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«Les hésitations et revirements de Trump démontrent bien que les doutes commencent à faire effet.»
Le Dr Larry Braunstein, un podologue décédé en 2007, racontait souvent l’histoire selon laquelle il avait diagnostiqué à Donald Trump des épines calcanéennes (bone spurs) au niveau des talons afin qu’il puisse être exempté du service militaire. Pour son second mandat à la présidence américaine, son talon d’Achille serait plutôt l’état des marchés boursiers.
Ceux-ci parlent bien plus fort que les manifs et les médias.De tout temps, les marchés financiers américains servent de baromètre aux politiques gouvernementales, réagissant avec une sensibilité particulière aux décisions des dirigeants. L’administration du président Donald Trump n’échappe pas à cette règle.
Le décrochage des indices boursiers en février est directement relié à la désapprobation généralisée des investisseurs face à ses tergiversations à propos des tarifs douaniers. La bourse déteste l’incertitude.Les hésitations et revirements de Trump démontrent bien que les doutes commencent à faire effet.
Dès son arrivée au pouvoir, Donald Trump a mis en œuvre une série de politiques économiques visant supposément à stimuler la croissance américaine. Parmi elles, des baisses d’impôts pour les entreprises et les plus riches, une dérégulation accrue et une politique commerciale protectionniste. Si certaines de ces mesures ont initialement été bien accueillies par les marchés, d’autres ont semé le doute et l’incertitude. Les mises à pied improvisées chez les fonctionnaires fédéraux commandées par Musk ne réjouissent pas davantage.
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L’imposition de tarifs douaniers élevés sur les importations en provenance du Canada, du Mexique et de la Chine a suscité des inquiétudes quant à une possible guerre commerciale qui pourrait perdurer. Ces décisions ont entraîné une volatilité accrue sur les marchés financiers, reflétant les craintes des investisseurs face à une escalade des tensions commerciales. Comme l’indique un article de Business Insider, «les récentes politiques protectionnistes, y compris les tarifs sur le Canada et le Mexique, ont généré de l’incertitude et une attitude de prudence parmi les investisseurs, affectant négativement les marchés».
Les réactions des marchés financiers aux décisions politiques ne sont pas anodines. Elles envoient des signaux forts aux décideurs sur la perception et les attentes des investisseurs. Par exemple, lors de l’annonce de l’augmentation des tarifs douaniers sur les produits chinois, le marché boursier américain a connu une baisse significative, reflétant les inquiétudes quant à une possible récession économique.
Cette réaction a poussé l’administration Trump à reconsidérer certaines de ses positions, démontrant que les marchés financiers peuvent influencer les décisions politiques. Comme l’indique l’agence Reuters, «les politiques tarifaires rapides de Trump ont ébranlé les marchés à risque, entamé la confiance des consommateurs et des entreprises, et suscité des craintes que son second mandat ne soit pas aussi favorable au marché que prévu».
Face à l’incertitude liée aux politiques américaines, de nombreux consommateurs (également investisseurs) cherchent à diversifier leurs portefeuilles en se tournant vers des marchés internationaux, excluant complètement les États-Unis. Cela pose plusieurs bonnes questions:
Les deux premières questions sont faciles à répondre. Oui c’est très simple à mettre en place et non, ça ne réduit pas tant que ça le rendement final. Dans les derniers jours, je me suis prêté à l’exercice à l’aide du logiciel Laboratoire Morningstar. J’ai donc créé un portefeuille de FNB et de fonds communs constitué de 40 % d’actions canadiennes à faible volatilité, 40 % dans l’indice des 50 plus grandes sociétés européennes, 15 % dans des titres d’Asie Pacifique et 5 % en lingots d’or de la Réserve canadienne de la Monnaie royale.
Ce portefeuille d’actions, hors des États-Unis, a généré une valeur finale de 173 816 $ à partir d’un investissement initial de 100 000$ en février 2020. Avec un rendement annualisé net de 11,7% et un rendement cumulatif de 73,8%, il a légèrement surpassé l’indice Morningstar Actions Monde (69,8%).
Comparé à un portefeuille mondial incluant des actions américaines, ce portefeuille a offert une performance compétitive tout en affichant une volatilité plus modérée. En 2022, il n’a perdu que 4,9 %, alors que l’indice S&P 500 a chuté d’environ 18%. Cette résilience s’explique par la diversification géographique et la sous-exposition aux grandes valeurs technologiques américaines, qui, bien qu’en forte croissance, ont connu des corrections importantes.
Ses atouts résident dans une bonne diversification entre les marchés canadien, européen et asiatique, ainsi qu’une forte pondération en secteurs défensifs comme la consommation essentielle et les services financiers. Toutefois, le portefeuille pourrait être optimisé en réduisant la sous-exposition aux grandes capitalisations technologiques mondiales, qui ont largement contribué à la croissance des marchés en 2023-2024.
Il est bien possible de se priver des actions américaines pour les quatre prochaines années. Mais à long terme, c’est moins certain. En particulier celles des grandes multinationales, essentielles pour maximiser la croissance d’un portefeuille. Les États-Unis sont le terreau le plus fertile en matière d’innovation technologique et commerciale, offrant un écosystème unique où la recherche, l’entrepreneuriat et l’accès au capital se combinent pour générer une croissance exceptionnelle.
Des entreprises comme Apple, Microsoft, Amazon, Alphabet, et Nvidia dominent leurs secteurs respectifs grâce à des avantages concurrentiels considérables, une capacité d’adaptation rapide et une présence mondiale. En comparaison, peu d’autres marchés peuvent rivaliser avec la dynamique d’expansion et la profitabilité des grandes entreprises américaines.
Historiquement, le marché boursier américain a généré des rendements supérieurs à la plupart des autres marchés développés, grâce à une culture de l’innovation soutenue par des universités de renom, un accès aux meilleurs talents mondiaux et une réglementation généralement favorable aux entreprises.
De plus, les multinationales américaines bénéficient d’une empreinte mondiale, leur permettant de capter la croissance dans toutes les régions du globe. Investir dans ces entreprises permet ainsi de réduire «le risque pays» et d’obtenir une exposition aux tendances structurelles de long terme, comme l’intelligence artificielle, la transition énergétique et la numérisation de l’économie.
En bref, un portefeuille performant à long terme exige des actions américaines.
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