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Les interdictions se sont multipliées ces dernières années et plusieurs États, du Texas à la Floride en passant par l'Iowa et l'Utah, ont adopté des lois limitant les acquisitions des bibliothèques scolaires.
Le retrait de livres des rayons des bibliothèques aux États-Unis ne se limite plus aux objections d'une communauté locale ou d'un parent, a dévoilé l'American Library Association (ALA).
Dans son nouveau rapport sur l'état des bibliothèques américaines publié lundi, l'ALA a constaté que plus de 70 % des tentatives d'interdiction d'un ou plusieurs titres proviennent de groupes organisés et d'élus, et que seulement 16 % émanent d'un parent.
Les livres les plus critiqués, notamment «Genre Queer» de Maia Kobabe et «L'Oeil le plus bleu» de la regrettée Toni Morrison, sont disponibles sur des sites web tels que www.ratedbooks.org et dans des listes compilées par le groupe Moms for Liberty et d'autres militants conservateurs.
«Nous pouvons retracer bon nombre de ces contestations grâce aux listes de livres distribuées par Moms for Liberty et d'autres groupes», a expliqué Deborah Caldwell-Stone, directrice du Bureau pour la liberté intellectuelle de l'ALA.
Dans le cadre de son rapport annuel, l'ALA a dévoilé sa liste des 10 livres les plus contestés de 2024, à commencer par «Le bleu ne va pas à tous les garçons» de George M. Johnson, puis «Genre Queer», «L'Oeil le plus bleu», «Le monde de Charlie» de Stephen Chbosky et «Qui es-tu Alaska ?» de John Green.
La plupart des livres cités abordent des thèmes concernant la communauté LGBTQ+, une tendance qui perdure depuis des années. Parmi les autres objections figurent des références à la toxicomanie, comme dans «Crank» d'Ellen Hopkins, ainsi qu'à l'esclavage et aux abus sexuels, notamment dans «Sold» («Vendu») de Patricia McCormick.
L'ALA définit une contestation comme une «plainte écrite formelle déposée auprès d'une bibliothèque ou d'un établissement scolaire demandant le retrait d'un document en raison de son contenu ou de son caractère inapproprié».
L'association, qui compile des données sur la censure à partir de comptes rendus de presse et de rapports de bibliothécaires, estime depuis longtemps que le nombre réel de contestations est bien supérieur à celui cité dans ses études annuelles.
Ce rapport arrive à un moment particulièrement périlleux pour les bibliothèques. L'administration Trump procède à des coupes budgétaires draconiennes à l'Institut des services des musées et des bibliothèques, qui supprime déjà les subventions aux bibliothèques d'État.
Les interdictions se sont multipliées ces dernières années et plusieurs États, du Texas à la Floride en passant par l'Iowa et l'Utah, ont adopté des lois limitant les acquisitions des bibliothèques scolaires. Si l'ALA signale une forte baisse des contestations en 2024, passant à 821 tentatives contre 1247 l'année précédente, ce nombre reste bien supérieur à celui d'avant 2021.
Mme Caldwell-Stone ne pense pas que la censure soit en déclin. Les bibliothèques sont désormais plus enclines à éviter de stocker des livres controversés ou potentiellement interdits par la loi, souligne-t-elle.
«J'ai parlé à une bibliothécaire du Texas qui m'a confié qu'elle consultait un livre politique et qu'elle n'était pas sûre de pouvoir l'ajouter à sa collection, a affirmé Mme Caldwell-Stone. Les bibliothécaires ne veulent pas être poursuivis ni avoir d'ennuis judiciaires. Nombre d'entre eux travaillent sous ce genre de menaces.»