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Société

Inquiétude autour de l'autonomie alimentaire du Québec

Le gouvernement Legault a beau injecter 175 millions de dollars dans la productivité agricole du Québec, l’investissement risque de ne pas suffire pour assurer l’autonomie alimentaire de la province si les fonds sont mal utilisés, s’inquiète Équiterre.

François Legault lors d'une visite d'une serre de Savoura à Sainte-Sophie, en juin 2023.
François Legault lors d'une visite d'une serre de Savoura à Sainte-Sophie, en juin 2023.
/ Noovo Info

Le gouvernement Legault a beau injecter 175 millions de dollars dans la productivité agricole du Québec, l’investissement risque de ne pas suffire pour assurer l’autonomie alimentaire de la province si les fonds sont mal utilisés, s’inquiète Équiterre.

La vision actuelle de Québec «ne permettra pas de renverser la tendance» de sa population à ne pas «se nourrir de manière saine et durable», a déclaré Carole-Anne Lapierre, agronome et analyste en agriculture et systèmes alimentaires chez Équiterre, dans un communiqué envoyé mercredi.

Une part de l’inquiétude de Mme Lapierre vient des résultats d’une nouvelle étude de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC). En outre,  «dans les 50 dernières années, l’autonomie alimentaire du Québec est passée d’environ 75% à 35%», selon des données avancées en 2020 par le professeur Patrick Mundler, économiste spécialisé en agriculture à l'Université Laval.

Dans l’investissement du gouvernement Legault, déployé sur cinq ans, 100 millions de dollars doivent aller à la transformation alimentaire pour «encourager la robotisation et l’implantation de systèmes de gestion de la qualité de la production» parce qu’il y a «une urgence de produire plus au Québec», selon le premier ministre.

Un autre 45 millions de dollars servira à développer les initiatives en productivité végétale, et les 30 millions restants serviront à soutenir les productions de fruits et de légumes en serre à travers la province tout en modernisant les installations existantes.

Cette distribution des fonds laisse Équiterre perplexe, parce qu’elle consacre des dizaines de millions de dollars à des solutions agroalimentaires «misant avant tout sur la technologie».

«Ces annonces et ces sommes attribuées engagent […] le secteur agroalimentaire québécois sur un chemin hasardeux et nous éloignent de solutions efficaces et surtout moins coûteuses», a souligné Carole-Anne Lapierre dans un échange de courriels avec Noovo Info.

«Produire des chips et de la pizza congelée transformés ici avec des ingrédients importés voire même locaux constitue pour certains une façon de bâtir l’autonomie alimentaire. Ce n’est pas tout à fait faux, mais l’étude montre que ce n’est pas durable sur le plan environnemental ni bénéfique pour la santé des gens.»
- Carole-Anne Lapierre, agronome et analyste en agriculture et systèmes alimentaires chez Équiterre

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L’étude de l’IREC propose des pistes de solutions «pour en arriver à une autonomie alimentaire saine et durable». Il faudrait, selon l’IREC et ses partenaires, soit Équiterre, le Collectif vital et la Chaire de recherche du Canada sur les inégalités en nutrition et santé, recadrer les efforts en autonomie alimentaire vers une «transition écologique de la terre à l’assiette» avec des cultures émergentes d’ici, bénéfiques à la santé des sols, et substituer leur importation par de la production locale.

En outre, il faudrait selon l’IREC réduire la part des aliments ultra-transformés dans nos menus, un objectif qui peut s’accomplir par l’entremise de l’étiquetage et la traçabilité des aliments sains et peu transformés.

Note de la rédaction: La version initiale de cet article attribuait les pourcentages d'autonomie alimentaire du Québec à l'IREC, alors qu'ils sont en fait attribuables à Patrick Mundler, de l'Université Laval. Pour plus d’information, consultez les normes éditoriales de Noovo Info.