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Selon le professeur en sciences politiques au Collège militaire royal du Canada Pierre Jolicoeur, ce conflit entre le groupe armé Wagner et le gouvernement russe n'est pas nouveau et durait déjà depuis plusieurs semaines.
«Ça fait plusieurs semaines, voire quelques mois, que le patron de Wagner est en conflit ouvert avec le chef d’état-major des forces armées de la Russie et le ministre de la Défense de la Russie. Il les accuse d’avoir pris la mauvaise décision, mais aussi d’être corrompus, d’avoir détourné les fonds et les munitions qu’on lui avait promis […] Donc, ce conflit a finalement dégénéré au cours de la fin de semaine», a-t-il expliqué au bulletin Noovo Le Fil 17.
Selon lui, le chef Prigozhin ne serait pas rendu aussi «rapidement», s'il y avait plus de soldats qui avaient joint le groupe Wagner.
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«Certaines défections avaient commencé au sein des forces armées russes au sein des troupes du FSB. Ce sont possiblement des gens qui auraient voulu se joindre au groupe Wagner. Si le mouvement avait pris de l’ampleur, ce n’est pas évident qu’il se serait rangé aussi rapidement. Mais semble-t-il, il a mesuré sa puissance, ses appuis et s’est rendu compte que ce n’était pas possible d’aller plus loin», a ajouté le professeur en entrevue.
Lundi, le président Poutine a également remercié la plupart des mercenaires de ne pas avoir laissé la situation se transformer en «bain de sang». Il a réitéré que toutes les mesures nécessaires ont été prises pour protéger le pays et le peuple de la rébellion. De son côté, le chef du groupe de mercenaires, a déclaré qu'il ne cherchait pas à organiser un coup d'État mais agissait pour empêcher la destruction de Wagner, sa société militaire privée.
«C'est la première fois que Vladimir Poutine est défié de cette façon depuis qu’il est au pouvoir, depuis plus de 20 ans. Alors il devait avoir des termes très durs parce qu’il a la qualification d’être un chef d’État intransigeant, alors il devait sévir», a indiqué M. Jolicoeur. «Cette tentative de rébellion montre que le gouvernement n’est pas entièrement solidaire, qu'il y a des fissures et des rivalités.»
Maintenant, la question repose sur le rôle de la Biélorussie dans ce conflit. Le Kremlin a confirmé qu'il avait conclu un accord pour que M. Prigozhin se rende en Biélorussie et reçoive l'amnistie, avec ses soldats. Il n'y a eu aucune confirmation de son sort lundi.
«Il y a toute sorte de scénarios qui circulent en ce moment. Est-ce que c'était planifié ou coordonné? Est-ce que c’est pour faire en sorte que Wagner aille en Biélorussie? Pour peut-être utiliser le Bélarus comme nouveau front dans la guerre en Ukraine. Ça sera des choses à surveiller dans les prochaines semaines», a prévenu le professeur sur nos ondes. «C’est une situation volatile.»
Les Ukrainiens pourront utiliser cette rébellion comme une «distraction» afin de progresser dans leur contre-offensive, a-t-il ajouté.
Voyez l'analyse complète de Pierre Jolicoeur dans la vidéo ci-contre.