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Santé
Chronique |

Pas assez pour se payer un chien d’assistance qui changerait sa vie

Annick Godin ne quête pas. Elle a une maladie rare qui la fait passer entre les mailles du filet. Si elle était non voyante ou atteinte d’épilepsie, ce serait plus facile pour elle d’avoir accès à un chien d’assistance. Là, ce n’est pas le cas.

Pas assez pour se payer un chien d’assistance qui changerait sa vie
Pas assez pour se payer un chien d’assistance qui changerait sa vie

Seulement la semaine dernière, Annick Godin a été hospitalisée quatre fois. Pourquoi? Elle souffre du syndrome de tachycardie orthostatique postural (POTS)

Quand je lui demande quels sont les symptômes concrets de sa maladie, madame Godin hésite. «C’est qu’il y en a tellement, et ça affecte énormément mon quotidien».

En gros, le syndrome fait en sorte que son pouls peut augmenter de façon anormale et imprévisible, et ce à n’importe quel moment de la journée.

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«Ça fait que je m’évanouis un peu n’importe quand et c’est presque impossible pour moi de savoir quand ça va arriver».
Annick Godin

Une bombe à retardement

C’est pour ça que Annick a visité l’hôpital 4 fois la semaine passée. Elle s’est évanouie, et elle est tombée.

«Ils pensent que j’ai une microfracture du pelvis». Et ça, c’est sans compter les autres symptômes avec lesquels elle doit vivre: étourdissements, mal de tête, brouillard mental, tremblement.

«C’est un stress énorme pour moi et mes enfants. Je suis seule avec eux.»

Je la crois. Imaginez que vous puissiez tomber dans les pommes sans crier gare à n’importe quel moment de votre journée: en conduisant votre voiture, en cuisinant, en marchant jusqu’à l’école des enfants. Ce sentiment d’hypervigilance perpétuelle, c’est ce qu’Annick Godin et ses deux préados vivent. Et c’est là qu’un chien d’assistance pourrait faire toute la différence dans leurs vies.

C’est en jasant avec d’autres personnes atteintes du POTS sur internet que Annick Godin a réalisé à quel point un chien ferait LA différence dans sa vie.

«Il pourrait m’aider à tellement de choses! Premièrement, à prévenir les crises. Comme ça, je pourrais me sécuriser. Certains chiens sont même éduqués à nous aider à tomber de façon à réduire les risques de blessures.»

Le hic, c’est qu’à sa connaissance, aucune école ne semble entraîner de chien spécifiquement pour cette maladie qui est, selon Annick, encore trop peu connue des professionnels de la santé et des organismes qui forment des chiens d’assistance.

Jointe au téléphone, Sarah Pontbriand, directrice des communications chez Mira, avoue qu’il peut être difficile de s’y retrouver. Et c’est sans compter le temps d’attente pour avoir accès à ce type de chien.

«Chez Mira par exemple, le délai d’attente pour un chien d’assistance peut aller jusqu’à 4 ans. Malheureusement, la pandémie a affecté nos opérations et on est en train de rattraper le retard.»

Je souligne au passage que l’organisme ne forme pas de chien pour le syndrome dont souffre Annick Godin.  

Ce n’est pas donné, former un chien d’assistance

Je demande à madame Pontbriand combien ça coûte, former un chien d’assistance, du moment de sa naissance jusqu’au jour où il se retrouvera avec la personne qu’il accompagnera. «Environ 35 000 dollars. Cela comprend le séjour en famille d’accueil, la nourriture, les frais vétérinaires, l’entraînement et l’hébergement des familles lorsqu’ils viennent chercher leur chien.»

35 000 $. C’est environ la somme dont Annick aurait besoin pour se procurer le chien qui changerait sa vie. Et encore faut-il trouver une école ou un entraîneur qui pourra aboutir à un résultat probant avec un chien.

Il n’y a en effet aucun encadrement au Québec en ce qui concerne les chiens d’assistance. Aucune réglementation, non plus, pour encadrer les pratiques. Annick Godin doit se dépêtrer dans tout ça en se demandant « j’appelle où, je parle à qui ?» C’est loin d’être évident. Surtout dans son état.

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En attendant, elle a ouvert récemment un GoFundMe dont l’objectif demeure modeste: 4000 dollars. On est loin des milliers de dollars nécessaires dont elle aurait besoin. Mais Annick est gênée. Peu après avoir ouvert sa page, une personne lui a écrit un message pour lui communiquer son malaise à la voir «quêter de l’argent».

Mal à l’aise et bien consciente que les temps sont durs pour tout le monde, elle a temporairement fermé sa campagne de financement. Je l’ai convaincu de la rouvrir. Annick Godin ne quête pas. Elle a une maladie rare qui la fait passer entre les mailles du filet. Si elle était non voyante ou atteinte d’épilepsie, ce serait plus facile pour elle d’avoir accès à un chien d’assistance. Là, ce n’est pas le cas.

Annick est une exception, mais ça ne veut pas dire qu’elle n’a pas le droit, elle aussi, à son chien miracle. Elle espère donc qu’une école se manifestera et l’aidera à obtenir un chien.

Annick est prête à payer une partie de sa poche. Elle l’a répété, elle ne veut pas quémander. Mais moi, je pense qu’on peut l’aider en lui montrant que la générosité n’est pas une maladie rare.

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