Début du contenu principal.
«Israël agira désormais contre le Hamas avec une puissance militaire croissante.»
Israël a lancé des frappes aériennes sur la bande de Gaza, tôt mardi, tuant au moins 400 Palestiniens, dont des femmes et des enfants, selon des responsables hospitaliers. Ce bombardement surprise a rompu le cessez-le-feu en vigueur depuis janvier et a menacé de relancer la guerre.
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a ordonné ces frappes après le refus du Hamas de modifier l'accord de cessez-le-feu. Des responsables ont déclaré que l'opération était à durée indéterminée et qu'elle devrait s'étendre. À Washington, la Maison-Blanche a dit avoir été consultée et a exprimé son soutien aux actions d'Israël.
L'armée israélienne a ordonné l'évacuation de la population de l'est de Gaza, notamment d'une grande partie de la ville de Beit Hanoun, au nord, et d'autres localités plus au sud, et de se diriger vers le centre du territoire, indiquant qu'Israël pourrait bientôt lancer de nouvelles opérations terrestres.
«Israël agira désormais contre le Hamas avec une puissance militaire croissante.»
L'attaque, qui survient pendant le mois sacré du Ramadan, pourrait relancer la guerre qui a déjà tué des dizaines de milliers de Palestiniens et causé des destructions massives à Gaza. Elle soulève également des questions sur le sort de la vingtaine d'otages israéliens détenus par le Hamas que l'on pense encore en vie.
Un haut responsable du Hamas a affirmé que la décision de M. Nétanyahou de reprendre la guerre équivalait à une «condamnation à mort» pour les otages restants. Izzat al-Risheq a accusé M. Nétanyahou d'avoir lancé ces frappes pour tenter de sauver sa coalition gouvernementale d'extrême droite et a appelé les médiateurs à «révéler les faits» concernant les auteurs de la rupture de la trêve.
Aucune attaque du Hamas n'a été signalée plusieurs heures après le bombardement, ce qui suggère qu'il espère toujours rétablir la trêve.
Ces frappes surviennent alors que M. Nétanyahou subit une pression croissante en Israël, des manifestations de masse étant prévues contre sa gestion de la crise des otages et sa décision de limoger le chef de l'agence de sécurité intérieure israélienne. Son dernier témoignage dans un long procès pour corruption a été annulé après les frappes.
Le principal groupe représentant les familles des otages a accusé le gouvernement israélien d'avoir rompu le cessez-le-feu, affirmant avoir «choisi d'abandonner les otages».
«Nous sommes choqués, en colère et terrifiés par le démantèlement délibéré du processus de rapatriement de nos proches de la terrible captivité du Hamas», a soutenu le Forum des otages et des familles disparues dans un communiqué.
Une frappe contre une maison à Rafah, dans le sud de Gaza, a tué 17 membres d'une même famille, dont au moins 12 femmes et enfants, selon l'Hôpital européen qui a reçu les corps. Cinq enfants, leurs parents, ainsi qu'un autre père et ses trois enfants faisaient partie des victimes.
À Khan Younis, dans le sud du territoire, des journalistes de l'Associated Press ont vu des explosions et des panaches de fumée. Des ambulances ont transporté des blessés à l'Hôpital Nasser, où des patients gisaient à même le sol, certains hurlant. Une jeune fille pleurait tandis que son bras ensanglanté était bandé.
À VOIR AUSSI | Affiches propalestiniennes arrachées: la Ville de Montréal poursuivie
De nombreux Palestiniens ont dit s'attendre à une reprise de la guerre lorsque les négociations sur la deuxième phase du cessez-le-feu n'ont pas commencé comme prévu au début du mois de février. Israël a préféré adopter une proposition alternative et interrompre toutes les livraisons de nourriture, de carburant et d'autres aides aux deux millions de Palestiniens du territoire afin de contraindre le Hamas à l'accepter.
«Personne ne veut se battre», a souligné Nidal Alzaanin, un habitant palestinien, à l'AP par téléphone depuis la ville de Gaza.
«Tout le monde souffre encore des conséquences des derniers mois», a-t-il ajouté.
Le ministère de la Santé de Gaza a indiqué qu'au moins 404 personnes ont été tuées par les frappes, tandis que plus de 560 autres ont été blessées. Les secouristes cherchaient toujours des morts et des blessés dans les décombres, tandis que les frappes se poursuivaient.
Zaher al-Waheidi, chef du département des archives du ministère, a précisé qu'au moins 263 des personnes tuées étaient des femmes ou des enfants de 18 ans et moins.
Ce fut l'une des journées les plus meurtrières de la guerre.
La Maison-Blanche a cherché à imputer la responsabilité de la reprise des combats au Hamas. Brian Hughes, porte-parole du Conseil de sécurité nationale des États-Unis, a déclaré que le groupe militant «aurait pu libérer des otages pour prolonger le cessez-le-feu, mais a préféré le refuser et la guerre».
L'envoyé américain Steve Witkoff, qui dirige les efforts de médiation avec l'Égypte et le Qatar, avait auparavant averti que le Hamas devait libérer immédiatement les otages vivants «sous peine de payer un lourd prix».
À VOIR AUSSI | «Riviera Gaza»: Trump partage une vidéo générée par l'IA sur son plan pour Gaza
Un responsable israélien, s'exprimant sous couvert d'anonymat pour discuter de l'opération en cours, a affirmé qu'Israël frappait l'armée, les dirigeants et les infrastructures du Hamas et prévoyait d'étendre l'opération au-delà des frappes aériennes.
Ce responsable a accusé le Hamas de tenter de reconstruire et de planifier de nouvelles attaques. Les militants et les forces de sécurité du Hamas sont rapidement retournés dans les rues ces dernières semaines après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu.
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a dit que «les portes de l'enfer s'ouvriront à Gaza» si les otages ne sont pas libérés. «Nous ne cesserons pas les combats tant que tous nos otages ne seront pas rentrés chez eux et que nous n'aurons pas atteint tous les objectifs de guerre», a-t-il soutenu.
Ces frappes ont eu lieu deux mois après la conclusion d'un cessez-le-feu visant à mettre fin à la guerre. En six semaines, le Hamas a libéré 25 otages israéliens et les corps de huit autres en échange de près de 2000 prisonniers palestiniens lors d'une première phase du cessez-le-feu.
Depuis la fin de ce cessez-le-feu, il y a deux semaines, les parties n'ont toutefois pas réussi à s'entendre sur la marche à suivre pour une deuxième phase visant à libérer les 59 otages restants, dont 35 seraient morts, et à mettre fin à la guerre.
Le Hamas a exigé la fin de la guerre et le retrait complet des troupes israéliennes en échange de la libération des otages restants. Israël affirme qu'il ne mettra pas fin à la guerre tant qu'il n'aura pas détruit les capacités gouvernementales et militaires du Hamas et libéré tous les otages.
Le premier ministre Nétanyahou a menacé à plusieurs reprises de reprendre la guerre.
«Cela fait suite aux refus répétés du Hamas de libérer nos otages et au rejet de toutes les offres reçues de l'envoyé présidentiel américain, Steve Witkoff, et des médiateurs», a soutenu le bureau de M. Nétanyahou, tôt mardi.
Taher Nunu, un responsable du Hamas, a critiqué les attaques israéliennes. «La communauté internationale est confrontée à un test moral: soit elle tolère la reprise des crimes commis par l'armée d'occupation, soit elle impose son engagement à mettre fin à l'agression et à la guerre contre les innocents de Gaza», a-t-il déclaré.