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La réunion dans Charlevoix visait à préparer le terrain pour le prochain sommet des dirigeants du G7, qui doit avoir lieu en juin à Kananaskis, en Alberta.
La ministre des Affaires étrangères de l’Allemagne, Annalena Baerbock, a fait vendredi un vibrant plaidoyer de solidarité envers le Canada, dont la souveraineté est remise en question par le président américain Donald Trump.
«Votre pays parle d’une seule voix. L’unité du Canada nous inspire», a-t-elle déclaré en anglais, au cours d’une conférence de presse à La Malbaie, dans la région de Charlevoix.
Mme Baerbock s’est rendue au Québec pour rencontrer son homologue canadienne, Mélanie Joly, et les autres ministres des Affaires étrangères du G7.
«Nous, les Européens, nous, les Allemands, ainsi que le Canada, nous ne sommes pas seulement des partenaires, mais aussi de proches amis. Et les amis se tiennent derrière les uns les autres», a-t-elle dit au dernier jour de la réunion lancée mercredi.
Elle a noté que le communiqué final publié dans le cadre de l’événement à La Malbaie défend la souveraineté de tous les pays, y compris le Canada.
«Nous avons réaffirmé que le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de toutes les nations est une valeur perpétuelle», peut-on lire dans la déclaration écrite de six pages.
Quelques heures avant que Mme Baerbock s’adresse aux médias, Mme Joly a soutenu que certains des ministres réunis à La Malbaie se sont fait dire par leurs conseillers de ne pas commenter l’idée véhiculée par le président américain Donald Trump que le Canada devrait devenir le 51e État américain, puisqu’ils estimaient que «c’est une blague».
Mme Joly a indiqué que c’est ce qu’on lui a confié à ce sujet. `Il y a plusieurs de mes collègues qui pensaient encore que c’était une blague, donc ils sont surpris des questions de la part des médias canadiens et des gens au pays', a-t-elle dit dans son propre point de presse.
La veille, les ministres italien et allemand avaient été mesurés dans leurs commentaires publics lorsque questionnés sur la souveraineté du Canada.
«Mes collègues sont ici au pays, donc ils sont ici, puis ils reconnaissent la souveraineté de l’État canadien. Un point c’est tout», a déclaré Mme Joly.
Cependant, elle a souligné que plusieurs de ses vis-à-vis se sont fait conseiller de ne pas aborder cette question.
«La réaction de mes collègues européens portait surtout sur l’absurdité de cette menace d’annexion. (Ils me disaient) "Est-ce une blague? Vous savez, mon équipe me dit de ne pas commenter parce que c’est une blague"», a raconté Mme Joly.
Elle s’est empressée d’ajouter qu’elle a rectifié le tir face à ces doutes. «Je leur disais "Non, non, non, non, ce n’est pas une blague. C’est une menace très sérieuse et on ne met pas le désordre au sujet de la souveraineté d’un pays".»
Mme Baerbock, bien qu’elle ait été prudente dans ses propos jeudi, avait affiché les couleurs du drapeau canadien, en duo avec la haute représentante de l’Union européenne Kaja Kallas.
Questionnée vendredi sur les variations dans la façon d’exprimer sa solidarité envers la souveraineté canadienne, la ministre allemande a répondu qu’elle «pense que ça souligne que la diplomatie a différentes couleurs».
Elle a ajouté qu’il ne s’agit pas de la première fois qu’elle aborde clairement la question de l’intégrité territoriale, mentionnant qu’elle le fait dans le cas de l’Ukraine et du Groenland.
«En ces temps de polarisation et de réseaux sociaux, tout particulièrement, tout ne se résume pas aux phrases (prononcées), mais aussi aux émotions, a-t-elle dit. Et, parfois, les couleurs peuvent parler davantage que les mots, alors la variation de solidarité est ce qui compte.»
Mme Joly, qui a eu jeudi une rencontre bilatérale avec le secrétaire d’État américain Marco Rubio, croit que la présence de ce dernier au Canada «parle d’elle-même» quant à sa vision de la souveraineté canadienne.
«On rentre rarement dans la rhétorique politique. On rentre plus, justement, dans ce qu’on doit faire pour trouver une façon de calmer le jeu», a-t-elle précisé au sujet de leurs interactions.
«Mais je ne lui donne pas un centimètre pour contester la souveraineté canadienne. C’est ça ma stratégie avec lui», a ajouté la ministre.
La conversation, durant la rencontre bilatérale, a été «franche», selon Mme Joly. M. Rubio, de son côté, a dit qu’Ottawa et Washington ont un «désaccord» sur l’idée qu’il pourrait être intéressant pour le Canada, économiquement parlant, de faire partie des États-Unis.
«Le gouvernement a été clair quant à sa position, quant à ce qu’il ressent», a résumé le secrétaire d’État américain, dans son propre point de presse de clôture.
M. Rubio a réitéré que les discussions avec Mme Joly ne portaient pas sur la souveraineté du Canada, mais que les droits de douane, eux, étaient à l’agenda.
Il a d’ailleurs écarté du revers de la main toute impression que la surtaxe américaine soit une tactique «hostile».
L’idée est plutôt de jeter de nouvelles bases aux relations commerciales des États-Unis, a fait valoir M. Rubio. «Cela n’est pas une action hostile contre le Japon, la Chine ou quiconque. (...) Il s’agit d’équilibrage, d’équité et de commerce. (...) Une fois que les bases seront redéfinies, alors nous pourrons entrer dans des négociations bilatérales.»
À VOIR ÉGALEMENT | Poutine en faveur d'un accord de cessez-le-feu de 30 jours en Ukraine
M. Rubio a noté qu’il a beaucoup été question, au cours de la réunion réunissant les ministres du G7, de la volonté commune de ramener la paix en Ukraine.
Dans leur communiqué final, les ministres soulignent qu’ils sont encouragés par les discussions sur la proposition des États-Unis pour un cessez-le-feu temporaire en Ukraine.
Ils ont pressé la Russie de respecter les termes d’un futur accord. Si le Kremlin refusait de conclure une entente pour une trêve, le G7 pourrait frapper Moscou de nouvelles sanctions, prévient-on.
Le président russe Vladimir Poutine a déclaré jeudi qu’il était d’accord, en principe, avec la proposition d’une trêve de 30 jours, mais il a ajouté qu’il reste du travail à faire sur les termes exacts de l’accord.
Il a mis l’accent sur la nécessité que ce cessez-le-feu jette les bases d’une paix durable.
«L’idée en elle-même est correcte et nous l’appuyons», a-t-il dit au cours d’une conférence de presse à Moscou.
«Mais il y a des enjeux dont nous devons discuter et je crois que nous devons en parler avec nos collègues américains et partenaires», a-t-il ajouté.
Il a affirmé qu’il fallait développer des mécanismes pour contrôler de possibles brèches à la trêve. Un autre enjeu est, selon lui, que l’Ukraine puisse utiliser ces 30 jours pour se réapprovisionner en armes.
Aux yeux de Mme Baerbock, le président russe a «entrouvert» la porte à un retour de la paix en Ukraine, mais il n’a pas démontré qu’il est prêt à ouvrir celle-ci complètement.
Les ministres abordent également, dans leur déclaration commune, la guerre en Ukraine, le conflit israélo-palestinien, les enjeux sécuritaires en Haïti.
Quant à la situation au Proche-Orient, le communiqué plaide en faveur de respecter les «besoins légitimes et aspirations des deux peuples», soit les Israéliens et Palestiniens.
La réunion dans Charlevoix visait à préparer le terrain pour le prochain sommet des dirigeants du G7, qui doit avoir lieu en juin à Kananaskis, en Alberta.