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Économie

Dépenses militaires: le milieu des affaires québécois veut sa part

La Fédération des chambres de commerce du Québec a présenté ses demandes dans le cadre de la campagne électorale fédérale.

La FCCQ a présenté lundi ses demandes dans le cadre de la campagne électorale fédérale. Des militaires canadiens s'entraînent  à la base de Suffield  en Alberta le samedi 19 octobre 2024. LA PRESSE CANADIENNE/Jeff McIntosh
La FCCQ a présenté lundi ses demandes dans le cadre de la campagne électorale fédérale. Des militaires canadiens s'entraînent à la base de Suffield en Alberta le samedi 19 octobre 2024. LA PRESSE CANADIENNE/Jeff McIntosh
Stephanie Rolland
Stephanie Rolland

Maintenant que les principaux partis fédéraux se sont engagés à augmenter les dépenses militaires du Canada, le milieu des affaires québécois aimerait qu’ils s’engagent à ce que les investissements soient réalisés au pays.

Libéraux, conservateurs, bloquistes et néo-démocrates sont favorables à une augmentation des dépenses militaires pour atteindre la cible de 2 % du produit intérieur brut (PIB).

Ce consensus est bien accueilli par la présidente-directrice générale de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), Véronique Proulx. «Une fois qu'on a dit ça, il faut s'assurer que ça bénéficie à nos entreprises», insiste-t-elle en entrevue.

Il y a un risque que les investissements échappent aux entreprises locales, si le Canada ne se dote pas d’une politique industrielle, craint Mme Proulx.

Elle donne en exemple le contrat de remplacement des avions CP-140 Aurora de la Défense canadienne accordé sans appel d’offres à Boeing à la fin 2023. Bombardier avait milité publiquement pour avoir l’occasion de présenter sa candidature.

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Les retombées potentielles des investissements en défense sont considérables pour le Québec, selon la FCCQ. Pour atteindre la cible, les dépenses militaires devraient atteindre près de 500 milliards $ au cours des huit prochaines années.

Si le Québec en obtenait 20 %, le poids de son secteur manufacturier, cela représenterait près de 100 milliards $ d’investissements. «C’est très théorique, mais le Québec pourrait demander d’avoir sa juste part des investissements», évoque Mme Proulx.

La FCCQ a présenté lundi ses demandes dans le cadre de la campagne électorale fédérale.

Défendre la gestion de l’offre

Les demandes de la FCCQ ne mentionnent pas la gestion de l’offre, mais Mme Proulx assure que l’organisme est favorable au modèle canadien. «Pour nous, c'est important de maintenir et de préserver la gestion de l'offre, répond-elle. La gestion de l'offre, ça permet par l'entremise de nos fermes laitières, par exemple, de favoriser l'occupation du territoire. Il y a un impact sur l'économie régionale.»

Les principaux partis fédéraux et le premier ministre du Québec, François Legault, ont affirmé qu’ils défendraient la gestion de l’offre. Malgré tout, des craintes persistent dans le secteur agricole où l’on craint que le système canadien puisse servir de monnaie d’échange. Le président américain, Donald Trump, a répété les attaques contre la gestion de l’offre.

La gestion de l’offre est un irritant au sud de la frontière, constate Mme Proulx, qui a effectué une mission commerciale à Washington la semaine dernière. «Dans les rencontres que j'ai faites avec des élus, la gestion de l'offre a été mentionnée presque systématiquement à chacune des rencontres», raconte-t-elle.

L’équipe de négociation canadienne devra donc bien se préparer afin de défendre son industrie agricole, prévient-elle. La FCCQ demande d’ailleurs au prochain gouvernement de nommer un négociateur commercial en chef.

Elle croit que Washington est bien préparé pour ces négociations. Elle donne en exemple le rapport du représentant au commerce des États-Unis, publié au début du mois. Le document recense les éléments que le gouvernement américain considère comme des barrières commerciales.

Le rapport a fait grand bruit au Québec parce que les dispositions de la loi 96 sur l’affichage commercial en français avaient été identifiées comme une barrière technique. «Alors, nous, on dit au gouvernement canadien: "faites vos devoirs", plaide Mme Proulx. Faites vos analyses pour faire la même chose sur le côté américain.»

La FCCQ aimerait aussi que le prochain gouvernement fédéral imite le Québec et se dote d’une loi sur l’équilibre budgétaire. Mme Proulx reconnaît que l’incertitude économique complique la gestion des finances publiques, mais inscrire un objectif dans la loi «obligerait les gouvernements à avoir plus de rigueur».

«C’est un exercice qui sera imparfait, mais au moins on se donne une direction, explique-t-elle. Qu'on se donne la peine de faire un plan pour tenter d'y arriver sur un certain nombre d'années. Après ça, il y a toujours des exceptions, il y a des crises comme celles qu’on est en train de vivre maintenant qui peuvent repousser le retour à l'équilibre.»

«Le niveau d'endettement actuel préoccupe beaucoup de gens d'affaires au Québec et le fait de ne pas avoir de plan clair, ça amène de l'incertitude. Ça amène des préoccupations», souligne-t-elle.

Stephanie Rolland
Stephanie Rolland