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La co-porte-parole de Québec solidaire Manon Massé a à nouveau appelé à une réforme du mode de scrutin à l’occasion de la rentrée parlementaire à l’Assemblée nationale mardi, qualifiant celle-ci de «rentrée de la distorsion».
La co-porte-parole de Québec solidaire (QS) Manon Massé a de nouveau appelé à une réforme du mode de scrutin à l’occasion de la rentrée parlementaire à l’Assemblée nationale mardi, qualifiant celle-ci de «rentrée de la distorsion».
La députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques a rappelé que lors des États généraux sur la réforme des institutions démocratiques de 2003 menés par le Parti québécois (PQ), les participants en étaient venus à la conclusion qu’une réforme «urgente» du mode de scrutin était nécessaire. Le premier ministre François Legault faisait à l’époque partie de la formation péquiste.
Manon Massé a souligné que 20 ans après cet événement, des manifestations en faveur d’une réforme du mode de scrutin sont prévues devant l’Assemblée nationale mardi. «M. Legault a beau bomber le torse pour dire qu’il a une vaste majorité, je vais être là pour lui rappeler qu’il y a près de 60% de la population qui n’a pas voté pour lui, a-t-elle assuré. S’il a 90 députés de son côté, c’est parce que le système démocratique, le mode de scrutin, crée des distorsions.»
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La solidaire a par le fait même rappelé que François Legault, alors à la tête de la Coalition avenir Québec (CAQ) avait déposé un projet de réforme en 2020, pour lequel «80 % des intervenants sondés étaient en faveur d'une réforme du mode de scrutin».
«Si M. Legault est vraiment un démocrate, j'espère que cette fois, il n'hésitera pas à relancer ce projet de société. Parce que ce n'est pas un projet partisan. C'est un projet de démocratie», a-t-elle martelé.
Mme Massé a aussi indiqué que bien que le Parti libéral du Québec forme le premier parti d'opposition, QS, qui représente la deuxième opposition, avait récolté plus de votes que ce dernier lors des dernières élections. «C’est distordu de partout. Ça fait 20 ans qu’on le dit. François Legault était d'ailleurs là il y a 20 ans pour appeler à cette grande réforme avec le PQ», a-t-elle ajouté.
Des représentants de QS et du PQ ont participé mardi à des manifestations pour la réforme du mode de scrutin au Québec.
J'étais ce midi de la manifestation pour la réforme du mode de scrutin avec le caucus solidaire.
— Gabriel Nadeau-Dubois (@GNadeauDubois) November 29, 2022
L’élection du 3 octobre aurait dû être la première où chaque vote compte, mais François Legault a rompu sa promesse.
Il faut que ce soit la dernière avec de telles distorsions. pic.twitter.com/d2tu1yzr6q
«Il faut que le mode de scrutin change parce que les distorsions que ça crée font que la voix des Québécois et des Québécoises ne s'exprime pas. C'est pour ça qu'on est ici, pour avoir une vraie démocratie», a lancé Sol Zanetti, qui a participé à la manifestation aux côtés de Manon Massé et Gabriel Nadeau-Dubois.
Plusieurs autres groupes et manifestants se sont rassemblés devant l'Assemblée Nationale à Québec, mardi. | Crédits photo: Jacques-Alain Houle pour Noovo Info
Les manifestants, issus du secteur politique, mais aussi de divers milieux, dont l’éducation, la santé et le secteur communautaire, sont d’avis que l’actuel mode de scrutin au Québec laisse place à des distorsions électorales puisque le poids des partis à l’Assemblée nationale ne représente pas justement l’opinion des électeurs.
Aux dernières élections provinciales, la CAQ a obtenu 90 des 125 circonscriptions du Québec, mais avec seulement 41 % du vote populaire. Le PLQ est devenu l’opposition officielle avec 21 sièges et 14,4% du vote. De son côté, QS a fait élire 11 députés avec 15,4% du vote populaire, tandis que le PQ récolte trois élus et 14,6 % du suffrage universel. Finalement, le Parti conservateur du Québec (PCQ) n’est pas présent à l’Assemblée nationale, malgré sa récolte de 12,9% des voix.
Crédits photo: Jacques-Alain Houle pour Noovo Info
Selon un sondage Léger effectué au cours de la semaine suivant les élections provinciales du 3 octobre dernier, 54% des Québécois veulent une réforme électorale contre 27% qui y sont opposés.
François Legault a affirmé au lendemain des dernières élections qu’il ne voulait pas rouvrir le débat sur le mode de scrutin, balayant sous le tapis une promesse de la CAQ faite lors des élections de 2018.
De son côté, l'autre co-porte-parole de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, réclame une plus grande imputabilité de la part de François Legault pour son deuxième mandat. Le leader solidaire a en effet déploré «sa mauvaise habitude de toujours accuser les autres pour ses échecs».
«Là, ça suffit les excuses. L’heure de la reddition de compte a sonné pour la CAQ. François Legault est imputable de ce qui se passe présentement dans le réseau de santé. Il est imputable de sa gestion de la crise de l’inflation. Les Québécoises et Québécois méritent une opposition forte et unie qui a la priorité à la bonne place. À QS, on est prêts à livrer la marchandise pour le monde», a-t-il déclaré.
Le mot-clé de cette nouvelle session: imputabilité.
— Gabriel Nadeau-Dubois (@GNadeauDubois) November 29, 2022
Ça fait maintenant 4 ans que François Legault est premier ministre. Ça suffit d’accuser tout le temps les autres. Ça suffit les excuses.
Au sujet de la nomination de Nathalie Roy comme présidente de l'Assemblée nationale, M. Nadeau-Dubois a dit espérer qu'elle se montre «rassembleuse» et impartiale.
«M. Legault aime souvent les comparaisons de hockey, mais ces temps-ci, on parle surtout de soccer. C’est elle qui va devoir distribuer les cartons jaunes aux députés et j’espère qu’elle va se rappeler qu’elle doit aussi en distribuer à son ancienne équipe, a-t-il illustré. On s'attend qu'elle soit rassembleuse et qu'elle s'élève au-dessus de la mêlée et qu'elle fasse respecter les droits de l'ensemble des députés.»
Questionné sur une potentielle entrée «forcée» des trois députés du PQ à l'Assemblée nationale, Gabriel Nadeau-Dubois a répondu qu'il ne souhaitait pas juger ces agissements, mais qu'il estimait que la meilleure façon de changer une institution était d'y être présent. Il a aussi indiqué que QS allait déposer un projet de loi pour rendre facultatif le serment au roi. «On va prendre nos responsabilités et changer les règles du jeu», a-t-il lancé. Rappelons que la CAQ souhaite aussi déposer un projet de loi à cet effet.
Rentré parlementaire: QS déposera un projet de loi jeudi pour rendre facultatif serment au Roi + pas d’appui officiel à la demande d’Éric Duhaime d’avoir un bureau à l’AssNat, mais la porte n’est pas complètement fermée #polqc #Assnat #noovoinfo pic.twitter.com/PygcvgtPqr
— Simon Bourassa (@Simon_Bourassa) November 29, 2022
À savoir si QS pouvait considérer déposer une motion permettant aux députés péquistes de siéger à l'Assemblée nationale le temps qu'un tel projet de loi soit adopté, GND a affirmé «n'exclure absolument rien» et que sa main était tendue au PQ.
Le chef par intérim du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, s’est dit ouvert à discuter du projet de loi. «J’entends que Simon Jolin-Barrette va lui aussi déposer son projet de loi. On souhaite qu’il y ait minimalement des auditions. J’aimerais beaucoup entendre des constitutionnalistes à savoir jusqu’à quel point le Québec peut le faire», a déclaré M. Tanguay lors d’un point de presse mardi.
«On va par la suite faire une analyse sur le sujet». En ce qui concerne l'éventuelle motion de QS sur le serment, le chef libéral soutient que la motion «ne peut modifier une loi. Nous respecterons la règle de droit […] nous invitons les collègues du PQ à venir travailler sur le projet de loi», a-t-il ajouté.
À VOIR | Récapitulatif du journaliste Simon Bourassa au bulletin Noovo Le Fil 17
Avec des informations de Julien Denis et Jacques-Alain Houle pour Noovo Info