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«L’université ne peut faire état d’aucun incident sérieux ou violent depuis l’érection des premières tentes.»
La Cour supérieure rejette la demande d'injonction provisoire de l'Université McGill qui vise le démantèlement du campement propalestinien érigé depuis plusieurs semaines sur son campus.
Dans une demande judiciaire d'injonction datée de vendredi dernier, l'Université McGill affirmait que le campement présente un «risque pour la sécurité, la sûreté et la santé». Elle fait valoir qu'il a provoqué une escalade des tensions sur le campus. Or, le juge Marc St-Pierre a déterminé «que l’université ne peut faire état d’aucun incident sérieux ou violent depuis l’érection des premières tentes sur le campus le 27 avril 2024», peut-on lire dans le jugement obtenu par Noovo Info mercredi.
Voyez le reportage de Lili Mercure sur ce sujet dans la vidéo.
C'est dire que la cour déboute ce que l'institution d'enseignement supérieur anglophone décrit comme des «échanges verbaux féroces» entre manifestants et contre-manifestants au début du mois, des barils de possibles «déchets humains» sur le site, d'éventuelles violations du code de prévention des incendies et le potentiel du camp d'agir comme «aimant» pour de nouveaux affrontements avec les contre-manifestants.
«Même une confrontation avec des contre-manifestants le 2 mai 2024 [...] s’est faite pacifiquement grâce notamment ou principalement à l’intervention de la police municipale et peut-être aussi à cause de la retenue des manifestants et des contre-manifestants», a écrit le juge St-Pierre.
L'université McGill a dit être «déçue de la décision». On ajoute qu'on procède actuellement «à l’analyse du jugement.»
Du côté des étudiants, on est gonflé à bloc à la suite de la décision du juge St-Pierre. «Nous espérons que la décision de la cour apprendra à McGill qu’il est plus coûteux d’exercer des mesures exceptionnelles pour réprimer ses propres étudiants avec des moyens légaux plutôt que de répondre à leurs demandes» en retirant ses investissements pour des entreprises qui financent «activement les décès d'enfants à Gaza», a déclaré une porte-parole des manifestants.
William Sloan, membre de Palestiniens et Juifs unis, a participé aux manifestations. Présent au palais de justice lundi, il a témoigné d'une ambiance calme dans le campement et dit que le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) n'a pas trouvé de raison d'intervenir, ce qui est le cas depuis le début de la manifestation.
M. Sloan, qui s'identifie comme un Juif et soutient avoir souvent pris la rue pour dénoncer la situation à Gaza, et ce, depuis des années, a relaté qu'il y a eu un souper cérémonial de la Pâque juive à l'intérieur du campement dans les débuts. «Ce n’est pas quelque chose que des antisémites seraient intéressés [à faire]», a-t-il souri en mêlée de presse.
Quant à la question de savoir si les manifestants ont le droit de protester ou non sur le terrain privé de l'Université McGill, le juge St-Pierre a tranché qu’il s’agit d’une demande «mal fondée». «Les circonstances de la présente affaire ne justifient pas la Cour supérieure d’émettre une ordonnance pour forcer l’évacuation des terrains des demanderesses par les manifestants», lit-on.
Me Julius Grey, assigné à la défense des manifestants propalestiniens, a déjà dit qu'il trouvait que la demande d'injonction ratait le débat principal. «Ce qui est important pour nous, c’est de démontrer qu’il n’y a pas de solitude, pas d’opinions palestinienne ou juive qui se heurtent», a déclaré l'avocat qui est membre d'un groupe nommé Palestiniens et Juifs unis, plutôt cette semaine en mêlée de presse au palais de justice de Montréal.
Réaction au jugement McGill :
— François Bonnardel (@fbonnardelCAQ) May 15, 2024
Nous prenons acte de la décision rendue aujourd’hui par la Cour supérieure. On va prendre le temps de l’analyser.
Notre position demeure la même et nous appuyons la demande de McGill.
Nous ne ferons pas d’autres commentaires pour le moment.
Les manifestants ont clôturé une zone contenant des dizaines de tentes dans le terrain inférieur de McGill le 27 avril, à la suite d'une vague de manifestations similaires sur les campus aux États-Unis.
Le recteur de McGill, Deep Saini, a publié vendredi une déclaration assurant que la direction s'engage à discuter de bonne foi des préoccupations des manifestants.
Deux étudiants de McGill avaient demandé une injonction pour forcer les manifestants à s'éloigner d'au moins 100 mètres des bâtiments de l'université, mais leur demande a été rejetée le 1er mai.
Le 30 avril, McGill a demandé «l'aide de la police» pour démanteler le campement, mais ne l'a pas encore reçue. Selon le dossier déposé au tribunal, la police de Montréal a déclaré à McGill plus tôt ce mois-ci que ses «critères d'intervention policière n'étaient pas remplis» et a suggéré à l'université d'essayer de résoudre le problème par le dialogue.
D'autres campements comme celui de McGill sont apparus à l'Université du Québec à Montréal (UQAM) et à l'Université de Sherbrooke. Les demandes des participants sont similaires à celles des manifestants qui se sont rassemblés sur d'autres campus, mais ils veulent en plus montrer leur soutien aux militants qui participent au campement sur le terrain de l'Université McGill dans la foulée de la demande d'injonction.
Avec de l'information de La Presse canadienne.