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Société
Chronique |

Si c’était à refaire, je n’offrirais ni téléphone ni tablette à mes enfants

Comme bien des parents, j’ai succombé rapidement aux sirènes des appareils électroniques, qui me promettaient des heures de plaisir via des jeux éducatifs conçus par des experts.

Du moins, pas avant un certain âge. Comme bien des parents, j’ai succombé rapidement aux sirènes des appareils électroniques, qui me promettaient des heures de plaisir via des jeux éducatifs conçus par des experts. 

J’ai appris à la dure que ce qui attire mes enfants sur leurs tablettes ou leurs téléphones, ce sont les réseaux sociaux et les jeux en ligne. On est loin des grands apprentissages, mettons. 

Je ne veux pas démoniser la technologie, mais…

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Avoir su, j’aurais fait pas mal plus attention. J’ai l’impression d’avoir ouvert une boîte de Pandore et de n’avoir aucune idée des répercussions de ces outils sur la vie de mes enfants. Je me dis que si je me sens dépendante de mon téléphone, si la fréquentation des médias sociaux me plonge parfois dans un certain mal-être, il doit en être ainsi pour mes filles, des adolescentes en plein développement, et mon garçon, encore au primaire. 

Voyez l'analyse de la Dre Mélissa Généreux sur le sujet au bulletin Noovo Info 17 dans la vidéo liée au texte.

On ne peut plus ignorer l’effet néfaste des médias sociaux sur l’estime de soi, entre autres. Même META, l’entreprise qui possède Facebook et Instagram, a produit des études dont les résultats vont en ce sens. Et même s’ils affirment que les conclusions démontrent que les adolescentes prétendent que ces plateformes les font sentir plus bien que mal, c’est assez pour que, comme parent, je me pose de sérieuses questions. 

Et je ne suis pas la seule. On est de plus en plus à vouloir remettre la pâte à dents dans le tube ou à carrément repousser le plus loin possible le moment où on donnera accès au téléphone intelligent. C’est le cas de Marieve Jalette, une productrice au contenu et mère de trois enfants. Je l’ai interpellée à la suite d’une publication faite sur Instagram, justement, où elle confiait en story être hésitante face à l’utilisation par ses enfants de ces technologies. 

D’emblée, comme moi, elle ne croit pas qu’il y ait une bonne ou une mauvaise façon de faire. Chacun fait ce qu’il peut. Mais, aussi comme moi, elle a pogné de quoi quand elle a écouté des documentaires comme Social Dillemma. 

« Tu as des gens qui FONT littéralement les réseaux sociaux et qui disent qu’ils ne veulent pas que leurs enfants soient dessus même si ça engendre des discussions. Quand on lit les études qui abondent beaucoup dans ce sens même si elles ne sont pas parfaites, quand on voit ce que nous comme adultes ayant vécu sans cellulaires intelligents, sans réseaux sociaux durant enfance/adolescence ce que ça nous fait comme dépendance, impact sur notre attention, nos relations et notre perception de nous-même, il est crucial de se positionner ou du moins de réfléchir à ce qu’on met dans les mains de nos enfants. »

Un combat dur à mener

Je ne peux pas être plus d’accord avec elle. Mais c’est difficile d’interdire carrément les téléphones et les tablettes ou d’en restreindre sévèrement l’utilisation. Moi la première, j’achète souvent la paix en laissant mes enfants utiliser « leurs devices », comme ils disent. 

Marieve souligne qu’il y a la pression sociale, aussi. « Je comprends qu’on cède à la pression des autres qui nous trouvent donc ben strictes. Et quand ton enfant te dit que le monde le traite de rejet ou qu’il n’est pas invité au party, car il n’a pas Facebook ou qu’il n’est pas dans le “group chat”, ben ça te shake comme parent. »

Je me rappelle du temps où mes enfants étaient LES SEULS de leur classe à avoir une limite au niveau du temps d’écran. Je me suis vite rendu compte que ce n’était pas vrai pantoute. Depuis, j’ai retiré la limite quotidienne où ils peuvent se vautrer devant Tik Tok. J’étais tannée de me battre. Est-ce une bonne chose? Je ne pense vraiment pas.

Pourquoi je l’ai fait ? Je l’ai dit, j’étais écœurée de m’obstiner. Mais j’étais aussi sincèrement convaincue qu’avec les discussions qu’on avait autour des écrans, mes enfants sauraient se « modérer ». Erreur. Si même moi, une adulte, j’ai de la misère à me contrôler, comment ai-je pu penser que ce serait autrement pour eux ? Erreur, je disais. 

Maintenant, qu’est-ce que je vais faire ? Ce serait difficile de retirer leurs cells à mes ados. Elles sont habituées d’en posséder un. Mon fils, par contre. Soyez certains que, contrairement à ses sœurs, il n’aura pas accès à tout ça dès le secondaire un. Et s’il chiale, je vais lui dire que la vie est injuste et que je fais ça pour son bien. Pour le chialage, je vais m’acheter des bouchons. 

Ça fait partie de ma job de parent d’être « la méchante ». C’est ingrat, mais je compte bien attendre le plus longtemps possible avant de lui mettre un téléphone intelligent entre les mains. J’ai appris de mes erreurs. 

Et au pire, je lui paierai un flip phone.  

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