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Mme Freeland, qui est également vice-première ministre, témoigne jeudi devant la Commission sur l'état d'urgence, qui doit déterminer si le gouvernement libéral était justifié d'invoquer la Loi sur les mesures d'urgence pour mettre un terme aux blocages.
Quatre jours avant que le gouvernement Trudeau n'invoque la Loi sur les mesures d'urgence pour mettre un terme aux blocages du «convoi de la liberté», l'hiver dernier, un haut responsable à la Maison-Blanche a clairement indiqué que les États-Unis voulaient que le Canada maîtrise la situation, a-t-on appris jeudi à la commission Rouleau.
La Commission sur l'état d'urgence a appris que Brian Deese, directeur du Conseil économique national auprès du président américain, Joe Biden, avait contacté la ministre canadienne des Finances, Chrystia Freeland, le 10 février, alors que les manifestants bloquaient l'accès au pont transfrontalier Ambassador, à Windsor, en Ontario, en face de Detroit.
La Commission sur l'état d'urgence doit déterminer si le gouvernement libéral était justifié, pour mettre un terme aux blocages, d'invoquer la Loi sur les mesures d'urgence. Cette loi d'exception n'avait jamais été utilisée depuis sa mise en vigueur en 1988, pour remplacer la Loi sur les mesures de guerre.
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La ministre Freeland témoignait jeudi devant la commission pour expliquer son rôle dans la réponse du gouvernement fédéral aux blocages, notamment ce qu'elle entendait en provenance de Washington, mais aussi des dirigeants d'institutions financières canadiennes et d'autres entreprises.
Brian Deese était une figure particulièrement importante pour Mme Freeland, qui est également vice-première ministre du Canada. La commission a ainsi appris que la ministre avait passé beaucoup de temps, l'année précédente, à essayer de convaincre M. Deese que les États-Unis devaient accorder au Canada une exemption pour les crédits d'impôt protectionnistes prévus par Washington pour l'achat de véhicules électriques.
Mme Freeland devait notamment faire valoir que le Canada était un partenaire commercial fiable – une réputation qui, selon son témoignage jeudi, était soudainement ébranlée lorsque les manifestants ont commencé à bloquer le pont Ambassador, la route commerciale la plus fréquentée entre le Canada et les États-Unis.
«D'un point de vue financier et économique, cela a fait grimper les choses de façon exponentielle, a-t-elle déclaré jeudi à propos de ce blocus. C'est ce qui en a fait un geste économique extrêmement important.»
La commission a consulté jeudi un échange de courriels entre Mme Freeland et des membres de son personnel politique à l'issue de l'appel du 10 février avec M. Deese. La ministre écrit: «Ils sont très, très, très inquiets».
«Si ça n'est pas réglé dans les 12 prochaines heures, toutes leurs usines automobiles du nord-est fermeront, écrit la ministre. [M. Deese] a dit qu'il supposait que cela prouvait ce que nous leur avions dit précédemment sur le degré d'intégration de nos économies. (Il ne semblait pas voir cela comme un élément positif.)»
Mme Freeland conclut le courriel en affirmant qu'elle avait demandé à M. Deese de presser la Maison-Blanche d'interdire les voyages aux participants aux manifestations basés aux États-Unis et d'organiser un appel entre MM. Biden et Trudeau pour aider à dénouer la crise.
Cet appel a eu lieu le lendemain, même si une telle conversation prend généralement «des semaines ou des mois» à organiser, selon le compte rendu d'une entrevue accordée plut tôt à la commission.
«Plus cela durerait, plus les États-Unis perdraient confiance en nous et plus nos relations commerciales risquaient d'être irrémédiablement endommagées, a-t-elle témoigné. Plus cela durait, et plus la menace que les investisseurs étrangers abandonnent le Canada était grande.»
Mme Freeland a déclaré à la commission que le dimanche 13 février, elle a eu un appel avec certains des PDG des banques du pays — une initiative très inhabituelle, selon elle, compte tenu de leur emploi du temps très chargé et du fait qu'on était dimanche.
Une fois qu'elle a terminé cet entretien, Mme Freeland s'est dit: «Wow, c'est vraiment sérieux», a-t-elle témoigné jeudi.
Outre les dommages économiques que les blocus créaient pour le Canada, Mme Freeland a également déclaré qu'elle s'inquiétait de l'invasion imminente de l'Ukraine par la Russie — qui, selon des sources du renseignement, pouvait se produire à tout moment en février.
Selon le résumé de son entrevue préalable à la commission, Mme Freeland a déclaré aux avocats que si l'invasion avait eu lieu alors que les protestations du convoi faisaient toujours rage, cela aurait «complètement discrédité le Canada en tant qu'allié de l'Ukraine».
Selon le résumé, Mme Freeland a souligné que les médias russes auraient «été concentrés 24 heures sur 24, 7 jours sur 7» sur les manifestations au Canada, ce qui aurait donné l'impression que le pays était faible.