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Politique

Grèves: la FAE n'est plus un syndicat, mais un «mouvement politique», selon une députée de la CAQ

«La FAE, ce n'est plus un syndicat, c'est un mouvement politique.»

La députée de Vimont, Valérie Schmaltz, accompagnée du chef caquiste François Legault, en campagne électorale, le 31 août 2022. LA PRESSE CANADIENNE/Ryan Remiorz
La députée de Vimont, Valérie Schmaltz, accompagnée du chef caquiste François Legault, en campagne électorale, le 31 août 2022. LA PRESSE CANADIENNE/Ryan Remiorz
Caroline Plante / La Presse canadienne

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La Presse canadienne

La députée caquiste de Vimont, Valérie Schmaltz, a mené vendredi une charge à fond de train contre la Fédération autonome de l'enseignement (FAE), devenue un «bras armé politique», selon elle.

Mme Schmaltz participait, avec le ministre du Travail Jean Boulet, à une interpellation de Québec solidaire sur «l'importance des grèves comme moteur des avancées sociales dans l'histoire du Québec».

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Tout au long de l'exercice, les deux caquistes ont plutôt souligné les impacts négatifs des grèves en moussant leur projet de loi 89, jusqu'à ce que Mme Schmaltz lève le ton pour cibler la FAE.

Pendant cinq semaines en 2023, ce syndicat d'enseignants s'est «obstiné» et a privé 400 000 élèves du primaire et du secondaire, dont 100 000 avaient des besoins particuliers, de leur droit à l'éducation, a-t-elle lancé. 

La FAE a persisté, «sans même offrir un fond de grève à ses membres, des enseignants qui se sont retrouvés sans salaire pendant des semaines, obligés d'avoir recours à des banques alimentaires».

Pendant ce temps, «leur propre syndicat utilisait des cotisations pour financer un combat idéologique devant les tribunaux, la contestation de la Loi 21», a déballé la députée tout d'un souffle.

«À qui parle la FAE, M. le président? Certainement pas à ses membres, certainement pas aux parents et certainement pas aux enfants. La FAE, ce n'est plus un syndicat, c'est un mouvement politique.»

Alors qu'elle se faisait interrompre, Mme Schmaltz a lancé: «C'est à mon tour de parler!» 

«On ne peut pas tout tolérer au nom du droit de grève, pas quand il est détourné de son objectif, pas quand il devient un bras armé politique contre des lois démocratiquement adoptées.

«Il faut avoir le courage de dire que certaines grèves nuisent, que certaines postures font dérailler le débat. La grève de la FAE n'a pas fait progresser le Québec, elle l'a abîmé», a-t-elle conclu en tapant sur son bureau.

Le Québec, «champion» des grèves

La sortie véhémente de Mme Schmaltz survient alors que le gouvernement Legault s'apprête à adopter le projet de loi 89 qui limiterait la durée des grèves et des lockouts afin d'assurer le «bien-être» de la population.

Le gouvernement se confère le droit de maintenir des services malgré un conflit de travail, et d'arrêter toute grève s'il estime qu'il y a des préjudices importants, a dénoncé vendredi le député péquiste Pascal Paradis.

Selon lui, Québec s'arroge des «pouvoirs discrétionnaires» et bouleverse le «fragile équilibre» des négociations entre les employeurs et les employés.

De son côté, le ministre Boulet se désole que le Québec soit devenu le «champion» des conflits de travail. La province a compté pas moins de 759 grèves en 2024, un record historique, a-t-il dit.

«Ce ne sont pas des solutions qui règlent; ce sont des solutions qui font mal aux parties concernées. (...) Pendant ce temps-là, on a des pertes de productivité, des conséquences humaines et sociales», a déploré M. Boulet.

Les grèves sont désagréables, mais elles mènent à des gains pour la société, a argué le député solidaire Alexandre Leduc, qui demande au gouvernement de reculer sur son projet de loi 89.

De toute façon, cette pièce législative risque de se faire «démolir en Cour suprême», a-t-il dit.

La FAE riposte

En entrevue, la présidente de la FAE, Mélanie Hubert, rappelle que la grève de 2023 a permis de s'attaquer à la question de la composition de la classe et de l'accueil des élèves issus de l'immigration.

`Si ce n'était pas de nos luttes, je ne suis pas certaine des services qui seraient offerts aux élèves et des garanties que les parents auraient pour des services', a-t-elle plaidé.

Elle souligne que «dans l'histoire de la grève», le gouvernement a une «large responsabilité»: il a «lui aussi laissé les enfants à la rue», mais «il semble avoir oublié tout ce bout-là».

Par ailleurs, le projet de loi 89 n'est qu'une autre illustration que ce gouvernement est dans une `logique centralisatrice' et qu'il essaie de «faire taire les contre-pouvoirs», selon Mélanie Hubert.

Elle estime que les caquistes mettent de la «pression» sur la FAE afin qu'elle abandonne son recours devant les tribunaux relativement à la loi 21 sur l'interdiction du port de signes religieux.

Or, «c'est légitime de s'adresser aux tribunaux quand on pense que des droits sont lésés», soutient la cheffe syndicale. «C'est déplorable qu'ils mettent de la pression sur des groupes qui ne pensent pas comme eux.»

De qualifier la FAE, qui s'intéresse aux enjeux sociaux, de `bras armé politique' est «un peu fort le café», a-t-elle affirmé.

Caroline Plante / La Presse canadienne

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La Presse canadienne