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Art et culture

Le compositeur Crostobal Tapia de Veer ne travaillera plus sur «Le Lotus blanc»

Il invoque un désaccord croissant avec le créateur et réalisateur de la série, Mike White.

Cristobal Tapia de Veer avec deux prix Emmy obtenus pour son travail sur la bande originale de la série «Le Lotus blanc», le 4 septembre 2022, au Microsoft Theater à Los Angeles.
Cristobal Tapia de Veer avec deux prix Emmy obtenus pour son travail sur la bande originale de la série «Le Lotus blanc», le 4 septembre 2022, au Microsoft Theater à Los Angeles.
David Friend
David Friend / La Presse canadienne

Cristobal Tapia de Veer annonce qu'il quitte définitivement Le Lotus Blanc.

Après trois saisons, le compositeur québéco-chillien, dont la musique emblématique a contribué à définir la série à succès de HBO, annonce qu'il ne travaillera plus sur l'émission.

Il invoque un désaccord croissant avec le créateur et réalisateur de la série, Mike White.

Joint à son domicile au nord de Québec, Tapia de Veer explique qu'il s'était éloigné de la série pendant des années et, maintenant qu'il a coupé les ponts, il se sent soulagé.

«Je m'en éloignais depuis la saison 1, mais pour diverses raisons, j'y suis revenu sans cesse.»

Tapia de Veer décrit Le Lotus Blanc – une satire sociale extravagante qui sombre invariablement dans la violence – comme une rupture avec le type de projets sur lesquels il a travaillé, ce qui explique sans doute pourquoi sa musique fonctionne si bien.

«Pour ceux qui ont vu mes autres œuvres, dit-il, ce n'est généralement pas ma tasse de thé.»

Ses musiques sont généralement saluées pour la façon dont elles abordent les éléments thématiques de manière étrange et captivante. Dans la série télévisée de science-fiction «Utopia», il s'agissait du conflit troublant entre l'humain et la technologie, et sa musique pour le drame érotique «Babygirl» de Nicole Kidman incorporait une touche sexuelle enjouée et haletante.

Avec Le Lotus Blanc, il a créé le thème familier de la série, le «ou-lou-lou-lou», et y a insufflé de puissants éléments tribaux qui se glissent dans les moments plus dramatiques.

Une bande-son importante

Si Tapia de Veer est resté aussi longtemps, c'est à cause des réactions à son travail. Le compositeur explique avoir senti l'obligation de rester «en entendant sans cesse parler de l'importance de la musique et de la façon dont elle a su intéresser les gens à quelque chose qui aurait pu n'être qu'une série normale».

Malgré le climat semblable à «une relation toxique», il s'est donc attaché à la série jusque le tout devienne intenable sur le plan personnel. Il nomme entre autres comme raison les divergences créatives avec White concernant la direction musicale se sont intensifiées pendant le tournage de la troisième saison, qui se déroule en Thaïlande.

Le compositeur rapporte ne pas s'être senti écouté par le reste de l'équipe. «Je ne comprends pas pourquoi, même maintenant, je dois me battre autant pour mes idées», souvient-il. Alors que la série a remporté 15 prix Emmy, dont trois lui sont attribués, il estime qu'il aurait dû avoir plus de pouvoir décisionnel.

Étant payé justement pour apporter sa touche créative, Tapia de Veer trouvait illogique qu'il y ait autant de freins à ses idées.

Il reste tout de même satisfait du résultat pour la saison 3. «J'aurais aimé qu'il y ait moins de censure (…) mais je suis content des moments sombres qui subsistent. Il y a une musique plus percutante que ce que nous faisions auparavant, avec des percussions de combat et même du synthétiseur accompagné d'instruments aux sonorités thaïlandaises».

Malgré des réactions négatives au début, généralement à cause du retrait des fameux «ou-lou-lou-lous», Tapia de Veer raconte que plusieurs personnes se sont mises à l'apprécier en même à lui envoyer des vidéos où ils dansent sur sa musique. 

«C'est une réussite encore plus grande (…) changer les mentalités. Je suis vraiment ravi de ce thème, car, pour moi, il y a une part de magie dans cette mélodie. Je trouve qu'elle correspond à la spiritualité et au mystère de la Thaïlande».

La finale de Le Lotus Blanc sera diffusée dimanche sur Crave.

David Friend
David Friend / La Presse canadienne