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Entre l’inflation, les coûts du logement et les taux d’intérêt, la dette augmente pour de nombreux jeunes Canadiens.
Entre l’inflation, les coûts du logement et les taux d’intérêt, la dette augmente pour de nombreux jeunes Canadiens.
Scott Terrio le voit tout le temps. Le responsable de l'insolvabilité des consommateurs affirme que le solde moyen des cartes de crédit au Canada est inférieur à 4500 $, mais les cas qu'il a vus l'année dernière dépassaient en moyenne 12 000 $ dans la tranche de population plus jeune.
M. Terrio aide les clients à conclure des accords avec les créanciers et à éviter les faillites, si possible, chez Hoyes, Michalos Licensed Insolvency Trustees. En examinant ses dossiers de 2023 pour les clients âgés de 18 à 29 ans en Ontario, il a déclaré que la dette moyenne par carte de crédit était en hausse de 34,5 % par rapport à 2022.
Jeffrey Schwartz, directeur général de Consolidated Credit Canada, remarque la même tendance. L'organisation nationale à but non lucratif travaille habituellement avec les Canadiens sur l'éducation et la restructuration de dettes, mais oriente aussi parfois ses clients vers des sociétés d'insolvabilité si leur situation est désastreuse.
«Nous avons comparé le premier trimestre 2023 au premier trimestre 2024, a indiqué M. Schwartz à propos de la clientèle de l'entreprise. Et spécifiquement pour les personnes de moins de 40 ans, parmi notre clientèle, nous constatons que le niveau d’endettement de ces personnes a augmenté d’environ 27 %. Quand tout d’un coup, les gens ne gagnent pas beaucoup plus, voire pas du tout plus, (...) sans parler des taux d’intérêt qui ont augmenté ces derniers temps, alors cela devient de plus en plus un défi.»
Il s'agit d'un groupe démographique important pour Consolidated Credit Canada, a-t-il ajouté. Plus de la moitié de ses clients ont moins de 40 ans.
Pour sa part, M. Terrio a indiqué que ses clients se présentent avec «la vie financière canadienne typique» – en commençant par une carte de crédit à 18 ans et un prêt étudiant, puis les sociétés de cartes continuent d’augmenter la limite et les consommateurs s’endettent. Voyant la charge d’intérêt, ces gens obtiennent alors une marge de crédit avec des taux d’intérêt plus bas et y transfèrent le solde.
Dès lors, dit M. Terrio, ils se sentent soulagés – et ils continuent à dépenser.
Une fois qu'ils ont transformé leur dette en marge de crédit, les consommateurs devraient se débarrasser de leur carte de crédit et vivre autant que possible de leurs liquidités, a-t-il fait valoir. Mais leur carte de débit reste inutilisée, alors qu’ils continuent de recourir au crédit un peu partout.
«Ils font grimper de nouveau leur carte Visa parce qu'ils n'ont pas coupé leur carte, a soutenu M. Terrio. Alors maintenant, les banques vous ont eu trois fois, et elles vous ont eu pour la vie.»
M. Terrio dit que la même histoire se répète et il critique les limites toujours croissantes offertes aux jeunes lorsque les connaissances financières sont généralement au plus bas.
«Je suis toujours la première personne à qui ces gens ont parlé et qui les a aidés dans leur vie financière d’adulte», a-t-il déclaré.
Il est toutefois impossible d’ignorer les conditions actuelles du marché.
Comme M. Schwartz l’a souligné, les Canadiens ressentent la pression des revenus qui n’ont pas suivi le coût de la vie, des crises du logement sur les marchés partout au pays et des taux d’intérêt élevés visant à contrôler l’inflation.
La gestion des dépenses et de la dette devient un exercice sur la corde raide, en particulier pour les jeunes, a déclaré M. Schwartz.
«Ainsi, avec l’avènement des médias sociaux et la facilité avec laquelle quelqu’un peut acheter quelque chose en ligne, nous constatons que les consommateurs ont adopté des comportements par lesquels ils essaient de suivre leurs amis et leur famille», a-t-il indiqué.
Il a également mis en garde contre ce que l'on appelle l'évolution du style de vie, lorsque les gens commencent à gagner un peu plus d'argent et commencent simplement à dépenser plus.
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«Ils peuvent constater une légère augmentation de leurs revenus et ils pensent: "Oh, je viens juste de gagner à la loterie, et maintenant je vais dépenser comme un fou", a illustré M. Schwartz. Et il est difficile de changer ces comportements après qu’ils soient enracinés.»
Pour éviter que cela ne se produise, il est conseillé de surveiller ses dépenses avec diligence – des applications à cet effet sont disponibles – et de retarder les étapes telles que déménager ou obtenir une voiture s'il est possible de le faire, a indiqué M. Schwartz. Il peut être judicieux de se constituer un fonds d’urgence dans l'éventualité d'une perte d'une source de revenus ou d'un revers financier, pour éviter de s'endetter lourdement.
«Si vous en avez l'opportunité quand vous êtes jeune, que vous ne dépensez pas autant en loyer, que vous ne dépensez pas autant en nourriture, si vous pouvez réduire vos activités sociales, c'est un bon contexte pour commencer à constituer ce fonds de réserve», a déclaré M. Schwartz.
Vivre en fonction de son flux de trésorerie mensuel – en utilisant sa carte de débit ou des espèces – et élaborer un plan d’austérité à court terme peuvent permettre de faire de grands progrès dans le remboursement de la dette, a déclaré M. Terrio.
Les mois d'été sont difficiles pour l'austérité parce qu'on veut socialiser, a-t-il souligné, mais janvier à mars est une bonne période pour respecter un budget strict. Jusqu’à 40 % de ses revenus non locatifs devraient être consacrés à réduire l’endettement, a affirmé M. Terrio, soulignant que l’austérité à court terme est tolérable, car elle se termine rapidement.
En fin de compte, l’objectif est d’atteindre le point de bascule où au moins la moitié du remboursement de sa dette va au principal – et la part destinée aux intérêts commence à diminuer.
Une fois libéré de ses dettes, il faut garder sa limite de crédit basse et refuser les offres visant à l'augmenter, a déclaré M. Terrio. En transférant sa dette vers une marge de crédit, on arrête d’utiliser sa carte de crédit.
«C'est vous qui décidez du montant de vos dettes, pas la banque, n'est-ce pas?», dit M. Terrio.