Début du contenu principal.
Près de 4000 policiers et policières - surtout de la Sûreté du Québec, mais aussi de corps policiers de partout au Canada et du nord-est des États-Unis - ainsi que de nombreux premiers répondants de divers services ont défilé en cortège.
C’est ce jeudi que le monde policier fait ses adieux à la sergente Maureen Breau, poignardée à mort dans l’exercice de ses fonctions le 27 mars dernier, à Louiseville, en Mauricie.
Près de 4000 policiers et policières - surtout de la Sûreté du Québec, mais aussi de corps policiers de partout au Canada et du nord-est des États-Unis - ainsi que de nombreux premiers répondants de divers services ont défilé en cortège sur une distance d'un peu plus de trois kilomètres sous un ciel clément.
Voyez le reportage de Marie-Michelle Lauzon sur ce sujet dans la vidéo de l'article.
Plus de 700 représentants du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) se sont également déplacés pour rendre leurs hommages. Ils proviennent de tous les cadres de métiers du SPVM, des directeurs jusqu’aux nouveaux patrouilleurs.
Importante présence médiatique et plusieurs dignitaires sont sur place au sanctuaire Notre-Dame-du-Cap à Trois-Rivières pour les funérailles de la policière Maureen Breau. Le cortège de 3000 policiers est en route. @NoovoInfo pic.twitter.com/xSQc7fXr7L
— MarieMichelle lauzon (@mmlauzon) April 13, 2023
«Comme individu, comme policier, de voir un de mes collègues décéder en devoir, c’est sûr que c’est toujours une tragédie. Je pense à sa famille d’abord. Je pense à ses collègues», a partagé le sergent-superviseur aux relations avec les médias, Laurent Gingras.
Même son de cloche pour les représentants des policiers de Granby et Longueuil, qui se sont déplacés pour «démontrer leur solidarité» à la grande famille des policiers.
«On se lève le matin pour aller travailler, comme n’importe quel travailleur, on ne s’attend pas à ça. On s’attend à ce que les gens reviennent à la maison [...] ça fait partie, malheureusement du métier», a exprimé l’inspecteur-chef du poste de Granby, Benoit Desautels, accompagné de 11 de ses membres pour l’événement.
Depuis les 12 derniers mois, dix policiers ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions. Une réalité qui désole la superintendante de la police de Toronto, Lisa Crooker.
«Avant, nous faisions [ce genre de cérémonie] à tous les cinq ans, maintenant nous en faisons 10 en seulement un an», a témoigné Mme Crooker, qui s'est déplacée avec 44 de ses collègues.
Des policiers d'Halifax sont aussi venus rendre hommage à la policière de la Sûreté du Québec (SQ). «C'est important pour nous de démontrer notre soutien à la famille et aux collègues [de Maureen Breau], peu importe le corps policier», a expliqué le sergent Chediac qui était accompagné par huit collègues.
Des représentants des services en sécurité incendie ont également répondu à l’appel. C’est le cas de trois pompiers du Service de protection contre l’incendie de la Ville de Québec, qui ont d’ailleurs fait la route avec leurs confrères policiers.
«Que ce soit un policier, un pompier ou un membre des Forces canadiennes, ça nous fait réfléchir sur la dangerosité de notre travail», a exprimé le chef aux opérations à la retraite, Martin Chamberland.
De nombreux élus sont également attendus à la célébration.
Aujourd’hui ont lieu les funérailles de la sergente Maureen Breau décédée dans l’exercice de ses fonctions. Toutes mes sympathies à la famille et aux proches. J’ai une pensée pour ses collègues de la @sureteduquebec et le milieu policier. Merci pour ce que vous faites. Courage. pic.twitter.com/SEyZJJ3jir
— François Legault (@francoislegault) April 13, 2023
Lors d'un touchant discours, la sergente Véronique Nadeau, amie de longue date de Maureen Breau, a partagé «avoir eu l'immense privilège d'avoir passé sept ans» avec elle.
«Il n'y a pas assez d'étoiles dans le ciel à comparer de tous les fous rires que nous avons eus toi et moi. Dire que tu en es maintenant une. Sûrement la plus brillante de la Voie lactée», a-t-elle souligné.
«Au-delà de la partenaire de travail extraordinaire que tu as toujours été, c'était beaucoup plus que ça pour moi. Tu as été d'un soutien inconditionnel dans les bons et les moins bons moments. Tu as été ma meilleure amie, une soeur que la vie avait oublié de me donner [...] Tu étais une fille rassembleuse de party toujours prête à t'amuser. On était toujours le bienvenu chez toi, ta porte était toujours ouverte.»
Déjà, une cérémonie spéciale avait eu lieu le soir du 31 mars devant le poste de la Sûreté du Québec à Louiseville. Une centaine de personnes étaient présentes, notamment des premiers répondants de différents services, pompiers, ambulanciers et autres, ainsi que des proches de la famille.
Le décès de la sergente avait également été souligné avec émotion lors de la cérémonie de remise de diplômes de l’École nationale de police du Québec, qui avait eu lieu le même jour, soit le vendredi 31 mars. Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, l’invité d’honneur de la cérémonie, en avait profité pour souligner le courage nécessaire pour exercer cette profession.
Maureen Breau, une policière qui avait 20 ans de service, est morte lors d’une intervention auprès d’un homme qui avait menacé des voisins dans un édifice à logements du centre-ville de Louiseville.
L’individu en question, Isaac Brouillard-Lessard, s’était rué sur elle avec une arme blanche. Il a été abattu sur place par d’autres policiers venus en renfort.
L’affaire a mené à une importante réflexion au sein des autorités, l’assassin étant considéré comme un risque important pour la société par la Commission d’examen des troubles mentaux, qui l’avait tout de même remis en liberté malgré son lourd dossier. Appréhendé pour des crimes violents à cinq reprises depuis 2014, Isaac Brouillard-Lessard avait été reconnu non criminellement responsable pour cause de troubles mentaux à chaque fois.
Le 4 avril dernier, à la suite de pressions importantes de l’Association des policiers provinciaux du Québec (APPQ, le syndicat qui représente les policiers de la SQ), le ministre Bonnardel annonçait le début de travaux pour évaluer la faisabilité de leur principale demande, soit le partage de renseignements sur l’état mental de personnes libérées.
Lors de la commission parlementaire qui se penche sur le projet de loi 14 touchant les services policiers, le ministre Bonnardel précisait que les sous-ministres à la Sécurité publique, à la Justice et aux Services sociaux se rencontreraient rapidement «pour évaluer de quelle façon, légalement ou non, on pourrait transmettre des informations pour des cas particuliers de santé».
«Mme Breau ne sera pas tombée au combat pour rien», avait-il alors ajouté.
La divulgation de renseignements sur la santé mentale d’une personne est un enjeu délicat puisque règle générale, le dossier médical d’un patient est confidentiel.
L’APPQ demande par ailleurs une révision des critères de la Commission d’examen des troubles mentaux du Québec dans les cas de libération d’une personne éprouvant des problèmes de santé mentale.
La même journée, François Bonnardel demandait à la coroner en chef de déclencher une enquête publique sur la mort de la sergente Breau, enquête qui a été confiée à la coroner Me Géhane Kamel. Me Kamel sera assistée par Me Dave Kimpton, procureur aux enquêtes publiques.
Avec des informations de la Presse canadienne.