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International

Zelensky et Poutine acceptent un cessez-le-feu limité après un appel avec Trump

«Nous sommes tout à fait sur la bonne voie», a souligné le président américain.

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Hanna Arhirova / La Presse canadienne

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Agence France-Presse

La Russie et l'Ukraine se sont mises d'accord sur le principe d'un cessez-le-feu limité après un appel téléphonique du président américain Donald Trump avec le dirigeant de chaque pays, respectivement mardi et mercredi. Il reste toutefois à savoir quand la trêve entrera en vigueur et quelles cibles éventuelles seront interdites d'attaque. 

L'accord provisoire visant à maîtriser partiellement la guerre a été conclu après que le président russe Vladimir Poutine a rejeté la demande de M. Trump en faveur d'un cessez-le-feu complet de 30 jours. 

 

La difficulté de faire accepter aux belligérants de ne pas cibler leurs infrastructures énergétiques respectives met en évidence les défis auxquels M. Trump sera confronté lorsqu'il tentera de tenir sa promesse de campagne de mettre rapidement fin au conflit.

Après un appel téléphonique d'environ une heure avec M. Trump mercredi, qui s'est bien déroulé selon les deux dirigeants, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré aux journalistes que des discussions «techniques» en Arabie saoudite le week-end prochain auront comme objectif de déterminer quels types d'infrastructures seraient protégés dans le cadre de l'accord.

La Maison-Blanche a affirmé que «l'énergie et les infrastructures» seraient couvertes. De son côté, le Kremlin a affirmé que l'accord se référait plus étroitement aux «infrastructures énergétiques», tandis que M. Zelensky souhaite que les chemins de fer et les ports soient également protégés.

Plus tôt mercredi, M. Trump a suggéré à M. Zelensky que les États-Unis prennent le contrôle des centrales électriques ukrainiennes afin d'en garantir la sécurité.

M. Trump a déclaré à M. Zelensky que les États-Unis pourraient être «très utiles pour gérer ces centrales grâce à leur expertise en matière d'électricité et de services publics», selon un communiqué de la Maison-Blanche du secrétaire d'État Marco Rubio et du conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz, qui ont qualifié cet entretien de «fantastique».

Donald Trump a ajouté que «la propriété américaine de ces centrales pourrait constituer la meilleure protection pour ces infrastructures».

«L'une des premières étapes vers la fin définitive de la guerre pourrait être de cesser les frappes contre les infrastructures énergétiques et civiles. J'ai soutenu cette mesure et l'Ukraine a confirmé que nous sommes prêts à la mettre en œuvre», a déclaré M. Zelensky sur les réseaux sociaux à l'issue d'une conversation d'environ une heure, survenue au lendemain de pourparlers similaires avec le président russe Vladimir Poutine.

L'appel entre MM. Trump et Zelensky a duré environ la moitié de celui de mardi, au cours duquel M. Poutine a convenu de ne pas cibler les infrastructures énergétiques ukrainiennes, mais a refusé de soutenir un cessez-le-feu complet de 30 jours.

Dans une publication sur les réseaux sociaux, M. Trump a déclaré que son appel avec M. Zelensky visait à «aligner la Russie et l'Ukraine sur leurs demandes et besoins» dans le cadre de ses efforts pour mettre fin aux combats.

Avant la conversation téléphonique avec M. Trump, le président ukrainien avait affirmé que la promesse de cessez-le-feu limitée de M. Poutine était «en contradiction avec la réalité», après une série de frappes de drones menées dans le pays pendant la nuit.

«Même hier soir, après la conversation de Poutine avec (…) Trump, lorsque Poutine a déclaré qu'il donnait prétendument l'ordre de cesser les frappes sur le réseau énergétique ukrainien, 150 drones ont été lancés pendant la nuit, y compris sur des installations énergétiques», a soutenu M. Zelensky lors d'une conférence de presse à Helsinki avec le président finlandais Alexander Stubb.

La Russie a déclaré avoir cessé de cibler les installations énergétiques ukrainiennes et a accusé Kyiv d'avoir attaqué des équipements à proximité de l'un de ses pipelines.

«Malheureusement, nous constatons que, pour l'instant, il n'y a pas de réciprocité de la part du régime de Kyiv», a affirmé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Une «capitulation ukrainienne»

La Maison-Blanche a décrit la conversation téléphonique entre MM. Trump et Poutine comme la première étape d'un «mouvement vers la paix» qui, espère Washington, comprendra un cessez-le-feu maritime en mer Noire et, à terme, une cessation totale et durable des combats.

Mais rien n'indique que M. Poutine ait renoncé à ses conditions pour un éventuel accord de paix, auxquelles Kyiv s'oppose farouchement.

Sur cette photo fournie par le Service d'urgence ukrainien le mercredi 19 mars 2025, un camion de pompiers est stationné sur le site d'une attaque russe à Krasnopillia, dans la région de Soumy, en Ukraine.
Sur cette photo fournie par le Service d'urgence ukrainien le mercredi 19 mars 2025, un camion de pompiers est stationné sur le site d'une attaque russe à Krasnopillia, dans la région de Soumy, en Ukraine.

L'Institut pour l'étude de la guerre, un groupe de réflexion établi à Washington, a déclaré que les exigences de Vladimir Poutine lors de son appel avec le président américain équivaudraient à une «capitulation ukrainienne».

«Poutine tente de prendre en otage la proposition de cessez-le-feu temporaire afin d'obtenir des concessions préventives avant les négociations officielles visant à mettre fin à la guerre», a commenté l'institut dans une analyse des comptes rendus des appels.

Les attaques se poursuivent

Peu après le long appel téléphonique entre MM. Trump et Poutine mardi, les sirènes d'alerte aérienne ont retenti à Kyiv, suivies d'explosions alors que les habitants se mettaient à l'abri.

Malgré les efforts déployés pour repousser l'attaque, plusieurs frappes ont touché des infrastructures civiles, notamment une frappe directe de drone sur un hôpital de Soumy et des attaques sur des villes de la région de Donetsk. Des drones russes ont également été signalés au-dessus des régions de Kyiv, Jytomyr, Soumy, Tchernihiv, Poltava, Kharkiv, Kirovohrad, Dnipropetrovsk et Tcherkassy.

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Le ministère russe de la Défense a déclaré que l'armée avait respecté l'ordre de M. Poutine de cesser les frappes contre les infrastructures énergétiques et avait abattu sept drones que ses forces avaient tirés avant cet ordre sur des installations électriques liées au complexe militaro-industriel de la région de Mykolaïv, dans le sud de l'Ukraine.

Moscou a accusé l'Ukraine d'avoir ciblé son installation énergétique dans la région de Krasnodar, à la frontière avec la péninsule de Crimée, annexée par la Russie en 2014, quelques heures après les négociations entre MM. Poutine et Trump. Le ministère a indiqué que trois drones avaient ciblé des équipements de transfert de pétrole alimentant le consortium du pipeline de la Caspienne, provoquant un incendie et une dépressurisation d'un réservoir.

«Il est absolument clair qu'il s'agit d'une nouvelle provocation délibérément fomentée par le régime de Kyiv, visant à faire échouer les initiatives de paix du président américain», a déclaré le ministère.

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Le ministère russe de la Défense a annoncé mercredi que ses défenses aériennes avaient intercepté 57 drones ukrainiens au-dessus de la mer d'Azov et de plusieurs régions russes: les provinces frontalières de Koursk et Briansk, ainsi que les régions voisines d'Orel et de Toula.

Le président Zelensky a averti que les «paroles de cessez-le-feu» n'étaient pas suffisantes.

La ligne rouge de l'Ukraine

Volodymyr Zelensky a rejeté la condition clé de Vladimir Poutine, à savoir que les alliés occidentaux cessent de fournir une aide militaire et des renseignements à l'Ukraine. Il a déclaré que cela mettrait des vies en danger si les citoyens restaient aveugles aux raids aériens, et conduirait à la poursuite de la guerre.

«Je ne pense pas que quiconque doive faire des concessions concernant l'aide à l'Ukraine, mais plutôt que l'aide à ce pays devrait être accrue, a affirmé le président. Cela montrerait que l'Ukraine est prête à toute surprise de la part des Russes.»

Le président Zelensky a ajouté que l'un des points les plus délicats des futures négociations serait la question des concessions territoriales.

«Pour nous, la ligne rouge est la reconnaissance des territoires ukrainiens temporairement occupés comme russes, a-t-il dit. Nous n'y consentirons pas.»

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Yehor Konovalov à Kyiv, Dasha Litvinova, à Tallinn (Estonie), Geir Moulson, à Berlin, Aamer Madhani et Zeke Miller, à Washington, et Brian Melley, à Londres, ont contribué à cette dépêche.

Reportage vidéo :

Texte :

Hanna Arhirova / La Presse canadienne

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Agence France-Presse