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«Une commission spéciale sur le rôle des députés, pourquoi pas!»
Ancienne députée caquiste de la circonscription de Charlevoix–Côte-de-Beaupré, Émilie Foster a jeté un pavé dans la mare en dénonçant la ligne de parti et le rôle hyper limité des députés pris dans une espèce de « machine à contrôler le message ». Ce n’est pas sans rappeler les «plantes vertes» de Claire Samson. Émilie Foster a articulé cette pensée de façon certes plus éloquente et académique, mais il s’agit du même enjeu.
L’ex-députée s’est vidé le cœur sur la ligne de parti dans un texte qui a été abondamment repris par les médias. D’ailleurs, la CAQ n’a pas le monopole de la ligne de parti.
Opinion parfois impopulaire: à mes yeux et à celle de la plupart des gens qui ont travaillé en politique, la discipline, la loyauté, la cohérence et l’esprit d’équipe sont des composantes essentielles d’une formation politique fonctionnelle.
On doit pouvoir avoir les vraies discussions au caucus, loin des projecteurs, mais une fois que l’on sort de la rencontre, il faut se serrer les coudes.
En outre, Foster souligne un élément central qu’il faudra un jour ou l’autre prendre de front : le rôle du député.
Dans la liste des postes que vous pouvez occuper dans l’appareil gouvernemental, celui de député gouvernemental est de loin le moins emballant.
Le travail d’un parlementaire qui n’a pas reçu de fonction ministérielle constitue principalement une présence en chambre et en commission pour former le quorum et voter.
Évidemment, il n’y a pas que le travail parlementaire, il y a moyen de faire un sacré bon boulot en circonscription.
La CAQ essaie tant bien que mal de les occuper. Avec un caucus aussi grand, pas trop le choix! On connaissait déjà le rôle d’adjoint parlementaire, mais on y ajoute désormais les adjoints gouvernementaux.
On peut sourire devant ces nouveaux titres servant principalement à valoriser des élus qui n’ont pas été nommés au conseil des ministres, mais demeure que plusieurs d’entre eux ont désormais des rôles bien réels. Les adjoints parlementaires, par le passé, étaient la plupart du temps sous-utilisés par les ministres.
Il semble désormais y avoir une volonté réelle de donner aux adjoints des mandats plus précis. Nous les croisons dans des rencontres, dans des événements. Ils font des annonces, ils prononcent des discours. Il s’agit d’un pas dans la bonne direction, mais qui repose sur le bon vouloir du cabinet du premier ministre.
Dans l’opposition, la réalité est toute autre. Les députés ont des dossiers qui leur sont attribués, dans le cadre de ce qu’on appelle le « cabinet fantôme ». Dans ces chaussures, ils et elles peuvent poser des questions aux ministres, faire des entrevues dans les médias, des conférences de presse, courir les événements, rencontrer les groupes.
On compte sur eux également pour alimenter les débats au caucus, pour donner certaines orientations aux différentes prises de position de sa formation politique. La notoriété d’un député d’opposition est incroyablement plus grande que celle des députés gouvernementaux.
L’étude des crédits budgétaires en est un excellent exemple. L’exercice de reddition de compte avait été pensé, à l’époque, pour que tous les députés, même ceux du parti formant le gouvernement, puissent poser des questions aux ministres. Nous pourrions comparer ce travail à celui des comités sénatoriaux qui se penchent sur les projets de loi afin de les améliorer.
Mais avec l’arrivée de la télédiffusion des commissions parlementaires, on a choisi de se garder une petite gêne dans les rangs gouvernementaux, et ainsi les questions posées aux ministres par leurs pairs sont devenues de plus en plus faciles pour devenir finalement des ballons de plage. N’est-ce pas un peu dégradant pour ces députés ?
J’ai souvenir d’un député du parti gouvernemental qui souhaitait poser des questions sur un dossier drôlement épineux à la ministre pour laquelle je travaillais de 2012 à 2014.
Nous le trouvions mesquin de vouloir nous embêter avec des questions si glissantes en public. Les autorités du parti avaient dû intervenir pour le raisonner. «Tu poseras tes questions à la ministre en privé.»
Je n’ai pas la solution magique, mais il me semble que nous pourrions justement mandater tous ces députés de les trouver.
Une commission spéciale sur le rôle des députés, pourquoi pas!