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International
Chronique |

La principale faiblesse de l’Occident, selon Elon

Elon Musk lançait dernièrement, au micro de l’ineffable Joe Rogan, une nouvelle balle dans la stratosphère publique.

Jamais à court de néologismes ou de formules à la sauce contresens, Elon Musk lançait dernièrement, au micro de l’ineffable Joe Rogan, une nouvelle balle dans la stratosphère publique.

«Trop d’empathie peut nous tuer. Nous vivons un suicide civilisationnel pour cause d’empathie. Je crois en l’empathie, mais on doit avoir de l’empathie pour la civilisation entière, sans commettre de suicide civilisationnel. La principale faiblesse de l’Occident réside dans l’empathie. Ils exploitent une faille de la civilisation occidentale : la réaction empathique. Ils ont militarisé cette même empathie. Il est là, l’enjeu.»

Suicide civilisationnel pour cause d’empathie? Ah bon. 

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Et l’empathie comme la principale faiblesse de l’Occident? Avant la violence, la cupidité, la désinformation et l’apathie, pour seules illustrations? Re-ah bon.

Enfin: qui, au juste, «militarise» l’empathie? On demande pour un ami.

Autant fascinantes qu’iconoclastes, les thèses de Musk trouvent d’ailleurs aisément écho, c’est le moins que l’on puisse dire, à même les politiques trumpistes. Vade retro, sale empathie. Bienvenue, méchanceté pure. 

 

On se souvient, sans forcer, de la (spectaculaire) rencontre au Bureau ovale à laquelle fut récemment convié le président Zelensky. Que celui-ci, à l’instar de son peuple, lutte avec désespoir contre la bête militaire russe depuis trois ans n’y changera rien. Le voilà insulté, méprisé, menacé. Diffamé, également. 

Idem pour le peuple palestinien, jadis aux prises avec un génocide orchestré dans l’apathie ou la complicité, maintenant sur le point d’être déporté à des fins de condos dorés. Un nettoyage ethnique au profit d’une passe immobilière. Art of the deal, faut croire. 

Innombrables — et documentées — sont les histoires abjectes de congédiements de masse, sauvages et illégaux. 

Les déportations d’humains, sans égard au droit international humanitaire, ou encore à la Constitution américaine elle-même. Notamment celle de cette enfant de 10 ans, aux prises avec un cancer du cerveau, née sur le territoire de l’Oncle Sam et donc citoyenne, mais interceptée avec sa famille en route vers un rendez-vous médical d’urgence. Résultat? Déportation ipso facto vers le Mexique. Et au diable les traitements.

Les attaques soutenues et répétées envers maints groupes vulnérables, notamment les bénéficiaires des (pourtant maigrichons) programmes fédéraux, outrageusement comparés à des «parasites».

Des emprisonnements, sans droit, de manifestants pacifistes ou de travailleurs étrangers avec visa.

Des transferts, malgré une récente ordonnance judiciaire à l’effet contraire, vers une prison du Salvador, où les détenus y sont traités tels des pestiférés et sans accusations aucunes, merci à Nayib Bukele, autoproclamé le «dictateur le plus cool du monde». 

La cour est pleine? On n’en doute point. Mais avec permission, deux petites dernières. Des histoires personnelles récentes, racontées en privé. 

D’abord, celle de Kathy (nom fictif), militaire de l’armée américaine depuis 18 ans. Dossier disciplinaire parfaitement vierge, loyaux services, soldate sans histoire. Voyez le genre. 

Le hic? Qu’avant d’être femme, Kathy était homme! Victime de velléités anti-woke (curieux, quand même, cette obsession des réacs pour ce qui se cache dans les bobettes d’autrui), on vient de lui signaler son renvoi prochain des forces armées. La raison? Dishonorable discharge. Traduction: congédiement pour conduite déshonorable. Et on parle de quoi comme conduite, précisément? Sa conversion, allons donc. Une conversion assimilée à de la maladie mentale. Résultat: bye bye, le fonds de pension et autres bénéfices accumulés depuis le début de son service.

Ensuite, celle d’Isabelle (aussi nom fictif): 

«Salut, Fred, oui je suis encore au Minnesota. Ici les gens sont flabbergastés et on a honte de ce qui se passe. On n’ose plus regarder les nouvelles. Les Américains que je côtoie sont outrés. Mettons que le climat politique fait peur. J’ai une amie trans et elle a peur. Notre district scolaire nous a envoyé plusieurs courriels d’information sur sa position d’ouverture, de défense des enfants, etc. Quoi faire si des agents du ICE viennent à l’école.» 

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Que faire, donc, si les macaques du ICE débarquent à l’école, à la recherche d’enfants «illégaux». Retour en Allemagne nazie, entre autres jolies références historiques. Et le ICE comme néo-Gestapo.  

Parlant de ça: vous connaissez GM Gilbert? Le psychiatre en chef lors des procès de Nuremberg. Poser un diagnostic sur l’un et l’autre des accusés ayant commis les pires — et improbables — atrocités de l’expérience humaine. Grosse job.  

Il écrit, un bon jour: 

«J’étais à la recherche de la nature du Mal. Je crois que ce qui le définit plus est ceci : le manque d’empathie. Il s’agit de la caractéristique qui relie tous les accusés. Une véritable incapacité de se mettre à la place d’autrui. Le Mal, je crois, est l’absence d’empathie.» 

I rest my case, your Honor. 

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