Passer au contenu principal
À voir:

Début du contenu principal.

Politique

Carney obtient l'appui de la France et du Royaume-Uni en matière de souveraineté

«La relation entre nos pays a toujours été forte. Deux alliés souverains qui ont tant de choses en commun.»

Reportage vidéo :
Émilie Bergeron
Texte :
Émilie Bergeron / La Presse canadienne

Le nouveau premier ministre Mark Carney a obtenu du chef d'État de la France et du chef de gouvernement du Royaume-Uni, lundi, des plaidoyers pour la défense de la notion de souveraineté, au moment où le président américain Donald Trump répète constamment l'idée que le Canada devrait devenir le 51e État américain. 

Voyez le compte-rendu de Jean-François Poudrier dans la vidéo ci-haut.

«La relation entre nos pays a toujours été forte. Deux alliés souverains qui ont tant de choses en commun», a déclaré le premier ministre britannique, Keir Starmer, en recevant M. Carney à sa résidence officielle, à Londres.

M. Carney, qui effectue son premier voyage à l'étranger depuis qu'il est entré en fonctions, a plaidé, quelques heures plus tôt, en faveur d'un renforcement des liens entre le Canada et ses alliés «fiables comme la France», et ce, dans le contexte d'une guerre tarifaire entre le Canada et les États-Unis.

«La souveraineté, la solidarité, le dynamisme et la durabilité; ce sont des valeurs qui nous tiennent à cœur, qui nous réunissent», a déclaré M. Carney au palais de l'Élysée, à Paris, avant un déjeuner de travail avec le président de la France, Emmanuel Macron.

Le premier ministre a soutenu que ces «valeurs» qu'il a énumérées sont rejetées par «de plus en plus de gouvernements à travers le monde». «C’est plus important que jamais pour le Canada de renforcer ses liens avec nos alliés fiables comme la France», a-t-il poursuivi.

À VOIR AUSSI | Mark Carney rencontre le premier ministre britannique

M. Carney a dit vouloir renforcer la coopération avec la France sur plusieurs fronts, notamment en matière d'intelligence artificielle et de sécurité.

«Nous devons renforcer nos liens diplomatiques, pour faire face, ensemble, à ce monde de plus en plus instable et dangereux», a-t-il déclaré au cours d'une allocution prononcée presque entièrement en français.

Quelques minutes plus tôt, M. Macron a décoché une flèche vers l'administration américaine de Donald Trump en dénonçant les droits de douane.

«Je crois que, l'un et l'autre, nous croyons en effet que le commerce équitable qui respecte les règles internationales est une bonne chose pour la prospérité de tous. Et il est à coup sûr plus efficace que les tarifs qui créent de l'inflation et abîment les chaînes de production et l'intégration de nos économies», a-t-il dit.

Le président français a, comme M. Carney, mentionné la défense du principe de souveraineté au cours de son allocution.

«Dans le contexte international actuel, nous voulons pouvoir développer (...) nos projets les plus stratégiques, avec nos partenaires les plus proches, les plus loyaux, parce que nous avons la conviction (...) que nous sommes plus forts ensemble, mieux capables d'assurer le respect de nos intérêts, le plein exercice de notre souveraineté», a-t-il affirmé.

Ni M. Macron ni M. Starmer n'ont mentionné nommément M. Trump ou les États-Unis, même s'ils ont abordé la question de la souveraineté.

L'intégrité territoriale du Canada est une question qui fait les manchettes puisque M. Trump évoque constamment l'idée que le Canada devrait devenir le 51e État américain.

En point de presse, M. Carney a fait valoir qu'Ottawa n'a nullement besoin que d'autres pays se portent à la défense de sa souveraineté.

«Je ne pense pas que chacun doive répondre à chaque commentaire au sujet d'un autre pays. (...) Le Canada est fort. Nous pouvons nous défendre par nous-mêmes», a-t-il dit.

Un message passé aux Américains

Il n'en reste pas moins que le choix, par M. Carney, de l'Europe comme première destination internationale n'est pas anodin dans le contexte de guerre tarifaire avec les États-Unis, a confirmé une source gouvernementale de haut niveau.

«Je pense que le message (...) est que le Canada a de bons amis à travers le monde. On est aussi de très bons amis avec les États-Unis, mais on sait tous ce qui se passe là-bas et c'est évident que nous pouvons en faire davantage avec d'autres pays, pas juste avec les États-Unis», a déclaré cette personne.

La Presse canadienne a accordé l'anonymat à cette source, puisqu'elle n'était pas autorisée à discuter publiquement de ces questions.

Il n'est pas clair quand aura lieu le premier appel entre le premier ministre et M. Trump, mais tout indique que cela aura lieu après le retour de M. Carney au Canada.

Quoi qu'il en soit, M. Macron a soutenu que c'était un «immense honneur» pour la France d'être le premier pays visité par M. Carney depuis qu'il est entré en fonction comme premier ministre. «Cela montre aussi l'importance de tous les défis en commun que nous avons.»

M. Carney a commencé son séjour en Europe en visitant un lieu emblématique, la cathédrale Notre-Dame de Paris, qui a été reconstruite après un incendie survenu en 2019.

L'ex-gouverneur de banques centrales a, après avoir rencontré M. Macron, mis le cap vers Londres, au Royaume-Uni. Une fois arrivé sur place, il est allé visiter le roi Charles III au Palais de Buckingham, avant de se rendre à la rencontre de M. Starmer, au 10 rue Downing.

Mardi, il rentrera au Canada en faisant un arrêt à Iqaluit, au Nunavut. Ce sera l'occasion, pour le premier ministre, de réaffirmer la souveraineté du Canada dans l'Arctique.

 

Au cours des derniers jours, le nouveau premier ministre a préparé le terrain à son séjour éclair en Europe, notamment en s'entretenant avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qu'il a invité au prochain sommet du G7. Le Canada sera l'hôte de l'événement prévu en juin à Kananaskis, en Alberta.

Les deux hommes ont notamment abordé la question de possibles sanctions additionnelles contre le Kremlin et leur désir de développer davantage les relations bilatérales.

«Le Canada est intéressé dans la coopération au niveau de la défense et de l'industrie militaire», a écrit M. Zelensky sur «X»

La veille, M. Carney avait exhorté la Russie à «cesser de faire traîner les choses» quant à l'atteinte d'un accord de cessez-le-feu en Ukraine.

Le soutien à l'Ukraine a été l'un des principaux sujets abordés lundi par M. Carney au fil de ses rencontres à Paris et Londres. L'accent a aussi été mis sur «le renforcement de partenariats en matière de sécurité avec la France et le Royaume-Uni», a souligné le premier ministre en s'entretenant avec les médias.

Reportage vidéo :
Émilie Bergeron
Texte :
Émilie Bergeron / La Presse canadienne