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L’armée américaine est un important client de la société montréalaise.
Le gouvernement fédéral devrait y penser à deux fois avant d’annuler le contrat des F-35, car des entreprises canadiennes, comme Bombardier, pourraient être la cible des représailles de Washington, prévient son président et chef de la direction, Éric Martel.
L’armée américaine est un important client de la société montréalaise. «Effectivement, on pourrait être ciblé», répond M. Martel, en mêlée de presse, lundi, en marge d’une allocution devant le Cercle canadien de Montréal.
«Ça se joue à deux. Les Américains, moi, j'ai des contrats avec eux, ils pourraient dire bien: "Nous aussi, on ne prendra plus notre contrat". Alors, il faut être extrêmement prudent dans ça.»
Le premier ministre Mark Carney a demandé au ministre la Défense, Bill Blair, de faire un examen du projet canadien d'acquisition d'une flotte de 88 avions de chasse F-35 à Lockheed Martin pour un montant de 85 milliards $ US.
M. Martel, qui a perdu un important contrat militaire canadien aux mains de l’Américaine Boeing à la fin de 2023, n’a pas plus d’appétit pour que le fédéral revienne sur cette décision qui lui a été défavorable. «Je pense que je suis un peu passé à autre chose», admet M. Martel.
Le patron de Bombardier avait milité sur la place publique afin de demander de pouvoir participer à un appel d’offres pour le remplacement des CP-140 Aurora de la Défense canadienne. Boeing a finalement remporté le contrat sans appel d’offres.
«On était déçus à l'époque, quand on n'a pas réussi à l'avoir, parce qu'on pensait vraiment qu'on pouvait offrir un meilleur produit et en temps, raconte M. Martel. Mais tout ça, c'est une vieille histoire.»
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Le contrat du F-35 soulève toutefois des inquiétudes sécuritaires, tandis que le Canada pourrait ne pas avoir le contrôle total de cet appareil hautement informatisé. Lockheed Martin refuse de partager l'intégralité du code source avec le gouvernement fédéral.
Les relations tendues entre le Canada et les États-Unis ont mis en évidence le risque que pourrait représenter l’absence d’accès au code source. Au Portugal, un autre allié américain, on envisage aussi de trouver une solution de rechange au F-35.
M. Martel reconnaît que plusieurs éléments entrent dans la réflexion du fédéral. «Je peux comprendre que le nouveau premier ministre pose cette question-là. »
«Il y a d'autres contextes aussi. Les militaires ont besoin de ces avions-là, on le sait, depuis longtemps, les F-18 vieillissent rapidement. Est-ce qu'on repart dans un processus d'achat qui va durer un bout de temps? Il y a plusieurs choses à analyser.»
Sur la tribune du Cercle canadien, M. Martel a dit que le Canada avait été «naïf» de trop compter sur les États-Unis pour assurer sa défense, lors d’un échange avec Rafael Jacob, politologue et chercheur associé à la Chaire Raoul-Dandurand.
«Je pense que Trump, il n'a pas tort sur tout, avance le patron de Bombardier. Quand il dit que le Canada s'est fié sur les Américains pour les défendre. Puis, eux (les États-Unis) investissaient évidemment de façon massive.
«On se ramasse dans une situation où l’on est complètement dépendant sur le plan du matériel militaire ou à peu près, déplore-t-il. Alors, je pense qu'il y a eu une espèce de naïveté peut-être de notre côté et on a pensé que c'était pour acquis et que ça serait tout le temps-là.»