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Tamara Lich et Chris Barber doivent répondre à des accusations liées à leur rôle dans les manifestations qui ont plongé la capitale canadienne dans le chaos l'année dernière.
À l’ouverture du premier procès criminel de meneurs du « convoi de la liberté », mardi matin, la poursuite a insisté pour dire que Tamara Lich et Chris Barber ne sont pas jugés pour leurs convictions politiques, mais bien pour les moyens qu’ils ont pris pour atteindre leur objectif.
Le procureur Tim Radcliffe a prononcé sa déclaration liminaire mardi matin dans un palais de justice à Ottawa, une vingtaine de mois après que la police a délogé des centaines de camions et autres véhicules qui paralysaient des rues de la colline du Parlement depuis trois semaines à l’hiver 2022.
Mme Lich et M. Barber sont tous deux accusés de méfait, d’entrave au travail des policiers, d’intimidation et d’avoir conseillé à d’autres de commettre des méfaits. Le procès devrait durer au moins 16 jours.
Me Radcliffe a déclaré au tribunal que la Couronne avait l’intention de démontrer, à l’aide de 50 vidéos, que les accusés étaient les principaux organisateurs du mouvement qui a conduit à une « occupation » du centre-ville d’Ottawa. Les avocats de la défense ont contesté l’utilisation du terme « occupation ».
Me Radcliffe a déclaré mardi que les coaccusés voulaient que la manifestation mette fin à toutes les ordonnances sanitaires liées à la COVID-19, mais il a insisté pour dire que ce n’était pas leurs « opinions politiques » qui étaient visées par ce procès. Il a plutôt plaidé que les accusés avaient « franchi la ligne » et commis différents crimes.
Avant ses déclarations liminaires, Me Radcliffe a annoncé au tribunal que la Couronne appellerait à la barre 22 témoins, dont de hauts responsables de la police et de la Ville d’Ottawa, ainsi que l’ancien maire Jim Watson. Il a également déclaré qu’il déposerait plus de 100 pièces à conviction, dont des dizaines de vidéos, de photos et de lettres liées aux manifestations de janvier et février 2022.
Jim Watson, maire d’Ottawa à l’époque, était d’ailleurs au palais de justice mardi et il a confirmé qu’il s’attendait à témoigner au procès.
Les deux coaccusés faisaient partie du groupe initial qui avait mobilisé un convoi de poids lourds et autres véhicules pour se rendre à Ottawa à l’hiver 2022, afin de contester les restrictions sanitaires liées à la COVID-19, et le gouvernement libéral en général.
Des centaines de véhicules avaient bloqué des rues du centre-ville et des milliers de manifestants s’étaient retranchés pendant trois semaines, organisant des fêtes toute la nuit avec des feux ouverts, klaxonnant à toute heure et emplissant les rues d’une odeur de diesel.
La manifestation avait inspiré des rassemblements similaires à des postes frontaliers et avait entraîné le premier recours à la Loi sur les mesures d’urgence depuis sa création en 1988.
M. Barber, qui est propriétaire d’une entreprise de camionnage en Saskatchewan, est également accusé d’avoir conseillé à d’autres personnes de désobéir à une ordonnance du tribunal leur interdisant de klaxonner à tue-tête dans le centre-ville d’Ottawa.
La Couronne espère démontrer que M. Barber et Mme Lich ont travaillé de concert, de sorte que les preuves contre l’un s’appliqueront aux deux.
Voyez l'analyse du journaliste parlementaire Chris Nardi au bulletin Noovo Info 17:
Les deux coaccusés étaient assis mardi au premier rang, derrière leurs avocats, pour répondre aux accusations portées par le tribunal. Le reste des sièges dans la salle d’audience étaient occupés par une cinquantaine de partisans, de journalistes et d’avocats. Le procès se déroule strictement « en personne », sans possibilité de suivre les débats virtuellement.
Compte tenu de l’intérêt du public pour cette affaire, la juge Heather Perkins-McVey a déclaré qu’elle avait demandé que la salle d’audience de la Cour de justice de l’Ontario soit la plus grande possible, afin de permettre au plus grand nombre possible d’assister au procès.
Mme Lich a été accueillie mardi devant le palais de justice par une petite foule de partisans et de journalistes, mais elle s’est contentée de dire « bonne journée » en passant.
Un sympathisant sur le trottoir tenait une pancarte « Liberté » tenue à l’envers. Un autre portait une pancarte indiquant « Je soutiens Chris Barber » d’un côté et « Je soutiens Tamara Lich » de l’autre. À l’intérieur du palais de justice, un homme dans la foule des partisans portait un T-shirt « Libérez Tamara ».
Devant la commission d’enquête fédérale, l’année dernière, Chris Barber avait expliqué que l’idée de la manifestation était née d’une conversation entre lui et un autre camionneur sur la plateforme de médias sociaux TikTok.
Les deux camionneurs, qui déploraient la vaccination obligatoire pour les camionneurs qui traversent la frontière, avaient donc évoqué l’idée d’organiser une manifestation.
Au fil des semaines, de plus en plus de personnes s’étaient impliquées dans la planification d’une manifestation, dont l’objectif initial s’est élargi pour inclure l’élimination de toutes les mesures sanitaires liées à la pandémie et, pour certaines factions du groupe, le renversement du gouvernement élu du Canada.
Tamara Lich, une ancienne membre du mouvement indépendantiste de l’Ouest en Alberta, s’était jointe au groupe croissant d’organisateurs pour les aider avec leur présence sur les réseaux sociaux et avait lancé une campagne de financement en ligne, qui a finalement permis de recueillir 10,1 millions $.
Elle était devenue progressivement une figure de proue du mouvement. Quelques jours seulement après le début de la manifestation, Keith Wilson, l’avocat des organisateurs, l’avait présentée comme « l’étincelle qui a allumé le feu » du convoi.
Mme Lich et M. Barber avaient été arrêtés à la veille de l’intervention massive pour déloger les manifestants des rues autour de la colline du Parlement, après que les libéraux ont déclaré l’état d’urgence nationale en vertu de la Loi sur les mesures d’urgence et qu’ils ont accordé des pouvoirs spéciaux à la police.
M. Barber avait été rapidement libéré sous caution, mais Mme Lich aura été détenue pendant 49 jours au total avant ce procès.