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«Nous devons renforcer nos liens diplomatiques, pour faire face à ce monde de plus en plus instable et dangereux.»
Le nouveau premier ministre Mark Carney a fait un plaidoyer lundi, à Paris, en faveur d'un renforcement des liens entre le Canada et ses alliés «fiables comme la France», et ce, dans le contexte d'une guerre tarifaire entre le Canada et les États-Unis.
«La souveraineté, la solidarité, le dynamisme et la durabilité; ce sont des valeurs qui nous tiennent à cœur, qui nous réunissent», a déclaré M. Carney au palais de l'Élysée, avant un déjeuner de travail avec le président de la France, Emmanuel Macron.
Le premier ministre a soutenu que ces «valeurs» qu'il a énumérées sont rejetées par «de plus en plus de gouvernements à travers le monde». «C’est plus important que jamais pour le Canada de renforcer ses liens avec nos alliés fiables comme la France», a-t-il poursuivi.
Le premier ministre a dit vouloir renforcer la coopération avec la France sur plusieurs fronts, notamment en matière d'intelligence artificielle et de sécurité.
«Nous devons renforcer nos liens diplomatiques, pour faire face, ensemble, à ce monde de plus en plus instable et dangereux», a-t-il déclaré au cours d'une allocution prononcée presque entièrement en français.
M. Carney, qui a trébuché dans cette langue au cours de la course à la chefferie du Parti libéral du Canada qu'il a remportée, n'a fait qu'une faute d'inattention, cette fois-ci, au cours de son discours. Il a appelé M. Macron «premier ministre» plutôt que «président», mais s'est corrigé immédiatement en réalisant son erreur.
Quelques minutes plus tôt, M. Macron a vraisemblablement décoché une flèche vers l'administration américaine de Donald Trump en dénonçant les droits de douane.
«Je crois que, l'un et l'autre, nous croyons en effet que le commerce équitable qui respecte les règles internationales est une bonne chose pour la prospérité de tous. Et il est à coup sûr plus efficace que les tarifs qui créent de l'inflation et abîment les chaînes de production et l'intégration de nos économies», a-t-il dit.
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Le président français a, comme M. Carney, mentionné la défense du principe de souveraineté au cours de son allocution.
«Dans le contexte international actuel, nous voulons pouvoir développer (...) nos projets les plus stratégiques, avec nos partenaires les plus proches, les plus loyaux, parce que nous avons la conviction (...) que nous sommes plus forts ensemble, mieux capables d'assurer le respect de nos intérêts, le plein exercice de notre souveraineté», a-t-il affirmé.
La souveraineté canadienne est une question qui fait les manchettes puisque M. Trump évoque constamment l'idée que le Canada devrait devenir le 51e État américain.
Le fait que M. Carney a choisi l'Europe comme première destination internationale n'est d'ailleurs pas anodin dans un contexte de guerre tarifaire avec les États-Unis, a confirmé une source gouvernementale de haut niveau.
«Je pense que le message (...) est que le Canada a de bons amis à travers le monde. On est aussi de très bons amis avec les États-Unis, mais on sait tous ce qui se passe là-bas et c'est évident que nous pouvons en faire davantage avec d'autres pays, pas juste avec les États-Unis», a déclaré cette personne.
La Presse Canadienne a accordé l'anonymat à cette source, puisqu'elle n'était pas autorisée à discuter publiquement de ces questions.
Il n'est pas clair quand aura lieu le premier appel entre le premier ministre et M. Trump, mais tout indique que cela aurait lieu après le retour de M. Carney au Canada.
Quoi qu'il en soit, M. Macron a soutenu que c'était un «immense honneur» pour la France d'être le premier pays visité par M. Carney depuis qu'il est entré en fonction comme premier ministre. «Cela montre aussi l'importance de tous les défis en commun que nous avons.»
M. Carney a commencé son séjour en Europe en visitant un lieu emblématique, la cathédrale Notre-Dame de Paris, qui a été reconstruite après un incendie survenu en 2019.
L'ex-gouverneur de banques centrales a, après avoir rencontré M. Macron, mis le cap vers Londres, au Royaume-Uni. Une fois arrivé sur place, il est allé visiter le roi Charles III au Palais de Buckingham.
Il s'apprêtait ensuite à rencontrer le premier ministre britannique, Keir Starmer, à sa résidence officielle, au 10 rue Downing.
M. Carney doit répondre aux questions des journalistes canadiens en soirée, c'est-à-dire après sa tournée éclair en Europe.
Mardi, il rentrera au Canada en faisant un arrêt à Iqaluit, au Nunavut. Ce sera l'occasion, pour le premier ministre, de réaffirmer la souveraineté du Canada dans l'Arctique.
Au cours des derniers jours, le nouveau premier ministre a préparé le terrain à son séjour en Europe. Celui qui vient de succéder à Justin Trudeau s'est notamment entretenu avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
«Le Canada et l’Europe sont de solides partenaires, chose très importante dans une économie mondiale en évolution, et nous allons saisir ensemble les possibilités commerciales transatlantiques», a récemment déclaré M. Carney sur «X».
Il s'est également entretenu avec M. Starmer, mais aussi avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Ce dernier a donné dimanche des détails sur la discussion qui a eu lieu samedi. «C'était une conversation bonne et substantielle ayant couvert plusieurs sujets importants», a écrit le président, également sur «X».
Les deux hommes ont notamment abordé la question de possibles sanctions additionnelles contre le Kremlin et leur désir de développer davantage les relations bilatérales.
«Le Canada est intéressé dans la coopération au niveau de la défense et de l'industrie militaire», a poursuivi M. Zelensky.
La veille, M. Carney avait exhorté la Russie à «cesser de faire traîner les choses» quant à l'atteinte d'un accord de cessez-le-feu en Ukraine.