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Le Groupe TVA a annoncé jeudi la mise à pied de 547 employés, soit 31 % de son effectif, dans le cadre d'une restructuration qui comprend la refonte de son secteur de l'information.
Le Groupe TVA a annoncé jeudi la mise à pied de 547 employés, soit 31 % de son effectif, dans le cadre d’une restructuration qui comprend la refonte de son secteur de l’information, la fin de ses activités de production interne en contenu de divertissement et l’optimisation de son parc immobilier.
La restructuration de l'entreprise comprend la refonte de son secteur de l'information, la fin de ses activités de production interne en contenu de divertissement et l'optimisation de son parc immobilier.
La suppression de 140 postes ainsi que le retrait de certaines émissions annoncés en février étaient des efforts «clairement insuffisants» pour garder l'entreprise à flot, a dit M. Péladeau jeudi, en conférence de presse au siège social de Québecor, avant de dévoiler les nouvelles coupes.
Après avoir annoncé la suppression de 140 postes en février, le Groupe TVA dévoile de nouvelles coupes. Parmi les 547 employés qui seront licenciés, on en compte 300 en production interne, 98 liés aux opérations des stations régionales de TVA et 149 dans d’autres secteurs.
Lors d’un point de presse, le président et chef de la direction par intérim de Groupe TVA, Pierre Karl Péladeau, a souligné que la situation déficitaire qui «n’était plus viable» pour l’entreprise.
«Le modèle d’affaire de la télévision traditionnelle est dorénavant et pour toujours bouleversé», a mentionné M. Péladeau.
Les personnes touchées recevront un préavis de licenciement d’au moins 16 semaines, a indiqué le Groupe par voie de communiqué.
Les compressions majeures de TVA en bref :
- 547 postes abolis (31 % des effectifs totaux du Groupe TVA): 300 en production interne, 98 dans les stations régionales et 149 dans d’autres secteurs;
- Relocalisation des effectifs montréalais des médias d’information au 4545 rue Frontenac;
- Conversion potentielle du siège social du 1600 de Maisonneuve Est à Montréal en immeuble à logements sociaux;
- Relocalisation des effectifs du Journal de Québec dans les bureaux de TVA Québec;
- Réduction du parc immobilier.
Le Groupe a effectué cette annonce la journée de la publication de ses résultats financiers du troisième trimestre, qui ont dévoilé que l'entreprise a un déficit de 13 millions $ pour son secteur de la télédiffusion, comparativement à une perte de 1,6 million $ à pareille date l'année dernière.
Les résultats révèlent également que Groupe TVA a enregistré des revenus de 118,6 millions $ au troisième trimestre, soit une baisse de 11,9 millions $ comparativement au troisième trimestre de 2022.
«Le modèle d'affaires de la télévision traditionnelle est indéniablement et dorénavant bouleversé pour toujours», a affirmé M. Péladeau.
Il a attribué les difficultés financières de l'entreprise à la baisse des revenus publicitaires, à la diminution des abonnements et à la diminution de l'auditoire, pointant du doigt les grandes plateformes de diffusion en ligne.
Le Groupe TVA a également évoqué la «surenchère sur les plans des contenus en divertissement et des droits sportifs». En juin 2022, TVA Sports avait annoncé que la chaîne ne diffuserait plus les matchs de la Major League Soccer (MLS), alors qu'Apple TV avait signé une entente exclusive avec la MLS.
L’entreprise met également fin à la production interne de ses émissions de divertissement. Les émissions Le Tricheur, La Poule aux œufs d’or et VLOG demeureront à l’antenne de TVA, mais leur production sera dorénavant entre les mains de producteurs externes.
Seules les émissions matinales Salut Bonjour et Salut Bonjour Week-end, les bulletins de nouvelles, les contenus d’information de TVA et de LCN, et certaines émissions de TVA Sports continueront d’être produites à l’interne.
«TVA c'est plus qu'une entreprise, c'est plus qu'une marque. C'est un véhicule historique, un véhicule historique important pour notre culture, pour son écosystème, pour notre langue et pour notre information au Québec, ici à Montréal, et en région. Nous avons le devoir de sauver TVA», a martelé M. Péladeau.
M. Péladeau a également dévoilé jeudi que l'entreprise aura désormais «deux pôles de productions médiatiques et numériques», à Montréal et à Québec.
Le Groupe TVA a présenté son plan d'optimisation de son parc immobilier. L'entreprise dit être en «réflexion quant à la prochaine vocation du bâtiment de son siège social, situé au 1600, boulevard de Maisonneuve Est», et vouloir concentrer ses activités dans le bâtiment du 4545 rue Frontenac, à Montréal.
«La direction souhaite entamer une discussion avec les autorités municipales de Montréal et le gouvernement du Québec, eu égard à la pénurie de logements, sur la possibilité de convertir l'immeuble en logements sociaux», peut-on lire dans le communiqué diffusé par le groupe, jeudi après-midi.
L'immeuble de la rue Frontenac accueillera les équipes des médias de Québecor, qui comprennent notamment le 24 heures, Le Journal de Montréal et QUB radio, et des magazines de TVA Publications.
Cette mesure fait partie de la restructuration du secteur de l'information dévoilée par l'entreprise. Alors qu'à Montréal, les équipes des médias traditionnels et numériques de Québecor seront réunies dans l'immeuble de la rue Frontenac, dans la capitale provinciale, les équipes du Journal de Québec emménageront dans les bureaux de TVA Québec.
«Nous intensifierons la collaboration entre l'ensemble des médias de Québecor et de Groupe TVA, pour tirer profit des forces de chacun», a affirmé M. Péladeau.
Toutefois, chaque média continuera d'effectuer ses propres choix éditoriaux et de développer des contenus exclusifs, a-t-il précisé.
«TVA et LCN conserveront également leur direction distincte et indépendante, par rapport à celle des journaux, et des autres médias de Québecor», a dit M. Péladeau.
Le Groupe TVA a aussi annoncé que TVA Québec assurera désormais l'enregistrement des bulletins de nouvelles de toutes les stations régionales.
Même si l'entreprise dit qu'elle «procédera à une réduction de son parc immobilier en région», elle assure que les équipes de journalistes pour les antennesde TVA de l'Est-du-Québec, du Saguenay−Lac-Saint-Jean, de Sherbrooke et de Trois-Rivières seront maintenues sur le terrain.
Le Groupe TVA affirme également avoir formé un comité de transition pour accompagner les employés au courant de cette période de restructuration.
Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui représente les employés de TVA, a vivement réagi à l'annonce des coupes dans l'entreprise.
Selon le syndicat, «il s'agit là d'un nouveau chapitre tragique dans le déclin continu des institutions médiatiques et culturelles québécoises».
«Nous vivons une journée sombre qui marque un nouveau tournant dans la crise du journalisme et de la culture au Québec. Les travailleurs et travailleuses de TVA sont sous le choc, et nous allons tout faire pour les soutenir. Nous nous assurerons notamment de sauver le plus d'emplois possible et ferons valoir leurs droits quoi qu'il leur arrive», a déclaré Steve Bargoné, conseiller syndical au SCFP, par communiqué.
«Le plan de restructuration annoncé aujourd'hui est complexe et demandera analyse et réflexion. Les raisons qui y ont mené sont nombreuses, mais on peut déjà dire que le déclin des revenus publicitaires de TVA au profit des géants du numérique a été décisif. Il y a donc un examen de conscience à faire à travers la société québécoise», a-t-il ajouté.
Réagissant sur le réseau X, le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet a souligné que la restructuration était un «un coup de semonce dramatique» et qu'il fallait protéger les médias «contre le piratage des géants d'internet».
De son côté, le chef du Parti Québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamond, a affirmé être de «tout coeur» avec les employés qui ont perdu leur emploi.
«Une industrie autant fragilisée ne peut signifier que des conséquences graves et négatives pour la diffusion et la consommation de la culture québécoise. C’est un autre dossier dans le cadre duquel la CAQ attend que ça craque de partout avant de se poser des questions et agir. Nous le répétons depuis longtemps et le disons à nouveau : les gouvernements doivent en faire plus pour s'attaquer à la concurrence déloyale des géants du web/GAFAM», a-t-il dit.
M. St-Pierre Plamondon plaide pour la création d'un Fonds pour les médias.
Avec des informations de Julien Denis, Noovo Info