadien.

Thomas Laberge
Thomas Laberge / La Presse canadienne