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Politique

Avions F-35 américains: Ottawa doit exiger le code source ou se retirer, dit le Bloc

Yves-François Blanchet a jugé que la situation actuelle est tout simplement «illogique».

Des militaires américains travaillent près d'un avion de chasse F-35 stationné sur la base militaire de l'aéroport de Skopje, en Macédoine du Nord, le 17 juin 2022. (Photo AP/Boris Grdanoski, archives)
Des militaires américains travaillent près d'un avion de chasse F-35 stationné sur la base militaire de l'aéroport de Skopje, en Macédoine du Nord, le 17 juin 2022. (Photo AP/Boris Grdanoski, archives)
Michel Saba
Michel Saba / La Presse canadienne

Le Bloc québécois estime que, «au nom de la souveraineté du Canada», le gouvernement fédéral doit exiger et obtenir, avant les élections, l'engagement que soit fourni le code source de la flotte de 88 avions de chasse F-35 qu'il est en train d'acquérir pour un coût d'environ 85 millions $ US chacun ou se tourner vers un autre fournisseur.

«Tu ne peux pas en même temps dire: "ce gars-là, ce n'est plus notre allié", mais on lui laisse les clés de notre flotte d'avions de chasse, on lui laisse le pouvoir d'empêcher, en théorie, le décollage de nos avions de chasse, on lui laisse le pouvoir de garder le contrôle sur les codes source qui sont essentiels, par exemple, à la détermination des missions», a déclaré le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet.

 

Le code source est l'équivalent de la clé du logiciel permettant de faire fonctionner les F-35. Or, le constructeur Lockheed Martin refuse d'en partager l'intégralité, y compris avec ses plus proches alliés, ce qui empêchera le Canada d'avoir le contrôle total de ces avions hautement informatisés.

En entrevue avec La Presse Canadienne, lundi matin, M. Blanchet a jugé que la situation actuelle est tout simplement «illogique», étant donné que «le président américain n'est plus le leader du monde libre», contrairement à ce que les prédécesseurs de Donald Trump pouvaient prétendre.

Ottawa est présentement à examiner si le contrat pour les chasseurs F-35 constitue le meilleur investissement pour le Canada ou s'il existe de meilleures options «compte tenu de l'évolution du contexte», selon ce qu'a indiqué le cabinet du ministre de la Défense, Bill Blair.

La directive vient du nouveau premier ministre, Mark Carney, qui a été assermenté vendredi dernier en pleine guerre commerciale avec les États-Unis et dans la foulée des menaces répétées du président Trump d'annexer le Canada.

Or, «"regarder ça", ça ne veut rien dire», rétorque le chef bloquiste qui, après avoir mené des consultations dans les dernières heures et rassemblé des informations, conclut que trois possibilités s'offrent au gouvernement canadien.

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La première serait de ne rien changer. «Et si tout reste pareil, ça enlève toute espèce de crédibilité à un nouveau premier ministre qui prétend qu'il va se tenir devant le président américain. Ça prouverait que tout ça, c'est du pipeau», a-t-il lancé.

La seconde consisterait à briser le contrat et se tourner vers un autre fournisseur. Selon lui, le Gripen (ou «Griffon») du constructeur suédois Saab constitue le choix logique advenant que le Canada veuille éviter de reprendre un appel d'offres complet.

«Ils ont un appareil moins coûteux, pleinement indépendant en termes de fonctionnement, avec une importante concession de contrat d'assemblage et d'entretien au Québec et au Canada», note M. Blanchet.

Aussi, les Suédois avaient été «les seuls» européens à avoir participé à l'appel d'offres ce qui faciliterait la signature rapide d'un contrat, a-t-il dit, ajoutant que les autres constructeurs savaient que «les dés étaient pipés» en faveur des Américains.

La position «de bon sens»

Et la troisième option, celle que M. Blanchet considère être «une position de bon sens entre les deux» consiste à exiger le code source et la pleine indépendance d'opérations des appareils, et en échange de poursuivre le contrat.

«L'idée n'est pas de les forcer, l’idée c’est que si vous ne nous les donnez pas, il va y avoir 16 appareils (ceux déjà payés), puis après ça, on va s'en aller ailleurs», a-t-il résumé.

Actuellement, le constructeur Lockheed Martin refuse de partager l'intégralité du code source de ces avions qui sont hautement informatisés, ce qui empêche le Canada d'en avoir le contrôle total.

M. Blanchet insiste aussi pour dire que le processus devrait avoir lieu avant la tenue des élections qui auraient lieu dans les prochaines semaines.

Il a expliqué craindre que les libéraux offrent «une entourloupette» et utilisent une posture forte face à Donald Trump comme «paravent électoral» sans avoir l'intention de passer de la parole aux actes.

Un projet de longue date

La nouvelle flotte de chasseurs est destinée à remplacer les CF-18 vieillissants de l'Aviation royale canadienne. Les quatre premiers des 88 appareils devraient être livrés en 2026 et les 18 derniers en 2032.

Le coût total d'achat, de vol et d'entretien de la nouvelle flotte de F-35 serait estimé à 73,9 milliards $, selon les estimations du directeur parlementaire du budget.

Le projet d'achat des avions est en préparation depuis des années. En 2010, le gouvernement conservateur s'était d'abord engagé à acheter 65 F-35 sans appel d'offres, mais des inquiétudes quant au coût et aux capacités l'ont forcé à reconsidérer sa décision.

En 2015, les libéraux ont promis de lancer un appel d'offres ouvert pour remplacer les CF-18 et de ne pas acheter les F-35. Ils ont annulé le projet d'achat de 18 Super Hornets après que Boeing a lancé un différend commercial avec l'entreprise aérospatiale montréalaise Bombardier. L'appel d'offres ouvert pour la nouvelle flotte a été publié en juillet 2019.

Michel Saba
Michel Saba / La Presse canadienne