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Pourquoi le plastique à usage unique n’est-il pas plus restreint à l’heure actuelle? Pourquoi les matières non recyclables sont-elles encore permises lorsque des choix existent ? Parce qu’on ne s’indigne pas. Parce qu’on ne l’exige pas.
Aujourd’hui débute le sommet des Nations unies sur la pollution plastique, à Paris. L’objectif est d’en arriver à un nouvel accord international juridiquement contraignant sur la pollution plastique. En prévision du sommet, on nous a communiqué un certain nombre d’informations plus désolantes les unes que les autres. Avertissement: c’est déprimant en ta.
Chaque année, près de 8,8 millions de tonnes de plastique finissent dans les océans. 70% des déchets produits à l’échelle de la planète sont en plastique et environ 10% de ces déchets finissent dans l’eau. On retrouve du plastique dans tout. Dans les animaux, dans nos aliments, dans nos corps.
On a tous un haut-le-cœur quand on voit les fameux «continents de plastique» aux nouvelles ou les tortues avec la paille dans le nez, l’oiseau avec un anneau de plastoc autour du cou. Sauf que ça, ce n’est rien. Seulement 15% du plastique se retrouve à la surface, le reste se retrouvant DANS l’eau. On n’aperçoit que le sommet du plasticberg. Sympathique, n’est-ce pas.
Les chercheurs de l’UNESCO sont clairs. Il n’y a pas de formule magique: il faut que tous les états adoptent des législations contraignantes.
Pourquoi le plastique à usage unique n’est-il pas plus restreint à l’heure actuelle? Pourquoi les matières non recyclables sont-elles encore permises lorsque des choix existent ? Pourquoi, quand on commande une paire de chaussures, doit-elle être emballée avec 5 livres de plastique ? Et pourquoi les polluants éternels, des cancérigènes qui se retrouvent dans nos corps et tous les écosystèmes, ne sont-ils toujours pas interdits?
Parce qu’on ne s’indigne pas. Parce qu’on ne l’exige pas.
On va se dire les vraies affaires, nous aimons notre confort. «On ne sauvera pas le monde avec des pailles en carton». J’adore ce sophisme qui consiste à toujours identifier pire pour ne pas poser de geste soi-même. Alors qu’au fond, on sait tous très bien que c’est l’ensemble des gestes qui font une différence.
Et puis il y a mon deuxième argument préféré pour justifier de ne rien faire: «la Chine, l’Inde et les États-Unis ne feront rien, et nous ne sommes qu’une fraction de la population mondiale». D’ailleurs, les États-Unis se sont déjà positionnés pour miser sur le recyclage plutôt que la réduction et l’Inde, vorace consommatrice de charbon, souhaite que sa grille énergétique soit zéro émission pour… 2075. Il n’y en aura pas de facile, on s’entend.
Du côté de Québec, le gouvernement Legault nous a habitués à une stratégie de petit parleur, moyen faiseur. C’est-à-dire que la CAQ n’aime pas trop mettre de l’avant des engagements environnementaux qui touchent le quotidien et les habitudes des gens. J’aimerais entendre des engagements forts et que le gouvernement contribue à mobiliser davantage positivement les gens autour de gestes forts qui feront la différence. Le ministre Charette a fixé un objectif de réduction de 50% des déchets qui sont quotidiennement enfouis d’ici 2025. Il a aussi déjà indiqué qu’une partie de la solution va passer par une réduction à la source de leur utilisation. La semaine dernière, le gouvernement a déposé un projet de loi contre l’obsolescence programmée, cela pourrait bien contribuer à réduire les déchets, qui sait.
Quant au gouvernement Trudeau, il est très fort dans les beaux discours, mais quand on parle de changements climatiques ou de déchets de plastique, c’est toujours difficile d’y voir une cohérence alors que nous vivons dans un pétroétat. Le gouvernement a néanmoins interdit six produits de plastique à usage unique l’automne dernier.
Il faudra aller beaucoup plus loin, apprendre à utiliser seulement ce dont nous avons besoin, tenir les organisations et les industries responsables des déchets qu’ils produisent, trouver des choix aux matières non recyclables. Il faudra écouter les experts avec ouverture, plutôt que de se braquer. Vous vous rappelez quand les supermarchés ont arrêté de nous donner des sacs en plastique? On a survécu.
L’humain est capable du pire comme du meilleur. Je crois en nous, gang!