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Société

Près de 80% des annonces Airbnb seraient illégales au Québec, selon le RCLALQ

«Dans la plupart des régions, si les logements loués sur Airbnb n'avaient pas été perdus à l'hébergement touristique, le taux d'inoccupation serait en équilibre ou au-dessus du seuil d'équilibre», dit le RCLALQ.

D’après un rapport du Regroupement des comités logement et associations  de locataires du Québec (RCLALQ), 79 % des 29 482 des locations proposées sur la plateforme Airbnb au Québec seraient illégales.

En collaboration avec un groupe de chercheurs universitaires, le RCLALQ a procédé à un dénombrement des annonces présentes sur Airbnb et a convenu que 23 245 d’entre elles n’étaient pas certifiées.

«23 245 : c’est le nombre d’annonces illégales qu’Airbnb doit retirer au Québec, car elles ne présentent pas de numéro d’enregistrement», insiste le co-porte-parole du RCLALQ Cédric Dussault.

Voyez le reportage de Louis-Philippe Bourdeau présenté dans le bulletin Noovo Le Fil 17 animé par Marie-Christine Bergeron dans la vidéo liée à l'article.

Au-delà de la proportion d'annonces illégales, ce sont les conséquences de cette pratique qui inquiètent les auteurs du rapport qui accusent Airbnb d'être responsable d'une part importante de la pénurie de logements.

«Dans la plupart des régions, si les logements loués sur Airbnb n'avaient pas été perdus à l'hébergement touristique, le taux d'inoccupation serait en équilibre ou au-dessus du seuil d'équilibre», indique Cédric Dussault.

La semaine dernière, la plateforme de location de logements Airbnb a indiqué qu'elle supprimerait toutes les annonces qui ne fournissent pas de numéro d'enregistrement officiel de son site et qu'elle ajouterait un champ qui exigera désormais ce permis pour toutes les annonces au Québec.

La décision d'Airbnb avait été annoncée après une rencontre avec la ministre du Tourisme Caroline Proulx.

Le cabinet de la ministre Proulx n'avait pas répondu aux demandes de commentaires de Noovo Info au moment d'écrire ces lignes.

La Presse canadienne a constaté mardi qu'Airbnb continuait d'afficher des annonces sans numéro d'enregistrement officiel.

Dans certaines régions, le nombre d'annonces sans numéro d'enregistrement est même en hausse comparativement au mois dernier selon les données du RCLALQ.

Les demandes du RCLALQ

Dans son rapport intitulé La démesure Airbnb: Un saccage du parc locatif québécois, le RCLALQ émet une liste de six revendications visant à «mettre un  terme aux impacts négatifs qui découlent de la démesure Airbnb au Québec».

Parmi celles-ci, on retrouve l’interdiction de location courte durée dans tout type de résidence, l’interdiction de l’usage commercial touristique du parc locatif, qu’une plateforme publiant une annonce locative sans certification légale soit imputable, un renforcement des capacités municipales pour interdire les locations courte durée, un contrôle obligatoire des loyers et que les données publiques soient accessibles.

Les régions les plus touchées

Pour comptabiliser ces résultats, le RCLALQ a utilisé un robot d’indexation (web scraper).

Voici les régions comportant le plus grand nombre d’annonces Airbnb et le pourcentage d’entre elles étant illégales.

  • Montréal : 9190 annonces, dont 89,72% étant illégales
  • Capitale-Nationale : 4301 annonces, dont 65,54 % étant illégales
  • Laurentides : 4043 annonces, dont 74,18 % étant illégales
  • Montérégie : 1963 annonces, dont 82,07 % étant illégales
  • Outaouais : 1962 annonces, dont 85,17 % étant illégales
  • Lanaudière : 1471 annonces, dont 62, 13 % étant illégales
  • Saguenay– Lac-Saint-Jean : 1067 annonces, dont 71, 04 % étant illégales
  • Estrie : 1016 annonces, dont 75, 89 % étant illégales
  • Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine : 848 annonces, dont 76, 42 % étant illégales
  • Mauricie : 845 annonces, dont 74, 91 % étant illégales

C’est à Laval qu’on retrouve la plus grande proportion d’annonces illégales, alors que 95,26 % des 443 annonces sont illégales.

Mais Airbnb soutient que les estimations de la RCLAQ sont «inexactes».

La Presse canadienne a demandé au porte-parole d'Airbnb Matt McNama de lui fournir les données concernant le nombre d'annonces de locations qui n'étaient pas certifiées le mois dernier et il a répondu ceci:

«Nous ne publions pas le nombre d'annonces dans une ville, mais je peux confirmer que le nombre est inexact».

Le RCLALQ est un groupe qui milite pour le droit au logement regroupant 59 organismes québécois.

Invité à commenter le rapport du RCLALQ qui estime qu'Airbnb contribue à la crise du logement, le cabinet de la ministre de l'Habitation France-Élaine Duranceau a indiqué que «le resserrement des règles offrira certainement un peu plus «d'oxygène» aux municipalités. Cela dit, nous continuons activement à trouver et apporter d'autres solutions afin d'améliorer la situation.»

Avec des informations de Stéphane Blais, La Presse canadienne.