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«Dès l’annonce des tarifs, un fossé s’est creusé entre les ventes résidentielles enregistrées cette année et celles de l’année dernière.»
Les ventes résidentielles ont atteint en février leur plus bas niveau en plus d’un an, les acheteurs restant à l’écart en raison de l’incertitude créée par la guerre commerciale avec les États-Unis, indique lundi l’Association canadienne de l’immobilier (ACI).
Les ventes mensuelles réelles ont diminué de 10,4 % en février au Canada par rapport au même mois l’an dernier. D’un mois à l’autre, les ventes résidentielles de février ont reculé de 9,8 % comparativement à janvier.
«Dès l’annonce des tarifs, le 20 janvier, un fossé s’est creusé entre les ventes résidentielles enregistrées cette année et celles de l’année dernière», affirme Shaun Cathcart, économiste principal de l’ACI.
«Cette tendance s’est accentuée tout au long du mois de février, entraînant une baisse significative, mais peu surprenante, de l’activité mensuelle», ajoute-t-il dans un communiqué.
L’ACI indique qu’il s’agit du niveau le plus bas de ventes résidentielles depuis novembre 2023 et de la plus forte diminution mensuelle depuis mai 2022, année où la Banque du Canada a entamé une série de hausses de taux agressives pour lutter contre l’inflation.
Ce recul n’était pas une surprise compte tenu de l’incertitude politique engendrée par la présidence de Donald Trump, commente Phil Soper, président de Royal LePage.
Il ajoute que la compagnie peut constater le ralentissement des ventes jour après jour et que celui-ci s’est véritablement accéléré en février, une fois les perspectives complètement inversées.
«Au cours des premiers jours de la présidence de M. Trump, je pense que certains doutaient encore que les déclarations tonitruantes qu’il faisait se traduisent réellement par une politique agressive contre un ami et voisin», observe M. Soper.
«En février, les gens s’étaient habitués avec inquiétude à la réalité de la guerre commerciale, et nous avons vu les volumes commencer à baisser.»
Le mois a également été marqué par de fortes tempêtes hivernales qui ont frappé la région de Toronto et d’autres régions du sud de l’Ontario, ce qui a pesé sur les ventes, mais cela n’aurait eu qu’un effet mineur sur le mois, selon M. Soper.
«Les gens éviteront de sortir pour visiter leur maison pendant une semaine, mais s’ils décident que c’est le moment pour leur famille de déménager, ils déménagent, ils sortent et concluent la transaction.»
C’est plutôt l’incertitude qui freine les ventes, même si des indicateurs comme l’épargne et l’emploi restent assez solides, ajoute-t-il.
«C’est la confiance. La confiance des gens à prendre des décisions importantes a été ébranlée par la Maison-Blanche de M. Trump.»
Bien que plus prononcé dans la région du Grand Toronto, le déclin des ventes a été assez généralisé, avec des reculs dans les trois quarts des marchés locaux et presque tous les grands marchés, précise l’association.
Elle ajoute que le nombre de propriétés nouvellement inscrites a chuté de 12,7 % d’un mois à l’autre, après une hausse-surprise en janvier.
Le nombre total d’inscriptions a augmenté de 13,1 % par rapport à l’année dernière, pour atteindre environ 146 000, mais demeure inférieur à la moyenne à long terme pour cette période de l’année, soit 174 000 inscriptions.
Le prix moyen réel des propriétés vendues en février s’élevait à 668 097 $, en baisse de 3,3 % par rapport à l’année précédente.
L’indice des prix des propriétés de l’ACI, qui vise à représenter les ventes de résidences typiques, a reculé de 0,8 % comparativement à janvier et de 1 % par rapport à l’année dernière.
Comme pour les inscriptions, la faiblesse des prix a été particulièrement marquée dans la région torontoise, où l’indice a cédé 1,5 % par rapport au mois dernier.
Le repli des prix, combiné à une nouvelle baisse des taux d’intérêt de la Banque du Canada la semaine dernière, contribue à créer des occasions d’achat pour certains, selon l’association.
Leslie Preston, économiste principale à la TD, écrit dans une note que la baisse des taux devrait soutenir marginalement le marché du logement, mais qu’il faudra plus que cela pour amorcer un redressement.
«Tant que les États-Unis maintiendront la menace de droits de douane punitifs, la confiance dans le marché immobilier risque d’être compromise.»