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Politique

Poilievre veut abolir la tarification sur le carbone, dont celle pour les industries

«Ça nous rend moins compétitifs face aux Américains qui n'ont pas une taxe carbone.»

Le chef conservateur Pierre Poilievre prend la parole lors d'une conférence de presse à Ottawa, le vendredi 14 mars 2025.
Le chef conservateur Pierre Poilievre prend la parole lors d'une conférence de presse à Ottawa, le vendredi 14 mars 2025.
Michel Saba
Michel Saba / La Presse canadienne

Le chef conservateur Pierre Poilievre a signalé lundi qu'il abrogera «au complet» la loi sur la tarification du carbone s'il est élu premier ministre, et pas seulement le volet pour les consommateurs. Autrement dit, les industries seraient également dispensées de payer un prix sur la pollution. 

«Ça nous rend moins compétitifs face aux Américains qui n'ont pas une taxe carbone», a-t-il plaidé lors d'un point de presse dans une aciérie de L'Orignal, en Ontario.

Selon lui, éliminer la taxe industrielle «de Carney-Trudeau» permettra aux entreprises «d'investir cet argent-là dans les emplois, dans la technologie, d'élargir leur production et d'avoir de plus grands marchés».

«Le fédéral a, dans cette loi, une taxe industrielle qui force les provinces, comme l'Ontario, de taxer la production d'acier, d'aluminium et d'autres produits industriels lourds qui créent beaucoup d'emplois, a-t-il déclaré. (...) Si un coût augmente ici, les emplois fuient de l'autre côté vers les États-Unis.»

Seuls le Manitoba, l'Île-du-Prince-Édouard, le Yukon et le Nunavut utilisent le système fédéral de tarification industrielle, tandis que toutes les autres provinces ont leur propre tarification industrielle qui utilise le prix fédéral comme redevance minimale sur la pollution.

M. Poilievre a réitéré que s'il prend le pouvoir, il protégerait l'environnement «avec la technologie et non pas les taxes», notamment en élargissant l'admissibilité aux crédits d'impôt à l'investissement pour la fabrication de technologies propres.

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Un système «plus efficace»

En conférence de presse à Londres, le nouveau premier ministre Mark Carney a affirmé qu'il va «améliorer» le système afin qu'il devienne «plus efficace».

Son plan a pour conséquence que les grands pollueurs paieront plus et que les Canadiens qui réduisent leurs propres émissions en faisant des choix écoresponsables, par exemple lors de rénovations, recevront des rabais.

«Et c'est aussi un système qui reconnaît la nouvelle réalité commerciale. Nous devons être capables de relier les éléments clés, ce dont l'opposition s'est montrée totalement incapable», a-t-il envoyé.

L'ancien banquier central a plaidé que sa proposition prend en compte que le Canada est attaqué avec des droits de douane par son principal partenaire commercial et que le pays a l'occasion de diversifier ses échanges. Et l'opportunité qui se présente est «énorme», a-t-il dit.

«Devinez quelle est l'une des exigences pour diversifier nos échanges avec l'Union européenne (...) avec le Royaume-Uni, (...) avec l'Asie émergente, a demandé M. Carney. Il s'agit d'instaurer une forme de tarification du carbone.»

Au Nouveau Parti démocratique (NPD), on juge «déconcertant» que M. Poilievre propose en fin de compte «un allègement fiscal pour les grandes entreprises» dans une aciérie où les travailleurs perdent leur emploi.

«L’objectif de Poilievre a toujours été de s’assurer que les grandes entreprises pétrolières et gazières bénéficient de plus de réductions d’impôts», a écrit la porte-parole néo-démocrate en matière d'environnement, Laurel Collins.

Elle prévient que M. Carney ne représente pas plus la solution, étant donné que les libéraux ont versé «des milliards de dollars en subventions aux PDG» de ce type d'entreprises.

Une cible?

Questionné par une journaliste, M. Poilievre – dont le parti a refusé en 2021 de reconnaître les changements climatiques et de s'y attaquer – a refusé de dire s'il est disposé à ce que le Canada s'engage à respecter une quelconque cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).

Le chef conservateur a plutôt dit concevoir la baisse des GES «à l'échelle globale» étant donné qu'une tonne d'émissions dans l'atmosphère est aussi importante qu'elle provienne du Canada ou d'ailleurs dans le monde.

«Donc, si on ferme une usine d'acier ici au Canada, et c'est remplacé par une autre en Chine où il n'y a pas de normes environnementales, ça rend la situation encore pire. Donc, en ramenant la production ici au Canada, nous réduisons les émissions à travers le monde», a-t-il résumé.

M. Poilievre s'en est également pris à la taxe carbone que les consommateurs paient à la pompe et que le nouveau premier ministre Mark Carney, tout juste assermenté vendredi, a fait réduire à zéro comme première décision de son gouvernement.

Le décret publié dans la Gazette du Canada samedi prévoit que la redevance sera supprimée après le 31 mars.

Or, les libéraux tentent de «cacher» la taxe étant donné que la loi demeure en vigueur, a accusé le chef conservateur en brandissant le document législatif. «S'il gagnait, M. Carney peut réinstaurer la taxe sur les consommateurs qu'il a toujours supportée», a-t-il signalé.

Dans une vidéo publiée plus tôt en journée sur les réseaux sociaux, M. Poilievre affirmait que, si les libéraux souhaitent sérieusement mettre fin à la tarification, ils rappelleraient le Parlement et le feraient par voie législative.

Avec des informations d'Émilie Bergeron de La Presse canadienne, à Londres

Michel Saba
Michel Saba / La Presse canadienne