Passer au contenu principal
À voir:

Début du contenu principal.

International

Trump et Poutine privilégient un cessez-le-feu centré sur les cibles énergétiques

Les deux dirigeants ont discuté pendant plus d'une heure.

Reportage vidéo :
Aamer Madhani
Texte :
Aamer Madhani

Mardi, lors d'un long entretien téléphonique, le président américain, Donald Trump, et le président russe, Vladimir Poutine, ont convenu d'une pause immédiate des frappes contre les cibles énergétiques et d'infrastructures dans le conflit russo-ukrainien. Cependant, le dirigeant russe n'a pas soutenu la trêve plus large de 30 jours réclamée par l'administration américaine. 

Washington a décrit cet accord comme la première étape d'un «mouvement vers la paix» qui, espère-t-elle, comprendra à terme un cessez-le-feu maritime en mer Noire et une cessation totale et durable des combats.

Rien n'indique que M. Poutine ait renoncé à ses précédentes conditions, farouchement contestées par Kyiv, concernant un cessez-le-feu plus large. La Russie souhaite notamment que l'Ukraine renonce à toute adhésion à l'OTAN, réduise de façon draconienne ses effectifs militaires et protège la langue et la culture russes afin de maintenir le pays dans l'orbite de Moscou.

En fait, le dirigeant russe a réitéré, lors de cette conversation téléphonique, sa demande de cessation de l'aide militaire et au renseignement à l'Ukraine, selon le Kremlin.

Peu après la fin de l'appel, des alertes aux raids aériens ont retenti à Kyiv, suivies d'explosions dans la ville. Les autorités locales ont exhorté la population à se mettre à l'abri.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a déclaré aux journalistes que l'Ukraine était ouverte à toute proposition menant à une paix durable et juste, mais a souligné la nécessité d'une transparence totale dans les discussions.

«Nous devons comprendre l'objet de la conversation, a fait valoir M. Zelensky. Quels sont les détails? Et nous espérons que nous serons pleinement informés et que nos partenaires discuteront de tout avec nous.»

Il a ajouté: «Il y a deux camps dans cette guerre: la Russie et l'Ukraine. Essayer de négocier sans l'Ukraine, à mon avis, ne sera pas productif.»

Des responsables ukrainiens avaient proposé un cessez-le-feu limité couvrant la mer Noire, les frappes de missiles longue portée et la libération de prisonniers lors de leur rencontre avec la délégation américaine en Arabie saoudite ce mois-ci.

Donald Trump a immédiatement salué l'évolution de la situation mardi, la qualifiant d'étape majeure vers son objectif ultime: mettre fin à la plus grande guerre terrestre en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale.

«Nous avons convenu d'un cessez-le-feu immédiat sur l'ensemble du secteur de l'énergie et des infrastructures, étant entendu que nous œuvrerons rapidement pour obtenir un cessez-le-feu complet et, à terme, mettre fin à cette terrible guerre entre la Russie et l'Ukraine», a écrit M. Trump sur les réseaux sociaux.

À VOIR AUSSI | «Un stress qui n’est pas facile»: des citoyens anxieux face aux politiques de Trump

Le président russe a également informé son homologue américain que la Russie et l'Ukraine s'apprêtaient à échanger 175 prisonniers de guerre chacune mercredi, et que la Russie remettrait également à l'Ukraine 23 soldats grièvement blessés, selon le Kremlin.

Discussions sur des territoires et des centrales 

Cette courte pause intervient alors que la Maison-Blanche fait pression sur la Russie pour qu'elle approuve sa proposition de cessez-le-feu de 30 jours visant à mettre fin à l'invasion russe de l'Ukraine.

La semaine dernière, des responsables ukrainiens ont accepté la proposition américaine lors de discussions en Arabie saoudite menées par le secrétaire d'État Marco Rubio. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, reste toutefois sceptique quant à la volonté de M. Poutine de conclure la paix, alors que les forces russes continuent de pilonner l'Ukraine.

L'entretien entre MM. Trump et Poutine n'est que le dernier tournant dans l'évolution radicale des relations américano-russes, le président Trump ayant fait de la résolution rapide du conflit une priorité absolue. 

En prévision de l'entretien téléphonique entre MM. Trump et Poutine, l'envoyé spécial de la Maison-Blanche, Steve Witkoff, a rencontré le président russe la semaine dernière à Moscou pour discuter de la proposition. Le secrétaire d'État Marco Rubio avait persuadé de hauts responsables ukrainiens, lors de discussions en Arabie saoudite, d'accepter le cadre de cessez-le-feu.

Le président américain a affirmé que Washington et Moscou avaient déjà entamé des discussions sur le partage de certains actifs entre l'Ukraine et la Russie dans le cadre d'un accord visant à mettre fin au conflit.

M. Trump a dit que le contrôle de territoires et de centrales électriques ferait partie des discussions, qui interviennent à l'occasion de l'anniversaire de l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie, il y a 11 ans. Cet accaparement de terres par la Russie a préparé le terrain pour une invasion russe de son voisin en 2022.

L'envoyé spécial de la Maison-Blanche, Steve Witkoff, a laissé entendre que des responsables américains et russes avaient discuté du sort de la centrale nucléaire de Zaporijjia – la plus grande d'Europe – dans le sud de l'Ukraine.

Cette centrale est prise entre deux feux depuis que Moscou a envoyé des troupes en Ukraine en 2022 et s'en est emparée peu après. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de l'ONU a exprimé à plusieurs reprises son inquiétude à ce sujet, alimentant les craintes d'une potentielle catastrophe nucléaire.

La centrale est un atout majeur, produisant près du quart de l'électricité ukrainienne l'année précédant la guerre.

Après une rencontre désastreuse à la Maison-Blanche avec le président Zelensky le 28 février, le locataire de la Maison-Blanche a temporairement interrompu certains échanges de renseignements militaires et une partie de l'aide à l'Ukraine. Ces échanges ont été rétablis après que les Ukrainiens ont approuvé la semaine dernière la proposition de cessez-le-feu de 30 jours de l'administration Trump.

Doutes de l'Ukraine

Lundi, dans un discours vidéo, M. Zelensky a indiqué qu'il doutait toujours que le président Poutine soit prêt à conclure la paix.

«Aujourd'hui, près d'une semaine plus tard, il est clair pour tous – même pour ceux qui ont refusé de reconnaître la vérité ces trois dernières années – que c'est Poutine qui continue de faire durer cette guerre», a déploré M. Zelensky.

Dans ses relations avec MM. Zelensky et Poutine, Donald Trump s'est souvent concentré sur la question de savoir qui a le pouvoir. M. Poutine a «les cartes en main», contrairement à M. Zelensky, a répété le président Trump.

Lundi, M. Trump a de nouveau souligné que l'Ukraine n'était pas en position de force pour négocier. Il a déclaré que les forces russes avaient «encerclé» les troupes ukrainiennes dans la région de Koursk, amplifiant une affirmation de responsables russes réfutée par M. Zelensky.

La Maison-Blanche a indiqué que les dirigeants avaient également discuté de la situation au Moyen-Orient et convenu que «l'Iran ne devrait jamais être en mesure de détruire Israël».

Des responsables américains ont précédemment déclaré que l'Iran avait fourni à la Russie des missiles balistiques à courte portée et des drones d'attaque pour la guerre en Ukraine. Les États-Unis ont également déclaré que l'Iran avait aidé le Kremlin à construire une usine de fabrication de drones.

Le Kremlin a indiqué que Donald Trump avait également exprimé son soutien à l'idée lancée par Vladimir Poutine d'organiser des matchs de hockey aux États-Unis et en Russie entre des joueurs russes et américains de la Ligue nationale de hockey, qui compte des équipes américaines et canadiennes, et de la Ligue continentale de hockey, qui regroupe des équipes de Russie, du Bélarus, du Kazakhstan et de Chine.

Reportage vidéo :
Aamer Madhani
Texte :
Aamer Madhani