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Le portrait d’ensemble est nettement plus compliqué.
On parle beaucoup du fossé qui se creuse entre les hommes et les femmes sur toutes sortes de questions politiques. L’expression «jeunes hommes en colère», qui était notamment utilisée pour expliquer la montée des partis plus conservateurs dans la région de Québec, est régulièrement évoquée.
Les jeunes hommes seraient le groupe ayant le plus évolué dans les dernières années et seraient désormais bien campés «à droite». Or, le portrait d’ensemble est nettement plus compliqué.
D’emblée, brisons un mythe: les jeunes hommes ne sont pas de droite. Ils sont moins à gauche qu’auparavant, mais ils ne sont pas de droite. Ils sont essentiellement exactement au centre de l’échiquier politique.
Le graphique ci-bas compare le positionnement idéologique des hommes et des femmes en fonction de leur groupe d’âge.
Oui, les jeunes hommes sont plus à droite que les jeunes femmes. Mais non, contrairement à ce qu’il y est souvent véhiculé, les jeunes hommes ne sont pas de droite.
Cela dit, il peut y avoir des différences plus importantes quant au choix électoral. Par exemple, deux personnes avec des idées modérées, centristes, pourraient très bien voter pour des partis différents s’ils priorisent des enjeux différents.
Le tableau ci-bas illustre les appuis aux différents partis fédéraux en fonction du genre et du groupe d’âge.
Le clivage entre les jeunes hommes (18-34 ans) et les hommes plus âgés n’est pas trivial, mais n’est pas non plus très important. Il varie entre 1 point de pourcentage (dans le cas du Parti conservateur du Canada) et 6 points de pourcentage dans le cas du Nouveau parti démocrate (NPD) (les jeunes étant plus favorable).
Par contre, le clivage entre les jeunes femmes (18-34 ans) et les femmes plus âgées est énorme. Il va même jusqu’à atteindre 20 points de pourcentage dans le cas de l’appui aux libéraux, les 18-34 ans étant seulement 26% à les appuyer contrairement à 46% pour les femmes plus âgées. L’écart dans l’appui au NPD est également très substantiel et la différence atteint 16 points de pourcentage (21% contre 5%).
On peut aussi comparer les jeunes hommes avec les jeunes femmes, en particulier leur appui pour les conservateurs et le NPD. Les jeunes hommes sont nettement plus l’intention d’appuyer le PCC que les jeunes femmes, mais cela ne veut absolument pas dire que les jeunes hommes sont de droite.
En fait, les conservateurs n’obtiennent même pas une pluralité d’appui chez les jeunes hommes (le Bloc est le plus populaire) et ils appuient presque autant les libéraux (26% contre 29%).
PLC | PCC | BQ | NPD | |
---|---|---|---|---|
Hommes, 18-34 ans | 26% | 29% | 33% | 11% |
Hommes, 35+ | 30% | 28% | 37% | 5% |
Femmes, 18-34 ans | 26% | 12% | 41% | 21% |
Femmes, 35+ | 46% | 13% | 36% | 5% |
Note. Les moyennes sont calculées à partir des réponses de plus de 1 400 répondants québécois du panel LÉO de Léger, collectées du 26 février au 14 mars 2025. Les données sont pondérées pour être représentatives du Québec sur l’âge, l’éducation, le genre et la langue. La question exacte était : « Si des élections FÉDÉRALES avaient lieu aujourd'hui, pour quel parti voteriez-vous? ».
Clairement, le groupe des jeunes femmes se distingue. Comprenons-nous bien: je ne pose aucun jugement sur le bienfondé de la distinction des jeunes femmes. Après tout, certains enjeux les touchent particulièrement, bien plus que d’autres groupes. L’accès à l’avortement est un exemple évident et il y en a d’autres.
Mais nous devrions arrêter de cadrer les jeunes hommes comme étant un groupe d’électeurs devenu «de droite».
D’une part, c’est faux. D’autre part, même si cela devenait éventuellement le cas, l’attention portée aux mouvements chez les jeunes femmes devrait être aussi importante.
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