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«La République populaire de Chine et la Fédération de Russie maintiennent un intérêt pour la région arctique.»
Voici la première partie d'une série d'articles de CTV W5 qui a suivi l'opération Nanook de l'armée canadienne, que l'intérêt international des adversaires pour l'Arctique canadien s'intensifie.
C'est une leçon brutale: les éléments peuvent être meurtriers dans le Nord canadien, et ils ont plongé dans un silence stupéfait les soldats qui venaient d'arriver en dans le réfectoire d'une ville située à 200 km au nord du cercle polaire arctique, en février dernier.
On ne parle pas que des éléments de la nature. «Il y en a trois: la glace, le froid et l'arrogance», a énuméré le capitaine Alex Boom, officier des opérations des Rangers canadiens, une branche des Forces armées canadiennes connue pour son expérience dans les régions sauvages et accidentées.
«La confiance est un facteur décisif», a poursuivi le capitaine Boom, avant de se tourner pour enseigner à ce que les Rangers appellent souvent «l'Armée verte» les moyens de survivre dans la neige blanche et la toundra traîtresses de l'Arctique canadien. «Ce n'est pas votre cour arrière.»
Ces dures leçons, les Forces armées canadiennes espèrent que leurs troupes les ont apprises dans l'opération Nanook, le plus grand exercice militaire jamais organisé dans l'Arctique et qui s'est déroulée jusqu'en mars à Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest.
Quelque 450 soldats venus de partout au pays, dont beaucoup de réservistes à temps partiel, se sont dirigés vers le nord pour s'entraîner à opérer dans le froid glacial, tester de nouveaux équipements et armes d'hiver, et organiser des exercices comme plonger dans l'océan Arctique glacial, reprendre une station capturée par l'ennemi et faire exploser des engins C-4 à basse température.
Les responsables espèrent que les exercices démontreront également que le Canada réagit aux nouvelles pressions exercées sur sa frontière nordique, qui résultent du réchauffement de l'Arctique et de la fonte de la banquise. Ces nouveautés rendent voies navigables plus accessibles aux adversaires.
«Le temps est une force ennemie incroyable ici, mais il y a aussi d'autres considérations et adversaires réels», explique le major Andrew Melvin. «La République populaire de Chine et la Fédération de Russie maintiennent un intérêt pour la région arctique. [...] Les deux nations cherchent à défier le monde unipolaire existant et à exercer des sphères d'influence nationales dans la région.»
«Une partie de cette opération consiste à sécuriser les centres d'alerte du Nord et à montrer notre présence.»
Les Russes se sont rapprochés du président américain Donald Trump dans le dossier de l’Ukraine, alors qu'il songeait à faire du Canada le 51e État et plongeait les deux pays voisins dans une guerre commerciale.
Ceux qui ont son attention, y compris l’ancien conseiller du président américain Steve Bannon, ont souligné les faiblesses du Canada dans le Nord.
«Si vous pensez réellement sécuriser l'Arctique au degré nécessaire contre le Parti communiste chinois et les Russes tout en conservant le reste de votre budget de défense et en respectant votre engagement envers l'OTAN, vous n'avez pas fait le calcul», a déjà dit Bannon à CTV News.
Une partie de l'opération Nanook consistait à construire une piste d'atterrissage sur la banquise, mais ces plans ont été rapidement abandonnés en raison des températures élevées, a noté le lieutenant-colonel Darrent Turner en entrevue, en regardant les drapeaux représentant ses forces sur une grande carte topographique.
«Nous sommes venus ici pour trouver une couche de glace que nous pourrions utiliser, et ce que nous avons trouvé, c'est de l'eau libre en février», a expliqué le lieutenant-colonel. «L'eau libre peut être traversée. Et cela permet une éventuelle incursion. Cela change le tableau stratégique... Une fois qu'une route est ouverte, ils viendront. Et c'est quelque chose qui doit nous intéresser. C'est quelque chose que nous devons avoir les capacités d'arrêter, de bloquer.»
Une évaluation de la sécurité dans l'Arctique récemment publiée par le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) indique que le secteur est une «destination attrayante, stratégique et vulnérable pour des acteurs menaçants».
À voir également: Un exercice militaire sur les glaces du Saguenay-Lac-Saint-Jean
Le ministre canadien de la Défense, Bill Blair, a annoncé la création de trois nouveaux centres de soutien à Iqaluit, Yellowknife et Inuvik, et a promis que d'autres suivraient à mesure qu'Ottawa renforcerait sa présence militaire dans l'Arctique.
Ces améliorations ne doivent être qu'une première étape, a lancé la générale Jennie Carignan, cheffe d'état-major de la Défense du Canada, lors d’un entretien à l'aéroport d'Inuvik, alors qu'elle arrivait pour saluer les troupes et assister à une démonstration de la piste d'atterrissage déplacée, cette fois sur un lac gelé de l'Arctique.
«L'Arctique change, l'Arctique évolue, et nous ne pouvons plus compter sur l'environnement pour nous protéger aussi bien que par le passé», a-t-elle déclaré. «C'est pourquoi nous devons investir davantage et améliorer notre défense.»
Whitney Lackenbauer, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l'étude du Nord canadien et membre honoraire des Rangers canadiens, croit que le dégel de l'Arctique en cette période d'incertitude mondiale est devenu une priorité urgente pour les Canadiens.
«Je pense que c'est un signal très clair envoyé au monde: nous prenons la sécurité de notre Arctique au sérieux», a-t-il lancé en entrevue lors d'une fête dans une salle communautaire de Tuktoyaktuk, un hameau au bord de l'océan Arctique, alors que les Rangers se mêlaient aux habitants qui vendaient des produits artisanaux tels que des mitaines en fourrure et des boucles d'oreilles en peau de phoque.
Les troupes américaines et canadiennes disent qu'en dépit des commentaires de Trump et de l'évolution de la géopolitique, elles travaillaient ensemble de manière professionnelle.
Lorsque W5 a demandé au colonel Rob Donaldson de l'armée de l'air américaine s'il était là pour annexer le Canada, il a répondu: «Non, absolument pas».
Jackie Jacobson, ancien président de l'Assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest, a rapporté lors d’un entretien à Tuktoyaktuk, au bord de l'océan Arctique, que la présence de l'opération Nanook était opportune.
«Le Canada? Oui. 51e État? Non», a-t-il indiqué.